posted by lorenzo at 00:50
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE















posted by lorenzo at 20:13______________
1 commentaire:
lucie h a dit…
c'est mon rêve
04 septembre, 2006
Dans mon précédent billet, c’est Henry de Régnier qui chantait la louange des Zattere, cette Fondamenta qui longe Dorsoduro de la Pointe de la Douane aux hangars de Santa Marta. Il mentionne à la fin de son texte l’ultime rue de ce quartier de San Trovaso, loin de tout et peu fréquentée par les touristes : la Calle del Vento. Qui c’è sempre un po’ di vento
a tutte l’ore, di ogni stagione:un soffio almeno, un respiro.
Qui da tanti anni sto io, ci vivo.E giorno dopo giorno scrivoil mio nome sul vento.
Il y a toujours ici un peu de vent
A n’importe quelle heure, à chaque saison :
Un souffle au moins, comme on respire.
C’est là que je suis depuis tant d’années, j’y vis.
Et jour après jour j’écris
Mon nom sur le vent.Diego Valeri
Calle del Vento,Mondadori, 1976

Je vous aime, ô Zattere, pour toute votre longueur lumineuse ou nocturne, de la pointe de la Dogana, où vous commencez, à la calle del Vento où finit votre quai de pierre, bordé de façades diverses ! Je vous aime dans toute votre étendue parce que, sur votre dalle, il fait bon marcher vite ou doucement ou s'arrêter, selon l'heure ou la saison, à l'ombre ou au soleil, ô Zattere !
Avisé, il avait renoncé à réserver une chambre d'hôtel avec toutes les contraintes que cela suppose quand on a des enfants en bas âge. Il avait donc loué un appartement. Une sorte d'ersatz d'appartement dirai-je plutôt. Nickel chrome : tout neuf, tout propre, rassurant. Aseptisé comme un décor de cinéma. Si vous aimez le genre, j'ai l'adresse. Juste ce qu'il faut de couleur locale.
Pour le confort des enfants, entre les pigeons de Saint Marc et les toboggans des Giardini Publici, Monsieur Andrew Conte préféra pendant toute la durée de son séjour se faire servir un petit déjeuner très neutre. Impossible pour lui d'imaginer que se rendre chez le boulanger du coin ou chez le petit épicier, d'écumer le marché du Rialto pour ramener fruits et légumes frais, poissons et viandes, serait pour les enfants une expérience culturelle défrisante et somme toute éducative. Non, ce pauvre Monsieur Andrew Conte aura préféré nourrir sa famille de panini et de pizza tourista (c'est ainsi que j'appelle ces pizzas de la taille d'une tarte au sucre en général peu cuites garnies de sauce tomate épaisse et parfois de dés de jambon blanc industriel...) arrosés de Fanta pour les gosses et de bière pour leurs géniteurs !
Notre héros vante cette péripétie comme une joyeuse aventure à imiter, sans se rendre compte qu'il y a là de quoi donner des palpitations à l'Avocat Augusto Salvadori, le courageux assesseur au tourisme, parti en guerre contre la sauvagerie des touristes qui compissent les murs, s'installent pour pique-niquer au pied de la basilique Saint Marc, jettent leurs canettes de Coca-Cola vides dans les canaux et prennent la ville pour un Luna-park géant...
J'ai dormi, cette première nuit, dans un tel silence qu'il me semble que je ne me réveillerai jamais tout à fait. Cependant l'air matinal rafraîchit mes yeux, mais les choses qu'ils voient contribuent à me maintenir, dans un demi-rêve : ces eaux muettes, ces pierres taciturnes, ce ciel lumineux, – tout le décor de la ville enchantée où la noire gondole qui me mène paraît signifier, par sa forme funéraire, qu'on est mort au reste du monde.
L’Accademia. J’aime ce musée. L’atmosphère des grandes salles protégées du soleil par les hauts rideaux de toile blanche. Lorsque les fenêtres en été son ouvertes, on dirait les voiles d’un navire en pleine mer…
Il y a dans ce musée des trésors que l’humanité entière vénère. Mais ceux que j’aime ne sont pas toujours les plus célèbres. Un critique d’art rirait certainement de mes préférences.
