Je contemplais ce soir le petit faune de Augusto Murer que j'ai acheté en 1984, ma première œuvre d'art, à Venise. Je l'avais acheté sur les conseils d'Arbit Blatas à la galerie Graziussi où quelques mois plus tard je serai embauché. Toutes mes économies y étaient passées ! Devant cet élégant petit faune de bronze tiré à quelques exemplaires, c'est "The Day between" de John William, qu'il composa pour le film Stepmom (Ma Meilleure ennemie), qui me sauta à l'esprit. La délicatesse de la lumière sur les formes de ce merveilleux bronze me rappelait l'air du film. Une grande bouffée de nostalgie et en même temps une grande tendresse.
Un joli titre, Le Jour entre deux. Mais entre deux quoi ? Entre hier et demain bien sûr. Entre une journée de travail avec sa cohorte d'appels téléphoniques, de paperasses à trier, de lettres à signer, et la journée de demain consacrée au voyage. car demain, je quitte Bordeaux pour rejoindre mes enfants en Normandie, dans notre vieille "maison de famille". Presque une journée de train ! Alors aujourd'hui est un de ces jours différents, où rien n'est vraiment comme hier ni comme demain. Demain sera une journée de lecture et de rêverie. Mansfield Park de Jane Austen m'accompagnera. J'aurai pu choisir un lourd roman de Dickens mais c'est davantage pour les voyages d'hiver, avec un chocolat chaud ou un vieux porto dans un compartiment bien clos. Non, demain ce sera Mansfield park avec une bonne tasse de thé (j'emmène toujours mon petit thermos à thé quand je voyage) et des Digestive, ces délicieux biscuits de Mc Vities. Le temps passera très vite avec Jane Austen.
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Il passe très vite tout court ce soir. Le train part tôt. Je dois encore finir mes bagages, mettre mes blogs à jour (pour ne pas décevoir mes fidèles lecteurs dont
je remercie au passage l'assiduité), le chat à cajoler - il faut le préparer psychologiquement à notre absence - et mille choses à ranger. Sur un air de guitare de John William ou un air de flûte d'un concerto guilleret de Benedetto Marcello, car Venise dans cette maison n'est jamais loin.
je remercie au passage l'assiduité), le chat à cajoler - il faut le préparer psychologiquement à notre absence - et mille choses à ranger. Sur un air de guitare de John William ou un air de flûte d'un concerto guilleret de Benedetto Marcello, car Venise dans cette maison n'est jamais loin.
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Bonnes vacances à mes lecteurs. Notre maison du Cotentin est un petit paradis mais, si nous captons merveilleusement bien la BBC de Jersey - qui est en face de notre jardin - Internet n'est pas très répandu. Je vous le promets, j'irai au cyber-café de Coutances (oui, je crois qu'il y en a un !), la seule grande ville à proximité, ou à Coutainville, pour entretenir un peu TraMeZziniMag pendant ces quinze jours.
posted by lorenzo at 23:50

















Bancogiro, Osteria da Andrea
raffinés pour accompagner votre verre et finalement, on se laisse séduire par le lieu et on se retrouve vite, devant autant de raffinement et de bon goût, avec l'envie de manger assis... Les prix sont très corrects. Et puis dites-leur que vous venez de la part de
B&B Al Teatro
B & B Venezia







Il demeurait avec ses parents et ses sœurs au Londra, sur la Riva dei Schiavoni, courte étape avant de se rendre en Turquie. Il n’avait pas voulu accompagner sa famille à un concert. Il préférait se promener. Sorti en même temps qu’eux, il choisit d’aller dans l’autre direction, vers les Giardini Reali, derrière la Piazza, le long de cette promenade qui borde le bassin de San Marco, avec les gondoles et les taxis bien alignés devant les balustres en pierre blanche. Le soir toute une foule cosmopolite et élégante s’y rencontre. De mauvais peintres y proposent des portraits à trois sous, des camelots se mêlent aux touristes sous le regard indifférent des nombreux chats qui vivent là depuis toujours. Il avait toujours aimé les chats et
surtout ceux de Venise, tantôt faméliques, tantôt plantureux. Ses sœurs se moquaient de lui : il voulait un chaton vénitien comme à Rhodes il voudra un chaton grec. Ce n’était plus un enfant mais ce jeune adolescent restait très jeune dans sa tête. Poète, il rêvait chaque instant de sa vie et sa rencontre avec Venise fut un miracle, une révélation. Il ne devait plus s’en guérir. Jamais.
Et toujours, depuis plus de trente ans, il écoute le même enregistrement (celui de Riccardo Mutti qu'il préfère à toutes les éditions plus récentes ) en errant sur les ponts, dans les rues et les campi de sa ville. Aujourd'hui, lorsqu'il revient à Venise, il se coiffe de ses écouteurs et repart à la conquête de sa ville. A la conquête de ses rêves. Il n'a plus la même énergie qu'autrefois et la fatigue vient plus vite, mais le plaisir demeure comme au premier jour quand, la nuit venue, il se faufile dans le dédale des raccourcis autour du Rialto, derrière le ghetto, derrière l'arsenal ou près de la cathédrale San Pietro avec le cum sancto spiritu. Il termine souvent par le campo San Fantin, sur ce magnifique palcoscenico où, avec le fronton de la Fenice, la tonnelle de la Taverne, les deux puits et les deux églises très noires, on a vite la sensation, surtout tard dans la nuit, quand il n'y a plus personne, d'être sur la scène d'un théatre abandonné. Assis sur les marches du théatre reconstruit, il écoute le hautbois de Gordon Hunt accompagner le merveilleux Domine Deus du Gloria.


