Je viens de terminer la lecture du  dernier livre d'Alain de Botton, jeune philosophe très érudit dont  j'avais particulièrement aimé "L'Art du voyage" et j'en suis imprégné  comme cela arrive avec les ouvrages de qualité qui vous laissent  toujours une impression qui de dilue peu à peu dans votre esprit comme  l'humeur d'un grand vin dans nos veines après avoir enchanté nos  papilles. Si je regrette que ce suisse de Zurich ne s'exprime qu'en  anglais – il enseigne la philosophie à Londres, « L'Architecture du bonheur » a été un grand moment de plaisir.
  
 Cette aspiration à la beauté qui n'a d'autre but que de permettre à l'homme de mener une vie harmonieuse. Ce qu'il nomme la "bonne vie" : "L'espace autour de nous est l'un des facteurs de cette bonne vie", explique-t-il. Comme Alain de Botton,  je crois que le bonheur (ou le malheur) tient à de tout petits riens -  une simple trace de doigts sur un mur, un plancher ciré qui brille et  embaume, un pan de mur au crépi chaleureux qui resplendit sous le soleil  de midi, une cheminée vénitienne qui surgit d'un ciel bleu parfait...  Ceux qui douteraient de l'influence de l'architecture sur notre  personnalité, Alain de Botton les  renvoie aux théologiens chrétiens et musulmans. Pour ces derniers, en  effet, un bel édifice avait le pouvoir de nous rendre plus vertueux.  Plus modeste, l'écrivain préfère cependant la phrase de Stendhal selon laquelle "la beauté n'est que la promesse du bonheur"  : la promesse, non la garantie. Pourtant, son pouvoir est bien réel :  que ressentons-nous, en effet, dans une maison dont les fenêtres sont  pareilles à celle d'une prison? La beauté rend heureux. C'est ce que je  me tue à dire, à écrire, à démontrer à mes enfants et à mon entourage  depuis toujours. Le fameux "A thing of beauty is a joy forever" de Keats.  Et comme j'aime l'architecture, cette capacité que l'homme a de bâtir  et de bâtir des chefs-d'oeuvre, je buvais du petit lait. Je regrette  seulement de n'avoir pas lu ce livre à la terrasse du café du paradis à  Castello, face à l'une des plus belles vues de Venise, parmi les  glycines du jardin de la Biennale ou assis à une table de ce nouveau  café salon de thé de San Giorgio... Le philosophe a donc cherché à  comprendre ce qui préside à l'élaboration d'un projet architectural . Et  l'auteur cite Wittgenstein qui a un jour abandonné l'université pour construire la maison de sa sœur Gretl : "Tu penses que la philosophie est difficile", écrivait l'allemand, "mais je t'assure que ce n'est rien comparé à la difficulté d'être un bon architecte." Le fil directeur était simple puisque l'auteur de la "Petite philosophie de l'amour"  voulait comprendre pourquoi partant de cette idée que l'homme recherche  le bonheur et ce qui y contribue comme un devoir et une nécessité, tout  semble avoir été de travers dans l'architecture du XXe siècle, n'en  déplaisent aux modernes hagiographes ayatollahs de l'omnipotente  création contemporaine.
