C'est demain l'anniversaire de ma grand-mère maternelle qui aurait 115 ans ! Cette vieille dame, avec douceur et discrétion m'a tout donné : le goût de la musique, de l'art, des fleurs, du calme et des bonnes choses. C'est aussi l'anniversaire d'une merveilleuse personne plus jeune de 35 ans qui vit à Venise et qui fut l'un de mes guides lorsque je m'installais dans la cité des doges, une sorte de protectrice et de marraine. Elle adore les roses.
Je lui ai fait envoyer deux rosiers de chez David Austin, des Centifolia Muscosa, appelées aussi Old Pink Moss, cette belle variété remontante et très parfumée que je voudrais aussi planter, si je pouvais, dans notre petit jardin de la Toletta et qui se plairont chez elle. Cela m'a rappelé un texte de Henry de Régnier que je dédie à ma vieille bonne amie vénitienne pour son anniversaire et à tous ceux qui raffolent du printemps à Venise.
"[...] Venise aussi a ses jardins dont les roses débordent les vieux murs, mais ce n'est pas là qu'est son printemps. Il est dans la fraîcheur de la lumière, dans le rajeunissement des pierres et des eaux, dans je ne sais quoi de joyeux et de délivré, dans la furie ailée des hirondelles, dans l'éclair de leur vol sous l'arche de quelque pont. Il est aussi de grandes averses qui parfois tombent du ciel. J'en ai subi une tout à l'heure. Rien ne l'annonçait. Nous avions pris une gondole pour aller jusqu'à l'Arsenal. J'aurais dû remarquer cependant que l'eau des canaux était sournoise et comme anxieuse. On la sentait pleine de ces courants secrets, de ces mouvements intérieurs que les gondoliers connaissent si bien et savent si bien utiliser, pour ménager leur effort avec un art délicat et une paresseuse précision. Tout à coup, sans que nous ayons vu le nuage se former, il s'est mis à pleuvoir, une pluie forte, chaude, abondante, qui criblait l'eau du petit canal où nous nous trouvions. Le gondolier a cherché un abri sous un pont. Justement, il avait choisi un de ces rares ponts de fer dont le tablier est à claire-voies. Nous attendîmes là la fin du déluge. Parfois une grosse barque pansue et ruisselante frôlait au passage la gondole avec un frottis de bois mouillé et continuait sa route silencieuse [...]"
[...] "La Venise printanière, toute en nuances, toute en reflets, toute irisée d'une tendre jeunesse de lumière ![...]"
(extraits de "L'Altana ou la vie vénitienne" par Henry de Régnier)
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