Le récent naufrage du Costa Concordia à deux cent mètres des côtes italiennes donne un éclairage nouveau à la polémique concernant l'invasion des maxinavi comme disent les vénitiens qui débarquent chaque jour des milliers de touristes et représentent un danger certain pour les eaux lagunaires déjà bien malades, mais aussi pour l'air qu'on y respire et pour la tranquillité de ses habitants.
Savez-vous qu'un seul de ces bateaux (mais qu'ont-ils donc d'un bateau ces mastodontes ?) rejette avec ses fumées noires et nauséabondes, autant de CO² que 12.000 moteurs de voiture ? Savez-vous qu'un jour d'été 2011, ces navires ont déversé 35.000 personnes en une journée sur la ville, soit l'équivalent de la moitié de la population résidente. Si on ajoute à cette masse, les touristes pendulaires, qui arrivent par train ou par bus des environs et ne restent que la journée, les touristes logés dans les hôtels et pensions du centre historique, on atteint le chiffre de 100.000 personnes, voire plus certains jours... Davantage que l'ensemble des vénitiens résidents !
Et lorsque, par un hasard malheureux, le personnel de l'ACTV décide de faire grève, cela donne une foule agglutinée dans les rues qui ne peut ni avancer ni reculer. C'est ainsi qu'aux heures de pointe, l'affluence est telle que des rues sont bouchées de la même manière que les rocades aux abords des villes à certaines heures... Même sans grève des transports, 90.000 personnes passent en moyenne chaque jour entre San Marco et San Zaccaria, 15.000 entre la Strada Nova et le Rialto, autant entre San polo et le Rialto... Pendant ce temps, les vénitiens ont du mal à se rendre à leur travail, les enfants à l'école, les ménagères au marché...
Dans les quartiers ultra fréquentés par cette masse de touristes, il est devenu impossible de se loger, on ne trouve plus un seul commerce de proximité et les rares résidents qui ont pu rester ont l'impression d'être devenus comme des indiens dans une réserve.
Beaucoup d'entre nous, tout à leur amour pour la Sérénissime, son charme, ses trésors, son atmosphère, refusent de voir ce cancer qui se propage et détruit inexorablement toute vie véritable, mais pourtant le mal est là, omniprésent et s'accroit.
Pour ce qui est des grands navires, le naufrage du Concordia a été utile. Le maire dénonce depuis longtemps les dangers des grands navires pour Venise, de nombreuses associations ont vu le jour et sont très actives. jusqu'à un ministre qui vient de déclarer la guerre aux navires géants et veut les interdire dans les endroits fragiles. Venise et sa lagune sont un endroit fragile.
En parallèle à ce phénomène absurde, d'autres problèmes pointent à l'horizon. Le nouveau plan d'occupation des sols qui permettrait la création d'une ville nouvelle sur la terre ferme avec des buildings à l'américaine, une ligne de train à grande vitesse dont le tracé devrait exproprier bon nombre de paysans, et la scandaleuse Sublagunare, métro souterrain qui relierait Venise et Murano à la Terre ferme. Sont à l'étude aussi de nouveaux aménagements qui permettraient de délester les sites les plus visités qui arrivent maintenant à saturation. Ce qui voudrait dire autant de monde sur ces sites et de plus en plus dans des endroits encore aujourd'hui protégés parce que peu connus des touristes et donc protégés...
Bref, cancer, gangrène... Les temps modernes, le consumérisme et l'appât du gain, sont en train de tuer Venise et personne à ce jour ne possède de solution sure et efficace. Un ticket d'entrée ? C'est assurer la transformation de la ville en Veniceland, parc d'attraction pour gogos du monde entier. Quotas ? C'est assez injuste et comment les mettre en place ? Par pays d'origine ? Par âge, niveau social, montant des revenus, niveau d'étude ?