Cette aspiration à la beauté qui n'a d'autre but que de permettre à l'homme de mener une vie harmonieuse. Ce qu'il nomme la "bonne vie" : "L'espace autour de nous est l'un des facteurs de cette bonne vie", explique-t-il. Comme Alain de Botton,  je crois que le bonheur (ou le malheur) tient à de tout petits riens -  une simple trace de doigts sur un mur, un plancher ciré qui brille et  embaume, un pan de mur au crépi chaleureux qui resplendit sous le soleil  de midi, une cheminée vénitienne qui surgit d'un ciel bleu parfait...  Ceux qui douteraient de l'influence de l'architecture sur notre  personnalité, Alain de Botton les  renvoie aux théologiens chrétiens et musulmans. Pour ces derniers, en  effet, un bel édifice avait le pouvoir de nous rendre plus vertueux.  Plus modeste, l'écrivain préfère cependant la phrase de Stendhal selon laquelle "la beauté n'est que la promesse du bonheur"  : la promesse, non la garantie. Pourtant, son pouvoir est bien réel :  que ressentons-nous, en effet, dans une maison dont les fenêtres sont  pareilles à celle d'une prison? La beauté rend heureux. C'est ce que je  me tue à dire, à écrire, à démontrer à mes enfants et à mon entourage  depuis toujours. Le fameux "A thing of beauty is a joy forever" de Keats.  Et comme j'aime l'architecture, cette capacité que l'homme a de bâtir  et de bâtir des chefs-d'oeuvre, je buvais du petit lait. Je regrette  seulement de n'avoir pas lu ce livre à la terrasse du café du paradis à  Castello, face à l'une des plus belles vues de Venise, parmi les  glycines du jardin de la Biennale ou assis à une table de ce nouveau  café salon de thé de San Giorgio... Le philosophe a donc cherché à  comprendre ce qui préside à l'élaboration d'un projet architectural . Et  l'auteur cite Wittgenstein qui a un jour abandonné l'université pour construire la maison de sa sœur Gretl : "Tu penses que la philosophie est difficile", écrivait l'allemand, "mais je t'assure que ce n'est rien comparé à la difficulté d'être un bon architecte." Le fil directeur était simple puisque l'auteur de la "Petite philosophie de l'amour"  voulait comprendre pourquoi partant de cette idée que l'homme recherche  le bonheur et ce qui y contribue comme un devoir et une nécessité, tout  semble avoir été de travers dans l'architecture du XXe siècle, n'en  déplaisent aux modernes hagiographes ayatollahs de l'omnipotente  création contemporaine. 
 Il faut parler d'esthétique, comprendre l'esthétique si on ne veut pas  être condamné à subir la défiguration définitive de notre environnement.  Et là Botton met le doigt sur le point douloureux : on n'ose plus porter un jugement car "On  nous a fait croire que le beau était une notion relative. Je ne le  crois pas. Il existe une bonne et une mauvaise architectures". Nous le savons instinctivement : Pourquoi visiterait-on plus volontiers Venise que Detroit, Paris que Juvisy ? "Un bel immeuble possède beaucoup des qualités d'une personne", affirme le jeune philosophe, "Il  a de l'équilibre, de l'harmonie, de la grâce, de la symétrie, un peu  d'humour. Bien sûr, tout comme il existe différentes façons pour un  individu d'être bon, il existe plusieurs manières pour un immeuble  d'être beau".
 
Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce livre ne fait pas l'apologie du passé. Il n'y a rien de nostalgique dans l'Architecture du bonheur. "La beauté ne s'arrête pas aux bâtiments classiques. On ne peut pas aller en arrière. De nos jours", poursuit-il, non sans audace, "on a peur, donc on restaure, mais pourquoi restaurer Venise? Peut-être faut-il y renoncer et trouver les règles qui font que Venise est belle". Voilà posée là encore une idée majeure. Fondamentale. Une idée qui pourra ressembler à de la provocation aux amoureux de Venise qui se préoccupent de son état. Massimo Cacciari ne cesse d'y revenir - mais sa position de premier magistrat et les pressions ordinaires qu'il subit assourdissent ses propos - quand il dit par exemple qu'il faut protéger, préserver mais pas "muséer" (pardonnez-moi ce barbarisme) la ville en la refaisant à neuf à l'identique. Cette option du tout rénové, c'est Disneyland.
