Les témoins d'un passé que nous n'avons pas vécu
Sans nostalgie ni mélancolie aucune, comment pourrait-on se promener
dans les rues de Venise sans ressentir avec intensité la présence du
monde d'avant. Sous les arcades du Rialto, on a toujours l'impression,
même (et surtout) en pleine nuit, qu'une foule de gens, marchands
affairés, usuriers, soldatesque à la recherche d'une taverne, huissiers
de la Provéditure, paysans venus vendre leur production, a laissé là un
peu de ce qu'ils furent. Mais au lieu de faire peur, cette présence
aérienne est un réconfort. Le rappel que nous ne faisons que passer et
que d'autres après nous continuent le chemin. C'est peut-être ces
témoins rassurants d'un passé que nous n'avons pas vécu, mais dont nous
sommes issus, qui fait qu'à Venise il y ait si peu de suicides et pas
beaucoup de psychanalystes. "Venise où la régulation heureuse des esprits", un titre pour une réflexion métaphysique et philosophique que n'aurait pas désavoué Feu Monsieur de Casanova. De quoi inquiéter l'Inquisition en ses sombres bureaux du palais ducal...
______
1 commentaire:
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vos commentaires :