Personnellement, je pencherai pour la création à quelques kilomètres d'une copie de la cité des doges, avec des restaurants, des cafés, des gondoles et des musées où les gens pourraient se divertir, découvrir les monuments et l'histoire de la Sérénissime, tout en mangeant des glaces, en se dorant au soleil, voire en se baignant. Les vénitiens reprendraient leur ville et les palais, les églises, les musées seraient ouverts aux touristes dans des limites précises par jour et par lieux. Ce n'est pas la panacée, mais cela permettrait de sauver ce qui peut l'être. Venise, patrimoine universel, pourrait déployer ce qu'elle est déjà, un laboratoire de recherches et d'innovations. Des chercheurs du monde entier pourraient venir y travailler. on y installerait des centres de formation aux métiers d'art, à la restauration, à la communication, la gestion urbaine. elle deviendrait un centre culturel de haut niveau où culture classique, histoire et technologies de demain se côtoieraient pour mieux faire avancer l'humanité. Il n'est pas interdit de rêver. Sans être pessimiste, on ne prend hélas pas ce chemin...
Et lorsque, par un hasard malheureux, le personnel de l'ACTV décide de faire grève, cela donne une foule agglutinée dans les rues qui ne peut ni avancer ni reculer. C'est ainsi qu'aux heures de pointe, l'affluence est telle que des rues sont bouchées de la même manière que les rocades aux abords des villes à certaines heures... Même sans grève des transports, 90.000 personnes passent en moyenne chaque jour entre San Marco et San Zaccaria, 15.000 entre la Strada Nova et le Rialto, autant entre San polo et le Rialto... Pendant ce temps, les vénitiens ont du mal à se rendre à leur travail, les enfants à l'école, les ménagères au marché...
Dans les quartiers ultra fréquentés par cette masse de touristes, il est devenu impossible de se loger, on ne trouve plus un seul commerce de proximité et les rares résidents qui ont pu rester ont l'impression d'être devenus comme des indiens dans une réserve.
Beaucoup d'entre nous, tout à leur amour pour la Sérénissime, son charme, ses trésors, son atmosphère, refusent de voir ce cancer qui se propage et détruit inexorablement toute vie véritable, mais pourtant le mal est là, omniprésent et s'accroit.
Pour ce qui est des grands navires, le naufrage du Concordia a été utile. Le maire dénonce depuis longtemps les dangers des grands navires pour Venise, de nombreuses associations ont vu le jour et sont très actives. jusqu'à un ministre qui vient de déclarer la guerre aux navires géants et veut les interdire dans les endroits fragiles. Venise et sa lagune sont un endroit fragile.
En parallèle à ce phénomène absurde, d'autres problèmes pointent à l'horizon. Le nouveau plan d'occupation des sols qui permettrait la création d'une ville nouvelle sur la terre ferme avec des buildings à l'américaine, une ligne de train à grande vitesse dont le tracé devrait exproprier bon nombre de paysans, et la scandaleuse Sublagunare, métro souterrain qui relierait Venise et Murano à la Terre ferme. Sont à l'étude aussi de nouveaux aménagements qui permettraient de délester les sites les plus visités qui arrivent maintenant à saturation. Ce qui voudrait dire autant de monde sur ces sites et de plus en plus dans des endroits encore aujourd'hui protégés parce que peu connus des touristes et donc protégés...
Bref, cancer, gangrène... Les temps modernes, le consumérisme et l'appât du gain, sont en train de tuer Venise et personne à ce jour ne possède de solution sure et efficace. Un ticket d'entrée ? C'est assurer la transformation de la ville en Veniceland, parc d'attraction pour gogos du monde entier. Quotas ? C'est assez injuste et comment les mettre en place ? Par pays d'origine ? Par âge, niveau social, montant des revenus, niveau d'étude ?
Personnellement, je pencherai pour la création à quelques kilomètres d'une copie de la cité des doges, avec des restaurants, des cafés, des gondoles et des musées où les gens pourraient se divertir, découvrir les monuments et l'histoire de la Sérénissime, tout en mangeant des glaces, en se dorant au soleil, voire en se baignant. Les vénitiens reprendraient leur ville et les palais, les églises, les musées seraient ouverts aux touristes dans des limites précises par jour et par lieux. Ce n'est pas la panacée, mais cela permettrait de sauver ce qui peut l'être. Venise, patrimoine universel, pourrait déployer ce qu'elle est déjà, un laboratoire de recherches et d'innovations. Des chercheurs du monde entier pourraient venir y travailler. on y installerait des centres de formation aux métiers d'art, à la restauration, à la communication, la gestion urbaine. elle deviendrait un centre culturel de haut niveau où culture classique, histoire et technologies de demain se côtoieraient pour mieux faire avancer l'humanité. Il n'est pas interdit de rêver. Sans être pessimiste, on ne prend hélas pas ce chemin...
