À 11h30, la Fondation Bevilacqua La Masa ouvre enfin ses portes, et c'est les pieds humides que nous entrons. William Kentridge,
plasticien, metteur en scène et scénographe sud-africain n'avait peut
être pas prévu que ce dimanche 30 Novembre 2008, il y aurait acqua alta !
Le palazzetto Tito subit le flux et reflux de la foule qui se presse
pour assister à l'inauguration de l'exposition (REPEAT) from the beginning/Da Capo.
À l'intérieur, des sculptures en fer forgé, des peintures, de la vidéo.
L'artiste varie les médiums mais toujours avec cette préoccupation/obsession du cycle, de la répétition et, à l'intérieur de
celui-ci, l'instant de grâce, unique, explicite. On pourrait penser que
le fait même de répéter rend l’œuvre uniforme, lisse. Il n'en est rien.
Les sculptures, d'abord, de par leur matière et leurs agencements,
demeurent rugueuses, déstructurées voire agressives. Présentées sur des
chevalets mobiles, le spectateur est libre de faire tourner les
structures. A première vue, elles semblent n'être qu'une composition
abstraite, puis en se prenant au jeu, on cherche “l’œil du prince”, le point de vue parfait qui permet de voir se composer le visage d'une femme, un homme-cheval, un vieux phonographe.Il est intéressant de voir combien le spectateur se réjouit lorsqu'il arrive à percer le secret d'une œuvre. Ici, le fond, le sens et la forme se confondent. L’œuvre nous manipule dans le sens où c'est elle qui nous impose le moment pour se dire “oui, ça y est, je peux m'identifier à cette œuvre”. Mais il est évident que la chose ne se trouve pas tout de suite. Pour cela, la scénographie (on voit bien que c'est une spécialité de l'artiste) est assez remarquable.
C'est d'abord par les sculptures que nous commençons. À part l'une d'elle vraiment explicite, le spectateur n'y voit qu'une production abstraite. Salle suivante : grâce à un procédé d'ombre projeté et de plate forme, la sculpture tourne sur elle même indépendamment. Puis, trois vidéos sont projetées. L'une d'elle en particulier donne des clés pour mieux comprendre le manège de ces êtres de fer, éclatés trouvant en un moment clé leur raison d'être dans l'échange avec celui qui observe. Au delà du rapport œuvre/spectateur, ces sculptures mobiles se font réellement peinture d'un monde déstructuré, en pièces, insensé dans sa ronde infinie mais aussi de la magie de l'ici et maintenant, dans la jouissance de l'instant présent.
Juliette Fabre
William Kentridge(REPEAT) from the beginning/Da Capo
30/11/2008 - 16/01/2009
Fondazione Bevilacqua La Masa
Palazzo Tito, Dorsoduro 2826
Tél. : 041 520 77 97

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1 commentaire:
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La BBC a filmé l'acqua alta : http://news.bbc.co.uk/2/hi/7759467.stm
impressionnant! Marie G.







Wlodzimierz Odojewski 




L'art à Venise aujourd'hui est le plus souvent dans l'esprit des gens
lié à son passé. Sans parler des trésors que contiennent ses musées, ses
palais et ses églises, il y a partout, chez les quelques antiquaires
qui restent, dans les galeries ou les boutiques, des objets d'autrefois
ou inspirés par le passé, cette période où la Sérénissime rayonnait dans
le monde par la magnificence de ses tissus, de ses décors, de sa
production typographique manutienne qui fait aujourd'hui les
délices des bibliophiles avertis. Mais l'art décoratif, comme la
peinture ou la sculpture ne sont pas figés dans l'hier de la cité des
doges. Il existe de nombreux artistes qui créent des choses nouvelles,
souvent hasardeuses, parfois de très bon niveau. je pense aux tissus de 
Tomaso Albinoni
Un si tendre abandon




