Ce billet a paru dans Tramezzinimag
en décembre 2006. Comme l'illustration représente un touriste l'été et
que l'incroyable différence entre la tenue estivale de ce gentleman (laine et flanelle certes de couleur claire, mais laine et flanelle tout de même)
et celle des gens que l'on rencontre sur la piazza de nos jours, j'ai
eu envie de le rééditer. J'ai depuis essayé cette friandise dont il est
question dans le billet. C'est délicieux. Sous un caramel très sucré qui
craque comme du verre sous la dent, les papilles découvre vite la
surprenante acidité du raisin frais et juteux.
.
Au
début du XXe siècle, on trouvait dans les rues de Venise des tas de
petits métiers. Parmi les quémandeurs de toute sorte, il y avait les
marchands de friandises. .
Biscuits
secs, eaux parfumées, sorbets servis au verre... On pouvait ainsi se
restaurer comme encore aujourd'hui avec les marchands de glaces
ambulants, les stands où on vous propose des quartiers de noix de coco
ou du melon. Une friandise particulièrement appréciée qui a
malheureusement disparue se vendait partout autour de la piazza. C'était
un délice fait de petites brochettes de grains de raisins cuits au
sirop et plongés devant le chaland dans un sirop de sucre caramélisé à
souhait. Un peu comme les pommes d'amour de nos fêtes foraines.
J'ai retrouvé dans les papiers de ma grand mère, cette photo d'un certain Camille André Bourdery, dit Cab, tenant
à la main cette confiserie.
Voilà la légende de la photo où ce fameux
Cab exprime son goût pour la friandise en question : « La vénitienne
gourmandise de Cab, fixée mémorablement par une fantaisie amicale... Les
bonnes graines de raisin, énormes, dorées, juteuses, cuites à point
dans un sirop onctueux, les bonnes graines de raisin enfilées sur une
mince baguette, que l'on achète sous les galeries de la piazza...» .
Nous
sommes à la fin du XIXe siècle, devant la basilique San Marco. C'est
l'automne ou la fin de l'été. Il ne fait plus assez chaud pour porter
ces costumes de flanelle blanche qui donnaient l'illusion de la
fraîcheur. Notez les gants de peau très clairs et, négligemment tenu sous le bras, le carnet de notes - ou de croquis - avec le guide. Certainement le Baedeker. Notez aussi les facchini qui se reposent au pied de la hampe de bronze en attendant le client.
Notre Cab
était un poète, dessinateur et humoriste dont je conserve quelques
cartes et plusieurs lettres d'Italie. Je cherche en vain depuis des
années à savoir qui il était vraiment et comment notre famille était en
relation avec lui. Si un de mes lecteurs en sait plus sur lui...
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