Comme tout, les pierres meurent et disparaissent. On ne pourra jamais maintenir Venise figée et sous-vide comme l'objet rare des vitrines d'un musée. Où sont les chefs-d’œuvre des collections amassées par les empereurs romains ? Ou sont les impeccables statues des marbre peint que les grecs dressaient à Olympie ou à Epidaure ? Je ne veux pas insinuer qu'il faut laisser mourir Venise. Il faut au contraire la faire vivre. Re-vivre. Construire de nouvelles choses là où les anciennes ne répondent plus aux besoins ou bien plutôt là ou rien d'ancien ne répond au besoin actuel parce qu'à l'époque (quelle époque ? Il y a en a eu tellement depuis la naissance de la Sérénissime), il n'y a avait pas besoin de tel pont, de tel bâtiment. Il faut entre-tenir car c'est notre devoir. Mais nous devons cesser de préférer un palais reconstruit à neuf qui aura l'aspect d'un décor de carton-pâte à l'authentique construction qui sera belle de la patine et des accidents du temps qui passe. Mais cela encore une fois ne veut pas dire laisser ce palais se détériorer, s'y éclairer aux bougies et y grelotter de froid l'hiver. Cela ne veut pas dire abandonner Venise à son sort. Cela veut dire ne jamais considérer l'entretien et la restauration comme un sérum d'immortalité. Oui Venise est mortelle comme nous le sommes tous, Comme le sont toutes nos créations. Il s'agit de maintenir la vie. Toute la vie. Et de gérer en bon père de famille cet héritage esthétique pour qu'il s'inscrive dans le futur des générations à venir.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, ce livre ne fait pas l'apologie du passé. Il n'y a rien de nostalgique dans l'Architecture du bonheur. "La beauté ne s'arrête pas aux bâtiments classiques. On ne peut pas aller en arrière. De nos jours", poursuit-il, non sans audace, "on a peur, donc on restaure, mais pourquoi restaurer Venise? Peut-être faut-il y renoncer et trouver les règles qui font que Venise est belle". Voilà posée là encore une idée majeure. Fondamentale. Une idée qui pourra ressembler à de la provocation aux amoureux de Venise qui se préoccupent de son état. Massimo Cacciari ne cesse d'y revenir - mais sa position de premier magistrat et les pressions ordinaires qu'il subit assourdissent ses propos - quand il dit par exemple qu'il faut protéger, préserver mais pas "muséer" (pardonnez-moi ce barbarisme) la ville en la refaisant à neuf à l'identique. Cette option du tout rénové, c'est Disneyland.
Comme tout, les pierres meurent et disparaissent. On ne pourra jamais maintenir Venise figée et sous-vide comme l'objet rare des vitrines d'un musée. Où sont les chefs-d’œuvre des collections amassées par les empereurs romains ? Ou sont les impeccables statues des marbre peint que les grecs dressaient à Olympie ou à Epidaure ? Je ne veux pas insinuer qu'il faut laisser mourir Venise. Il faut au contraire la faire vivre. Re-vivre. Construire de nouvelles choses là où les anciennes ne répondent plus aux besoins ou bien plutôt là ou rien d'ancien ne répond au besoin actuel parce qu'à l'époque (quelle époque ? Il y a en a eu tellement depuis la naissance de la Sérénissime), il n'y a avait pas besoin de tel pont, de tel bâtiment. Il faut entre-tenir car c'est notre devoir. Mais nous devons cesser de préférer un palais reconstruit à neuf qui aura l'aspect d'un décor de carton-pâte à l'authentique construction qui sera belle de la patine et des accidents du temps qui passe. Mais cela encore une fois ne veut pas dire laisser ce palais se détériorer, s'y éclairer aux bougies et y grelotter de froid l'hiver. Cela ne veut pas dire abandonner Venise à son sort. Cela veut dire ne jamais considérer l'entretien et la restauration comme un sérum d'immortalité. Oui Venise est mortelle comme nous le sommes tous, Comme le sont toutes nos créations. Il s'agit de maintenir la vie. Toute la vie. Et de gérer en bon père de famille cet héritage esthétique pour qu'il s'inscrive dans le futur des générations à venir.
