Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

03 juin 2020

Avec Francesco Guccini, un cri d'amour pour Venise

Mon frère ce matin m'a appelé juste pour m'inviter à allumer la radio et écouter sur France Culture une émission où on parlait de Venise. j'ai aussitôt pensé « quelle aubaine, il va peut-être, à l'écoute de ce qui va s'y dire, décider de venir me rendre visite avec ma belle-sœur ! » De toute la famille de votre serviteur, ils sont les seuls à n'être jamais repassés sur les bords de la lagune depuis quarante ans. Pourtant ils ont beaucoup voyagé... L'Europe, l'Inde, le Népal. Je n'étais pas chez moi et n'ai pu écouter le podcast  de l'émission qu'à l'instant. En voici une petite présentation qui s'inscrit naturellement dans l'esprit des billets que nous publions depuis quelques mois et qui veulent attirer l'attention des amoureux de Venise, des visiteurs curieux et des touristes au sens pur et profond du terme, sur la situation réelle de cette merveille du monde. Tramezzinimag a toujours développé l'idée de Venise comme modèle idéal et laboratoire pour le bon comme pour le mauvais. C'est hélas un angle de réflexion complètement en opposition avec la pensée dominante qui dirige les actions - et l'inaction - des élites en charge de la ville aujourd'hui et de son avenir. Ces apprentis sorciers après tout sont le modèle d'une pseudo élite ultra-libérale, parfois bouffie de relents libertariens, mais surtout avide de profits et adepte de la fuite en avant, cet "après nous le déluge" qui les caractérise tous depuis plus de cinquante ans, voire bien davantage...

Anthropocène, le virus de la dernière chance

Ce qui s'est dit sur France Culture qui concernait Venise n'avait pas vraiment de quoi encourager des militants écologistes de la première heure, qui vivent à la campagne depuis la naissance de leurs filles, sont quasiment autosuffisants, se sont éloignés de la ville par conviction philosophique et partageant avec beaucoup de gens de leur génération ce goût et ce bonheur de vivre au milieu de la nature, dans une qualité de vie exemplaire, sans pour cela avoir rejeté les (quelques) bienfaits des temps modernes. 

On entendait parler de Venise comme l'une des villes les plus polluées d'Italie, y sont évoquées l'ineptie des pouvoirs publics locaux parfois pire qu'ailleurs et les mille problématiques du tourisme de masse, etc, etc. Mais on y peut entendre aussi un échange très parlant sur cet amour unique que la sérénissime inspire aux cœurs purs. Ainsi, sa somptueuse histoire autant que ses histoires d'aujourd'hui ont été évoquées  par Chiara Barattucci, depuis Venise ou vit cette architecte qui enseigne à l'IUAV (Institut universitaire d'architecture de Venise) et à Milan et par le producteur de l'émission, le sympathique journaliste Florian Delorme, fin connaisseur de la ville. Il eut fallu une émission supplémentaire pour détailler les problématiques qui font peser sur la Sérénissime de lourdes menaces, à commencer par la pollution - chimique, sonore, touristique - mais aussi par sa dépopulation.


La partie concernant Venise dans l'émission Cultures Monde, que ce billet commente, est à la fin du podcast. Si vous avez le temps, Tramezzinimag vous conseille vivement l'écoute de l'émission dans son intégralité, vraiment intéressante et bien menée comme toujours par l'équipe de Florian Delorme, bien que la ligne éditoriale bien-pensante, genre prépa épreuves de Culture Générale à Sciences Po, ne soit pas toujours notre tasse de thé (vert, of course) :


Pendant ce temps, les vénitiens bougent. Manifestation spontanée des commerçants de la P (P pour Popolo), marche contre le port du masque et l'ineptie des mesures de distanciation sociale, pour une autre gestion du tourisme, pour redonner la possibilité aux vénitiens de se loger dans le centre historique, grogne pour limiter voire réduire les licences touristiques délivrées par le maire Brugnaro, le Trump local, et pour que soient interdites les locations touristiques de demeures privées de moins d'un mois, la protection de la lagune, la lutte contre le moto ondoso qui est revenu après le confinement qui avait vu les eaux de Venise s'éclaircir, l'air redevenir pur et le silence se répandre partout pour le bonheur des habitants qui retrouvèrent leur ville avec surprise et bonheur. Tramezzinimag reviendra sur tout cela dans les prochains billets. 

Illustrations des récents manifestations :