Je m’étais pris de passion pour ce lien entre la peinture à vocation spirituelle et l’inspiration païenne des primitifs (la représentation du martyre de Saint Sébastien en est un exemple sur lequel j’ai travaillé deux ans, étudiant l’évolution des représentations depuis les mosaïstes jusqu’au XVIe siècle. La relation entre ce sujet fort de l’iconographie chrétienne dès les origines et la représentation physique des héros de l’antiquité est flagrante). Le Trecento (XIVe) me fascinait. Une époque encore rude et primitive bien que très raffinée. Des concepts sociaux et moraux très prégnants dans une Venise toujours sur ses gardes mais triomphante, qui encourageait une effervescence artistique au service de son pouvoir et de l’Eglise certes, mais qui se traduisait par un véritable laboratoire de pensée et de réflexion artistiques. Leur peinture faisait le lien entre le monde antique et ce monde nouveau que le développement du christianisme généra dans les mentalités et donc dans l’art. On trouve tellement d’indicibles indices qui expliquent l’éclosion de la Renaissance, là, déjà dans ces œuvres du Moyen-âge néo-oriental nées à Venise…
Paolo et Lorenzo Veneziano, Giambono sont encore, comme Del Fiore, sous l’influence des mosaïstes byzantins mais peu à peu, on sent qu’ils découvrent la matière et leur style se libère des contraintes de la mosaïque. Les attitudes se font moins hiératiques, les visages moins figés. La vie s’exprime. J’aime leurs figures allongées, les yeux fixes encore, la plupart du temps écarquillés par l’extase et la majestueuse solennité des scènes gothiques ordonnées autour du Christ et de la Vierge, avec des personnages qui n’ont d’existence que par rapport au Sauveur et à sa Mère.
Une autre salle fait mon bonheur. Celle des Bellini, Carpaccio, Cima da Conegliano, Basaiti et les non-vénitiens : Mantegna le padovan, Pietro della Francesca le toscan dont on dit dans ma famille qu’il aima une des sœurs de notre aïeul Elio, Tura de Ferrare, Memling le flamand… Autant d’influences pour l’école vénitienne. Mais je reviens à mes primitifs. J’aime particulièrement un tableau de Michele di Matteo Lampadini-Bolognese (vers 1416). C’est un polyptique très orné qui provient de la belle église conventuelle de Sant’Elena. On raconte que ce tableau avait été choisi pour rejoindre les collections du Louvre à la demande de Napoléon mais que les moines, prétextant le mauvais état du placage de bois et de l’encadrement,mirent tellement de temps à le décrocher que les navires chargés du butin de Bonaparte appareilla avant qu’il ne fut livré sur le quai des esclavons. Il ne retourna jamais pour autant dans l’église, mais au moins n’a pas quitté Venise. Une vingtaine de saints sont représentés sur un fond d’or.
En haut l’artiste a peint la crucifixion et les quatre évangélistes, au milieu la Madone sur un trône avec son fils adoré par les anges. Sainte Hélène, Marie-Madeleine et Catherine entourent cette scène très pure. Sur les prédelles on voit un commentaire très imagé de la découverte de la vraie croix et tout en bas, l’émouvante signature en majuscule : "MICHAEL MATHEI DE BOLONIA FECIT". Plus loin, six petits tableaux de l’Ecole de Rimini, datés de la première moitié du XIVe siècle relatent l’histoire du Christ, la passion et le jugement dernier. Elégance des fonds dorés, ampleur des mouvements, personnages pleins de vie… Les tableaux les plus récents font le lien avec la peinture vénitienne "moderne " née au XVe siècle avec la famille Bellini. Le tryptique de Saint Sébastien entre Saint Jean et Saint Antoine. L’adolescent martyr a une très belle tête mais ses jambes et son corps sont lourds…
J'aimerai parler aussi de Giorgione, de Longhi, de Rosalba Carriera... Mais mes tableaux préférés demeurent ceux de la fameuse Ecole de Bellini. J’aime ces jouvenceaux en bas rouge, aux joues très roses que l’artiste devait ramasser dans les rues ou sur un campo, comme on ramassait devant Saint Marc le Balloto qui devait tirer au sort les électeurs du Doge. Moyennant quelques pièces, ils posaient en saint martyr. On a longtemps retrouvé dans les rues de la Venise moderne, les sosies de ces jeunes hommes immortalisés par les Bellini, Carpaccio,
Vivarini : la mode des longs cheveux, souvent ondulés, les petits bonnets roulés sur le haut du crâne, les pantalons étroits et moulant leurs longues jambes fuselées… Tout dans leur allure rappelait les vénitiens d’antan, leurs ancêtres… Quand je vivais à Venise et que je les voyais le matin au marché du Rialto, sur la Lista di Spagna ou le soir à San Luca ou à San Bartolomeo, je ne pouvais m’empêcher d’associer leurs voix rauques et leurs poses affectées aux personnages figés pour toujours dans les grandes peintures de l’Accademia. Depuis, chaque fois que je vois un tableau de Carpaccio ou de Bellini, j’entends leurs voix, leurs rires et ils semblent vivre comme nourris de la vigueur et de la jeunesse de leurs descendants d’aujourd’hui.
Dans le grand couloir, une série de vedutisti me plait beaucoup aussi : Ricci notamment avec ces scènes champêtres où à première vue rien ne semble bouger, et qui, si on les regarde plus attentivement, révèlent une foultitude de saynètes : un cavalier qui effraient volailles et lavandières, pâtres fuyant l'orage qui menace, promeneur endormi que renifle un chien intrigué... 
Mais je n’ai pas vérifié depuis longtemps l’installation des toiles du musée. Je crois que la sculpture a disparu mais le Basaiti est toujours là comme le petit Guardi ovale.