 Et c'est ce qui transpire en fait de ces très bonnes pages du jeune  philosophe (il n'a que 36 ans) : ce qui importe c'est la vie. La vie  ordinaire. Ce qu'il faut maintenir et protéger à Venise c'est la vie  ordinaire et tant pis si les murs ne seront jamais comme neufs,  impeccablement enduits de couleurs harmonieusement choisies pour le  plaisir des yeux des touristes. Qu'il demeure de la rouille, des briques  patinées, des balcons de pierre d'Istrie usés par tous ceux qui s'y  sont appuyés. Du moment qu'on préserve et qu'on construit. La seule  vigilance qui est le devoir de tous, vénitiens et étrangers, hommes de  la rue ou responsables politiques, c'est d'éviter qu'on la défigure.
 C'est un très beau livre vraiment. Il ne parle pas que de Venise hélas,  mais les propos qui y sont développés, vous le voyez par mon verbiage,  s'adaptent totalement à la réflexion que nous devons avoir sur elle. Et  puis ce qui est incroyable c'est la limpidité du langage employé. Les  idées se font jour à chaque page de la même manière qu'on débite une  recette pour réussir les oeufs aux plats. Tout le monde tout de suite  assimile et comprend le raisonnement de l'auteur. J'ai lu quelques  passages à hautes voix à la maison et mes deux derniers (14 et 11 ans,  enfants normalement doués) ont repris naturellement les propos cités en  les développant...Cette simplicité qui fait les grandes idées est une  caractéristique d'Alain de Botton. Rejeton d'une riche famille suisse, transplanté à l'âge de 8 ans dans une public school  anglaise (ce qui lui a laissé une aversion profonde pour le style  gothique en architecture que personnellement j'adore – pour les mêmes  raisons que lui le déteste mais j'avais 15 ans), est un admirateur de Roland Barthes. Il aime chez lui la capacité de s'intéresser à des sujets que la philosophie a pris l'habitude d'ignorer. "J'adore les sujets qu'il choisit, mais je n'aime pas la manière dont il les traite toutefois. Trop incompréhensible selon Botton dont la pensée et l'écriture sont vraiment limpides.
C'est un très beau livre vraiment. Il ne parle pas que de Venise hélas,  mais les propos qui y sont développés, vous le voyez par mon verbiage,  s'adaptent totalement à la réflexion que nous devons avoir sur elle. Et  puis ce qui est incroyable c'est la limpidité du langage employé. Les  idées se font jour à chaque page de la même manière qu'on débite une  recette pour réussir les oeufs aux plats. Tout le monde tout de suite  assimile et comprend le raisonnement de l'auteur. J'ai lu quelques  passages à hautes voix à la maison et mes deux derniers (14 et 11 ans,  enfants normalement doués) ont repris naturellement les propos cités en  les développant...Cette simplicité qui fait les grandes idées est une  caractéristique d'Alain de Botton. Rejeton d'une riche famille suisse, transplanté à l'âge de 8 ans dans une public school  anglaise (ce qui lui a laissé une aversion profonde pour le style  gothique en architecture que personnellement j'adore – pour les mêmes  raisons que lui le déteste mais j'avais 15 ans), est un admirateur de Roland Barthes. Il aime chez lui la capacité de s'intéresser à des sujets que la philosophie a pris l'habitude d'ignorer. "J'adore les sujets qu'il choisit, mais je n'aime pas la manière dont il les traite toutefois. Trop incompréhensible selon Botton dont la pensée et l'écriture sont vraiment limpides. 
