Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

22 août 2007

Les touristes Eurodisney

Sans vouloir poursuivre la polémique ni paraître sectaire à mes fidèles amis lecteurs, je voudrais revenir sur cette problématique (allez un peu de jargon "tendance" sur TraMeZziniMag !) qui bouleverse depuis quelques années la vie quotidienne des vénitiens et représente un réel danger pour la ville elle-même, comme pour tous les lieux visités du monde d'ailleurs. L'exemple de Bordeaux est frappant : devenu un des sites du patrimoine mondial, la ville semble envahie en permanence par un flot incessant de touristes. Certes tant mieux ; cependant à bien y regarder, que sont ces nouveaux visiteurs ? des groupes de gens qui envahissent les monuments, déambulent dans les rues et encombrent. Toutes proportions gardées, les embarras provoqués rappellent les rues du Rialto ou des alentours de San Marco : impossible de se faufiler si on est pressé, les groupes vont au pas, (normal direz-vous : ils sont en vacances), s'arrêtent en plein milieu d'une ruelle, pénètrent dans la moindre cour, jusque dans les halls des immeubles, si par malheur les portes sont restées ouvertes. Et nous avons même depuis quelques semaines un ridicule petit train rouge qui promène les gogos avec des commentaires caricaturaux (truffés d'inexactitude et d'approximation). Partout dans le monde les beaux endroits qui sont la richesse de l'humanité sont désormais envahis. On aménage le moindre paysage : tables pique-nique et poubelles, panneaux explicatifs : "regardez à gauche, levez la tête, ne cueillez pas les fleurs, ne nourrissez pas les autochtones". Ce tourisme de masse n'en a qu'à ses débuts. Ressource inespérée pour beaucoup de lieux en désuétude économique, ils confirment les paroles de l'Archiduc Otto de Habsbourg qui nous disait un jour "évitons à nos enfants de devenir les garçons de café des touristes des super-puissances qui envahirons nos places et nos monuments". 
 
Le tourisme eurodisney est la plaie de Venise, je continue de l'affirmer. Il faudrait trouver un moyen pour l'éclairer. Lui faire comprendre que Venise (comme Paris, Séville ou Katmandou) se déguste avec sensibilité, au hasard des découvertes, des surprises, des erreurs. Il faut savoir se perdre. Se pénétrer de l'atmosphère des lieux, appliquer le sage proverbe anglais "when in Rome do as the romans do" . Oubliez les plans, laisser nos habitudes alimentaires, observer et rester civilisé. Voilà la règle que j'aimerai enseigner à tout ces visiteurs. Ceux qui se vautrent à même le sol de la Piazzetta bivouaquant au milieu de la foule, qui déballent leurs sandwichs, grignotent leurs chips et boivent des litres d'eau gazeuse ou de jus de fruits synthétiques survitaminés, pieds nus et souvent même torses nus, ne feraient jamais cela devant chez eux. Et ceux qui s'entêtent à transposer à Venise - comme ailleurs - leur mode de vie quotidien ne peuvent ni profiter pleinement de ce que Venise a à leur offrir, ni vivre leur présence dans l'un des plus beaux lieux du monde d'une manière optimale. Un voyageur lambda (voir le lien ci-dessus), a trouvé cette expression "les touristes eurodisney". Je vous livre son article dans sa version intégrale et je le félicite de sa sagacité :
"As I use this term quite often in my writings about Venezia, I will explain it here. Remember the statistics of Venezia’s tourism. Nearly 80% of us are day visitors, coming in the morning and leaving in the evening and don’t come back. When I was wandering through Venezia, looking here and there and also taking the vaporettos, I did see so many of very strange behaving foreigners, so I decided to call them Eurodisney visitors. So who are they ? They are tourists who believe that Venezia is a museum. A gigantic museum on water, made to please their eyes. What they neglect is that this city has been erected ages before even anyone thought of their existence and was not at all built to be seen as a tourist trap or a museum city. Venezia just was lucky that it was not much bombed during the world wars (that’s what I read) and that the Venezianos love their home city very much, thus take care that it won’t be destroyed by the ravages of time, and by us tourists. Eurodisney visitors will block almost everything, as (as described above), they cannot believe that other people actually have to go from A to B and not marvel at Eurodisney Venezia like themselves. Several times I also did observe that they must have fall from the sky onto the vaporettos, as they seem not to realise that – once a vaporetto approaches a yellow vaporetto stop (like one where they themselves sould have boarded the vaporetto), it will stop there, let passengers get off and on the boat. They were hanging over the rail (the one, the assistant would have to open to let others get off and on), and looked at this poor assistant as if he would be an alien. I am sure, they never got the point why he wanted them move away from the rail……Yes, I am fully aware that I am very very much sarcastic here. I had to get it off my chest and maybe it helps the non-VTers which come from Google’s search engines, to realise that they should watch their behaviour towards the others when visiting what they believe is Eurodisney museum city Venezia". (*)
Sans commentaire.
 
Note :

(*) :  "Comme j'utilise souvent ce terme dans mes écrits sur Venise, je vais l'expliquer ici. N'oubliez pas les statistiques du tourisme à Venise. Près de 80% des visiteurs ne reste qu'une journée, arrivant le matin et repartant le soir, et ne reviennent pas. Quand je me promenais dans Venise, regardant ici et là et prenant également les vaporettos, j’ai vu tellement d’étrangers se comporter de façon étrange, que j'ai décidé de les appeler les visiteurs Eurodisney. Qui sont-ils? Ce sont des touristes qui croient que Venezia est un musée. Un gigantesque musée sur l'eau, conçu pour leur plaire. Ce qu'ils oublient, c'est que cette ville a été érigée bien avant qu'ils existent et qu'elle ne l'a pas du tout été pour attirer les touristes. Venise a la chance de ne pas avoir été beaucoup endommagée au cours des guerres mondiales (c’est ce que j'ai lu) et que ses habitants l'aiment avec passion, veillant donc à ce qu’elle soit préservée des ravages du temps, et des touristes. Les Visiteurs Eurodisney encombrent partout, comme je l'ai écris plus haut, ils n'ont pas conscience que des gens doivent réellement se déplacer d'un point à un autre et n'ont pas forcément le temps de s'émerveiller de la Venise Eurodisney comme ils le font. Plusieurs fois, j’ai eu l'impression de les voir tomber du ciel sur les vaporettos, car ils ne semblaient pas se rendre compte que - dès qu’un bateau se rapproche de son arrêt jaune (comme celui d'où ils vont eux-mêmes prendre le vaporetto), il s’arrêtera, pour laisser les passagers descendre. Agglutinés devant la rembarde (que l'employé doit ouvrir pour permettre aux gens de descendre et de monter à bord), ils regardent ce pauvre homme comme s'il était un extra-terrestre. Je suis sûr qu'ils n'ont jamais compris pourquoi il voulait qu'ils s'éloignent de la rembarde ... Je suis tout à fait conscient d'être vraiment très sarcastique, mais j'avais besoin de l'exprimer et peut-être cela aidera ceux qui ne sont pas vénitiens adeptes des moteurs de recherche de Google à se rendre compte qu’ils devraient surveiller leur comportement vis-à-vis des autres lorsqu'ils visitent ce qu’ils considèrent être l'Eurodisney ville-musée Venezia". (Traduction TraMeZziniMag)

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