Il  y avait autrefois à Venise une population gouailleuse et changeante  dont les cris enchantaient l'oreille des passants. Assemblés autour des  puits, sous le porche des cortiles, jaillissant des sottoporteghi pour  s'abriter sous les arbres des campi lors d'interminables parties de  cache-cache ou de colin paillard, tout un peuple de petits lutins, de  gentils gnomes règnait sur la Ville. 
 
Les  enfants! Il y avait des enfants partout et le silence du jour soudain,  vers seize heures explosait en un feu d'artifice de cris joyeux et le  bruit des taloches se répandait sur les pavés. La rue, puisque sans  danger ici, étaient leur royaume, merveilleux terrain de jeu pour des  parties sans cesse renouvelées qui inspirèrent peintres, poètes et  cinéastes. Combien d'images nous reviennent ainsi des joyeuses  cavalcades des petits vénitiens d'autrefois. Dans les années 80, lorsque  je vivais ici mes douces années d'étudiant, il y en avait encore  beaucoup partout. 
 
Maintenant  on a parfois l'impression que la municiplaité en exhibe quelques uns,  toujours les mêmes, pour donner à la ville un semblant de vie. Ils sont  tous devenus vieux, ou bien ils sont morts ou en exil. Il reste  heureusement des écoles et les places se remplissent à l'heur e du  goûter de ces joyeuses troupes qui s'ébattent sous le regard attendri de  leurs mères qui papotent sur les bancs. Mais combien en restera-t-il  demain ?
 
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