Frisquet 
ce matin ici. A peine 5° au thermomètre de la fenêtre. Les toits étaient
 blancs à l’aube. Le ciel est gris avec des nuances de rose. Rien de 
terrible. Pourtant le ciel parait bleu à l’horizon. La pluie qui tombe 
ne parviendra pas à nous déprimer. C’est le premier jour de l’année et 
Venise s’éveille doucement.
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Dans
 la rue, les bruits commencent à se faire plus denses. Les passants 
échangent leurs vœux, des touristes cherchent leur chemin. Les vitrines 
de la librairie sont toutes illuminées, comme un souvenir des fêtes déjà
 terminées. Un autre capodanno passé. Que sera 2007 ? Constance m’a réveillé ce matin en me disant : "papa, plus que 359 jours et c’est Noël!". J’aime cet esprit ("de Noël"aurait dit Charles Dickens)
 qui ne veut voir des choses que le bon côté, sans tomber jamais dans la
 guimauve et le mièvre de midinettes. Cette petite est très profonde. 
Venise la transcende : Elle semble totalement épanouie quand elle est 
ici. Son frère et le reste de la fratrie aussi d’ailleurs. Ma tribu 
vibre autant que moi au rythme de cette cité unique et nous ne sommes 
jamais aussi bien que lorsque nous poussons la porte de notre petite 
maison et franchissons ce seuil comme un havre espéré, désiré à chacune 
de nos absences. 
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Giuseppe Faggiotto, le marchand de chocolat de Pordenone installé sur la Fondamenta di San Trovaso est en train de me faire aimer le chocolat noir. Mais le gianduiotto garde une place de choix pour mes papilles. Grignoter ces délicieux chocolats au praliné avec un macchiatto sur les Zattere, les pieds bien au chaud dans de bonnes chaussures, à l’abri du vent froid sous un parasol de Chez Nico... comment nier l’existence du paradis et de la Divine Providence ?
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Hélas
 les horreurs du monde nous rattrapent, la politique française apporte 
une revanche aux italiens vexés du mauvais exemple qu’ils nous ont 
montré pendant les sombres années du règne berlusconien, la pendaison de Saddam Hussein quand le monde entier récuse la peine de mort, les dures vérités de Syriana, ce film de Clooney vu hier soir en DVD… Mais qu’y pouvons-nous ?  Les hommes n’apprennent jamais rien et l’histoire comme le dit Antonio Tabucchi ("Au pas de l'oie", Le Seuil) n’a
 pas beaucoup d’imagination, tout recommence toujours. Rien de nouveau 
même sous le soleil de Venise. Les patriciens de la Sérénissime voyaient
 déjà le gouvernement comme nos politiques aujourd’hui. Coupés du monde 
et de la réalité, eux au moins avaient les masques pour se faufiler 
parmi le peuple et s’imprégner des rêves et des désirs. Du commun. Tant 
qu’elle a su innover, son élite s’est perpétuée. Et son univers aussi.
Ne voyez aucun parallèle avec
 notre monde dans ce que j’écris là. Ratiocinations d’un vieux ronchon. 
Mais Venise est belle même avec un ciel gris et cette pluie glacée. J’ai
 vu au loin le bleu du ciel, il fera peut-être beau cet après-midi et 
nous irons à Castello voir des amis. Nous ferons une halte au Café du Paradis,
 là où la vue sur le bassin de San Marco est la plus belle. Nous y 
reviendrons au printemps, quand la glycine sera en fleur. Voir San Giorgio, la Pointe de la Douane et San Marco entre les grappes parfumées est un grand moment d’émotion que nous ne manquons jamais. !
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Les photos sont de Pupetto dont je recommande le blog.



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