Sans jamais être simpliste ni vulgarisateur, il développe une pensée du quotidien qui est loin d'être une philosophie ordinaire et simpliste destinée à des niais. "Je ne veux pas être un auteur inaccessible, c'est trop facile !"dit-il. Encore un point qui me réjouit chez lui ! Et d'évoquer aussi Nietzsche, qui s'est intéressé - notamment - à l'influence des légumes trop cuits sur le caractère du peuple allemand. "...Un homme très sérieux qui passe beaucoup de temps à réfléchir à de petites choses" écrit-il. Voilà encore Venise qui revient quand je cite ces propos : Je ne suis jamais plus esthétiquement ému quand je me promène à Venise que lorsque la délicieuse odeur d'une pastaciutta se répand dans une petite cour inondée de soleil avec, sur le puits de marbre qui en occupe le centre, un chat qui dort paisiblement. Même humbles les façades y sont belles, remplies de siècles d'histoire, de bonheurs et de malheurs, avec très souvent des détails d'architecture qui semblent évidents ici et paraîtraient déplacés dans l'ordonnancement de nos façades bordelaises ou parisiennes : un reste de blason, une colonnette striée avec son chapiteau corinthien, une mosaïque de marbre...
Si l'architecture peut nous aider à accéder au bonheur, un bel édifice peut aussi nous faire pleurer, parce que la perfection que l'on observe n'est pas à notre disposition dans la vie quotidienne. Mais ce n'est rien, la contemplation du beau ne doit pas générer l'envie. La vertu de ce livre est de montrer que quelques pierres et un toit nous permettent de recréer notre paradis sur terre. A condition d'y mettre un peu de beauté. Vous comprenez pourquoi l'envie de s'installer à Venise, pourtant décatie et envahie de touristes, est si forte pour beaucoup !
 C'est un très beau livre vraiment. Il ne parle pas que de Venise hélas,  mais les propos qui y sont développés, vous le voyez par mon verbiage,  s'adaptent totalement à la réflexion que nous devons avoir sur elle. Et  puis ce qui est incroyable c'est la limpidité du langage employé. Les  idées se font jour à chaque page de la même manière qu'on débite une  recette pour réussir les oeufs aux plats. Tout le monde tout de suite  assimile et comprend le raisonnement de l'auteur. J'ai lu quelques  passages à hautes voix à la maison et mes deux derniers (14 et 11 ans,  enfants normalement doués) ont repris naturellement les propos cités en  les développant...Cette simplicité qui fait les grandes idées est une  caractéristique d'Alain de Botton. Rejeton d'une riche famille suisse, transplanté à l'âge de 8 ans dans une public school  anglaise (ce qui lui a laissé une aversion profonde pour le style  gothique en architecture que personnellement j'adore – pour les mêmes  raisons que lui le déteste mais j'avais 15 ans), est un admirateur de Roland Barthes. Il aime chez lui la capacité de s'intéresser à des sujets que la philosophie a pris l'habitude d'ignorer. "J'adore les sujets qu'il choisit, mais je n'aime pas la manière dont il les traite toutefois. Trop incompréhensible selon Botton dont la pensée et l'écriture sont vraiment limpides.
C'est un très beau livre vraiment. Il ne parle pas que de Venise hélas,  mais les propos qui y sont développés, vous le voyez par mon verbiage,  s'adaptent totalement à la réflexion que nous devons avoir sur elle. Et  puis ce qui est incroyable c'est la limpidité du langage employé. Les  idées se font jour à chaque page de la même manière qu'on débite une  recette pour réussir les oeufs aux plats. Tout le monde tout de suite  assimile et comprend le raisonnement de l'auteur. J'ai lu quelques  passages à hautes voix à la maison et mes deux derniers (14 et 11 ans,  enfants normalement doués) ont repris naturellement les propos cités en  les développant...Cette simplicité qui fait les grandes idées est une  caractéristique d'Alain de Botton. Rejeton d'une riche famille suisse, transplanté à l'âge de 8 ans dans une public school  anglaise (ce qui lui a laissé une aversion profonde