9 commentaires:
- Merci beaucoup mon livre est bien arrivé.
- En somme construire une Venise-Grotte de Lascaux, je dois dire que l'idée est originale :-))) Oui Lorenzo vous cauchemardez, il faut vous réveiller, Venise est loin d'espérer un avenir radieux... Je comprends votre souffrance et je la partage, mais sans être pessimiste, Venise est à vendre... Cordialement.
- Mais qui parle de souffrance ? Je ne fais que constater. Quant à une Venise artificielle reproduisant les principaux lieux visités, il y a longtemps que l'on y a pensé. Cela parait absurde mais à Lascaux, cela a permis de sauver l'original... Pas plus que pour le reste de notre monde - et de notre civilisation - on ne peut s'attendre à un avenir radieux du moins si on ne fait rien et si on arrête de secouer les consciences. "Venise, autrefois peuple de marchands, aujourd'hui peuple de boutiquiers" ce n'est pas de moi, mais de Barrès... Bien sur que Venise est à vendre. Comme tout d'ailleurs. Mais que faut-il faire ? Se taire et regarder notre univers sombrer ? Je préfère donner à voir la réalité, expliquer ce qui se passe, donner mon avis aussi parfois. Sinon à quoi servirait ce blog ? Une dernière chose : soyez gentil, même en gardant votre incognito, choisissez un pseudonyme ou un prénom lambda, mais ne restez pas "anonyme", c'est agaçant (attention, je ne veux pas dire que vous êtes agaçant(e)!)de ne pas savoir à qui s'adresser ! Je ne vais tout de même pas vous appeler du nom de votre adresse IP ! De plus plusieurs personnes laissent des commentaires avec la même signature... Je sais que les "Anonymous" sont à la mode, mais c'est dans un autre registre ce me semble... Il n'y a qu'une toute petite manipulation à faire pour s'inscrire. Merci d'avance
- Merci Evelyne pour avoir pris la peine de cette confirmation. Logiquement tous les souscripteurs doivent l'avoir reçu à ce jour. Un record dans les délais, digne des postes italiennes des années 80 (1680 he veux dire bien entendu !)
- L'UNESCO veut que le gouvernement italien interdise la circulation de ces mastotondes à Venise et dans ses abords !!! Espérons que l'UNESCO soit persuassif !!! et que l'interdiction soit très rapide!!!
- Le maire a pris position contre aussi. Il ne s'agit pas d'interdire à ces bateaux d'inscrire Venise dans leurs escales mais de ne plus passer par le bassin de San Marco et le canal de la Giudecca. Une escale plus éloignée limiterait forcément le nombre de passagers débarqués chaque jour, ce qui serait une bonne chose.
- Oui, mais si ceux qui viennent visiter Venise (98 % ?) prennent les vaporetti, est-ce que ce sera vraiment un progrès ? Soazig
- il faudrait penser à fermer l'aéroport Marco Polo, et aussi dynamiter le pont de la liberté comme ceci plus ou très peu de touristes et donc adieu tout le monde, à tous les commerçants de Venise et autres car tout le monde à Venise ( quasi 100% ) vivent du tourisme.Plus de travail donc ce n'est plus 59000 résidents mais une poignée peut-être.... Les gains, l'argent, les taxes, les impôts obtenus font vivre et entretiennent Venise Le pire est d'entendre les gens qui vivent du tourisme se plaindre de ces derniers, pitoyable...
- Une pétition est en ligne pour la sauvegarde de Venise, des Vénitiens et de sa lagune. Elle a pour but de restreindre la circulation des bâteaux de croisière de fort tonnage dans la lagune; ce qui nuit à ce fragile équilibre, et de protéger ses habitants de la pollution :
Pétition Populaire - Hors de la lagune les navires incompatibles - Petizioni Online - Raccolta Firme
Afin de protéger la Sérénissime, n'hésitez pas à la signer. N'oublions pas que Venise est appartient au patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous avons tous notre mot à dire...!