L'art à Venise aujourd'hui est le plus souvent dans l'esprit des gens 
lié à son passé. Sans parler des trésors que contiennent ses musées, ses
 palais et ses églises, il y a partout, chez les quelques antiquaires 
qui restent, dans les galeries ou les boutiques, des objets d'autrefois 
ou inspirés par le passé, cette période où la Sérénissime rayonnait dans
 le monde par la magnificence de ses tissus, de ses décors, de sa 
production typographique manutienne qui fait aujourd'hui les 
délices des bibliophiles avertis. Mais l'art décoratif, comme la 
peinture ou la sculpture ne sont pas figés dans l'hier de la cité des 
doges. Il existe de nombreux artistes qui créent des choses nouvelles, 
souvent hasardeuses, parfois de très bon niveau. je pense aux tissus de Norelène
 dont je vous ai déjà parlé, des peintures et des gravures de certains 
artistes. Il faudrait tout un article pour les mentionner en en dressant
 la liste. Mais je voudrais insister sur les artisans qui perpétuent ou 
renouent la tradition décorative de la Sérénissime. J'ai une 
prédilection pour les tissus, de velours ou de soie, le plus souvent 
brodés et très colorés qui servaient autrefois à vêtir hommes et femmes 
et à orner les riches intérieurs. Symboles d'un art de vivre aujourd'hui
 disparu, ils incarnent un sens du beau, de l'esthétique qui rend vite 
un intérieur quelconque, chaleureux et vivant. Aux tissus, s'ajoutent 
les verreries (toujours fabriquées selon les méthodes d'antan mais rarement aussi fines et délicates qu'au XVIIIe siècle)
 et l'art du stuc et du staff, celui de la dorure, le goût des patines 
et de la couleur. En ce début d'automne, rien de plus agréable que de se
 plonger dans les revues de décoration où les velours de Mariano Fortuny,
 les brocarts et les cristaux de Venise gardent une place prépondérante 
dans les styles retravaillés par les professionnels. Au delà des modes, 
l'art décoratif vénitien demeure un symbole de confort et de chaleur. 
Rien à voir avec le show-room de Philippe Starck à Moscou, comble du mauvais goût et de l'art nouveau riche
 pour maffieux incultes ! Il existe un livre, plus très récent mais réédité en 2005, qui donne une assez bonne idée du goût des vénitiens, écrit par Doretta Davanzo Poli, la grande spécialiste du tissu ancien en Italie, avec de très belles photographies de Mark E. Smith, américain vivant à Venise depuis de nombreuses années : "L'art décoratif à Venise : Luxe et volupté" (Édition Place des Victoires).
Je citerai aussi l'excellent "Demeures discrètes de Venise" de Elisabeth Vedrenne, avec des photographies de André Martin , (paru chez Albin Michel en 1990). Il y en a d'autres, très agréables à feuilleter mais aussi vraiment remplis d'informations passionnantes pour qui s'intéresse à ces arts mineurs dont je suis personnellement assez féru. Ne forment-ils pas un tout avec les autres arts pour constituer une civilisation, un art de vivre. L'art tout court. Je pense aux excellents ouvrages de Clara Santini : "L'oro di Venezia" (Artioli Editore, 2005), et le très documenté "Le lacche di Venezia" (même éditeur, 2003).
2 commentaires (publiés lors de la parution du billet sur le blog originel) :
- 
...oui Philippe Starck a acheté à prix d'or souvent par snobisme , aime 
beaucoup sa toute petite maison de Burano ... ceci le "rachète" un peu .
 A mon avis , étant dans un système , il en profite au maximum ...
Anita - 
Il faut signaler le magnifique travail des brodeuses de Rochefort de 
l'atelier du Bégonia d'or, des mains magiques :  Ces fées ont travaillé 
pendant plusieurs mois sur une broderie au fil d'or en forme de châle en trompe-l’œil de dentelle sur le cuir d'un grand canapé du show-room. 
Il faut rendre hommage à cet atelier incroyable où travaillent les 
meilleures brodeuses du monde dans une grande discrétion et un secret 
bien gardé !
 
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