pour le style  gothique en architecture que personnellement j'adore – pour les mêmes  raisons que lui le déteste mais j'avais 15 ans), est un admirateur de Roland Barthes. Il aime chez lui la capacité de s'intéresser à des sujets que la philosophie a pris l'habitude d'ignorer. "J'adore les sujets qu'il choisit, mais je n'aime pas la manière dont il les traite toutefois. Trop incompréhensible selon Botton dont la pensée et l'écriture sont vraiment limpides. Sans jamais être simpliste ni vulgarisateur, il développe une pensée du quotidien qui est loin d'être une philosophie ordinaire et simpliste destinée à des niais. "Je ne veux pas être un auteur inaccessible, c'est trop facile !"dit-il. Encore un point qui me réjouit chez lui ! Et d'évoquer aussi Nietzsche, qui s'est intéressé - notamment - à l'influence des légumes trop cuits sur le caractère du peuple allemand. "...Un homme très sérieux qui passe beaucoup de temps à réfléchir à de petites choses" écrit-il. Voilà encore Venise qui revient quand je cite ces propos : Je ne suis jamais plus esthétiquement ému quand je me promène à Venise que lorsque la délicieuse odeur d'une pastaciutta se répand dans une petite cour inondée de soleil avec, sur le puits de marbre qui en occupe le centre, un chat qui dort paisiblement. Même humbles les façades y sont belles, remplies de siècles d'histoire, de bonheurs et de malheurs, avec très souvent des détails d'architecture qui semblent évidents ici et paraîtraient déplacés dans l'ordonnancement de nos façades bordelaises ou parisiennes : un reste de blason, une colonnette striée avec son chapiteau corinthien, une mosaïque de marbre...
Si l'architecture peut nous aider à accéder au bonheur, un bel édifice peut aussi nous faire pleurer, parce que la perfection que l'on observe n'est pas à notre disposition dans la vie quotidienne. Mais ce n'est rien, la contemplation du beau ne doit pas générer l'envie. La vertu de ce livre est de montrer que quelques pierres et un toit nous permettent de recréer notre paradis sur terre. A condition d'y mettre un peu de beauté. Vous comprenez pourquoi l'envie de s'installer à Venise, pourtant décatie et envahie de touristes, est si forte pour beaucoup !
 Le site d'Alain de Botton (en anglais) : http://www.alaindebotton.com/
.
.
.Alain de Botton,
L'architecture du bonheur
traduit de l'anglais par Jean-Pierre Aoustin
Mercure de France
  
2 commentaires:
- Enfin quelqu'un qui fait la jonction d'un des arts d'avec un sentiment très particulier : le bonheur ! A l'heure où dans nos cités - que j'ai connues - on ne parle plus que de l'architecture ........ du malheur . Et c'est vrai ! Le bonheur , c'est la paix intérieure , le contentement , l'équilibre atteint , les horizons heureux : on le recherche . Son pendant diabolique : le malheur et son lot , la douleur . Alors donc , du bonheur . Alors donc René Char : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront. » (Rougeur des matinaux) Voici Venise décrite . Dans son plus intime et profond détail : sa gigantesque Histoire . Les Vénitiens - comme d'ailleurs les Italiens en général - trouvèrent ainsi ce qu'on pourrait définir par l'appellation : le bonheur de l'architecture . Nous sommes en dette . A suivre !
- Quel bonheur que cet article !!!! Merci..


 
   

 corps
 des sapeurs-pompiers de New York, mais aussi pour réunir des fonds pour
 permettre aux orphelins de ces pompiers de bénéficier de bourses 
d'études et pour les enfants du Togo. Six étapes dont une à West-Point, la fameuse école militaire américaine. parmi les rameurs, il y a trois gondoliers américains :
corps
 des sapeurs-pompiers de New York, mais aussi pour réunir des fonds pour
 permettre aux orphelins de ces pompiers de bénéficier de bourses 
d'études et pour les enfants du Togo. Six étapes dont une à West-Point, la fameuse école militaire américaine. parmi les rameurs, il y a trois gondoliers américains : 



 De
 tout temps, la Giudecca a été un quartier de rencontres et de mélanges.
 Des familles de pêcheurs et d’ouvriers cohabitaient avec des familles 
patriciennes qui avaient bâti là des demeures somptueuses au milieu de 
grands et magnifiques jardins. L’air y était plus pur disait-on, et bien
 meilleur pour aider les enfants à grandir. Il y a avait des couvents 
mais aussi des casini, ces villégiatures de plaisir qui 
n’étaient pas toujours - contrairement à ce que certains esprits salaces
 aiment à faire croire - des bordels de luxe. On trouvait aussi
 beaucoup de potagers et de vergers, des vignes même. Un lieu de 
villégiature encore lié à la simplicité rurale des premiers temps. Puis 
avec la chute de la République, l'occupation autrichienne, la misère 
galopante, la Giudecca est devenue un monde à part. Le refuge d’un 
peuple en haillons dont les enfants souvent réduits à la mendicité 
partaient en barque le matin pour essayer de gagner trois sous à la 
porte des auberges de luxe où à la sortie des restaurants et des 
théâtres. Des chantiers de construction navale, des ateliers industriels
 et les fameux moulins drainaient un prolétariat mal payé et mal nourri 
qui contrastait avec l’image laissée par l’histoire de ce peuple 
grandiose. Les choses se sont heureusement améliorées. On vit 
aujourd'hui aussi confortablement à la Giudecca que du côté de Dorsoduro
 ou de San Polo.
De
 tout temps, la Giudecca a été un quartier de rencontres et de mélanges.
 Des familles de pêcheurs et d’ouvriers cohabitaient avec des familles 
patriciennes qui avaient bâti là des demeures somptueuses au milieu de 
grands et magnifiques jardins. L’air y était plus pur disait-on, et bien
 meilleur pour aider les enfants à grandir. Il y a avait des couvents 
mais aussi des casini, ces villégiatures de plaisir qui 
n’étaient pas toujours - contrairement à ce que certains esprits salaces
 aiment à faire croire - des bordels de luxe. On trouvait aussi
 beaucoup de potagers et de vergers, des vignes même. Un lieu de 
villégiature encore lié à la simplicité rurale des premiers temps. Puis 
avec la chute de la République, l'occupation autrichienne, la misère 
galopante, la Giudecca est devenue un monde à part. Le refuge d’un 
peuple en haillons dont les enfants souvent réduits à la mendicité 
partaient en barque le matin pour essayer de gagner trois sous à la 
porte des auberges de luxe où à la sortie des restaurants et des 
théâtres. Des chantiers de construction navale, des ateliers industriels
 et les fameux moulins drainaient un prolétariat mal payé et mal nourri 
qui contrastait avec l’image laissée par l’histoire de ce peuple 
grandiose. Les choses se sont heureusement améliorées. On vit 
aujourd'hui aussi confortablement à la Giudecca que du côté de Dorsoduro
 ou de San Polo.  Les
 logements y sont même le plus souvent rénovés. Des constructions neuves
 à l’architecture osée bien que toujours inspirée par le modèle vénitien
 abritent de nombreuses familles et il reste encore davantage 
d’autochtones que d’étrangers.
Les
 logements y sont même le plus souvent rénovés. Des constructions neuves
 à l’architecture osée bien que toujours inspirée par le modèle vénitien
 abritent de nombreuses familles et il reste encore davantage 
d’autochtones que d’étrangers.

 






 





 Ils
 s'exécutèrent de bonne grâce et interprétèrent de nombreuses pièces que
 le doge avait pu entendre quelques heures plus tôt. Ce fut un tel 
succès que la garde chargée de surveiller les abords du ghetto vint voir
 ce qui se passait, tant la clameur fut retentissante. On porta en 
triomphe le frère et la sœur jusqu'à l'entrée de leurs appartements.
Ils
 s'exécutèrent de bonne grâce et interprétèrent de nombreuses pièces que
 le doge avait pu entendre quelques heures plus tôt. Ce fut un tel 
succès que la garde chargée de surveiller les abords du ghetto vint voir
 ce qui se passait, tant la clameur fut retentissante. On porta en 
triomphe le frère et la sœur jusqu'à l'entrée de leurs appartements. 







