16 octobre 2005

Dimanche soir

Les enfants sont rentrés chez leur mère. Tout est calme ce soir. Il a fait un temps extraordinaire toute la journée. Un ami resté sur le bassin pour le mariage de son frère m'a dit tout à l'heure au téléphone que le temps était sublime. Comme en été.
 

Ne serait-ce pas l'été d'ailleurs qui reviendrait ? Ce temps incroyable qui redevient terriblement beau au début de l'automne et dont parle Jacques Mercanton dans son roman éponyme ? Mais je n'écris pas un article sur la météorologie ni sur les romans suisses contemporains. Et à Venise ? Le vent du matin a chassé les nuages. Le soleil là-bas brille aussi mais il ne fait plus très chaud me disait mon correspondant. La lumière doit être superbe. Quand il fait ainsi plus frais et que les nuages s'éloignent très haut, que le ciel retrouve son bleu dense, l'air des montagnes apporte à l'air une limpidité que l'eau démultiplie et réverbère sur les façades des maisons, sur les visages aussi.
C'est un temps que j'aime particulièrement. Souvenir de sorties de messe à San Giorgio, dans le déferlement des notes du grand-orgue que tenait alors Gian-Andrea Pauletta (dont je vous reparlerai) et des cloches sonnant à toute volée. Le vaporetto jusqu'aux Zattere. Le soleil lançant sur le bassin de Saint Marc des reflets d'argent. L'apéritif ou le café sur le quai. Une tarte aux amandes bien enveloppée dans sa boite blanche avec un ruban rouge. Le déjeuner au Palais Clari chez Agnès, la fille du consul. Puis le retour à pied vers la maison de S. Girolamo, par Santa Margherita, Santa Croce, le traghetto et enfin le ghetto. Cette atmosphère unique des dimanches d'automne. Quand le temps était encore beau. Qu'il commençait à faire froid. Les gens bavardant sur les places. L'odeur des plats mijotés pour le repas familial. peu de touristes dans ces ruelles difficiles à repérer. Quels moments heureux et paisibles nous avons vécu.
Ces impressions qui me reviennent dans un coin du cerveau me donnent envie de m'adonner à l'une de mes passions, la cuisine. J'ai acheté hier de belles sardines au marché. Je vais les préparer à la vénitienne, in saor. Je n'ai pas de pignons. Je vais les remplacer par des noix écrasées. Je vais faire aussi mes rillettes de thon et ma mousse de roquefort dont les enfants raffolent. L'occasion pour moi de vous donner des recettes. Et peut-être d'en recevoir !
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SARDE IN SAOR
Il s'agit d'une recette traditionnelle.
Pour 1 kg de sardines, il faut entre 800 grammes et 1 kg d'oignons blancs, 3 ou 4 cuillères à soupe de vinaigre blanc, de la farine, de l'huile d'olive, du sel. On peut prévoir aussi pour un plat plus raffiné, une ou deux cuillères à soupe de pignons et autant de raisins de Corinthe. Éventuellement des cerneaux de noix fraîches.
Il faut tout d'abord préparer les poissons. Nettoyez-les en grattant la peau à grande eau, enlevez la tête et les arêtes, videz-les. certains préfèrent les laisser entière mais la tête n'est jamais très tendre et cela ne plait pas à tout le monde. Tout d'abord, réduisez les oignons pour partie en hachis et pour partie en tranches très fines. Faites les blondir dans un peu d'huile d'olive à feu doux. Ajoutez le vinaigre et laissez mijoter jusqu'à obtention d'une sauce assez épaisse. Ajoutez alors des pignons ou des morceaux de noix, les raisins secs que vous aurez fait revenir auparavant dans du vin blanc. Une pincée de cannelle et de romarin. Préservez.
Dans une poêle, versez une assez grande quantité d'huile que vous ferez chauffer. Y faire frire les sardines en veillant à ce qu'elles soient bien dorées mais pas grillées, et ce des deux côtés. Lorsqu'elles sont fraîches, cette cuisson les attendrit tout en rendant la peau légèrement croustillante. Sortez-les et égouttez-les délicatement sur du papier absorbant. 
dans une terrine, disposez une couche d'oignons, puis des sardines que vous napperez d'oignons, puis une nouvelle couche de sardines et des oignons, jusqu'à épuisement des ingrédients. Les poissons doivent être entièrement recouverts. Couvrez et laissez reposer dans un endroit frais pendant au moins deux jours (l'idéal étant 4 à 5 jours). Cette marinade se conserve assez longtemps au frigo (dans la partie la plus basse) mais doit être sortie trente minutes avant d'être consommée. Je sers les sarde in saor avec des tranches de polenta grillées, des filets de poivrons marinés et des tomates cœur de bœuf juste coupées en tranches et recouvertes de lamelles de parmesan frais. C'est délicieux avec un Bardolino.

3 commentaires: (archivés par Google)


Nat a dit…
coucou! today i went to Starbucks on campus with two other Japanese (a boy one year younger than me and a lady of 40s) and we talked for 4 hours. it was fun. i miss french dessert and bread!! i miss the morning market in bordeaux!! Les photos du jardin sont magnifique!
lorenzo a dit…
aligato You're my farest reader ! Il fait beau ici et nous allons au cinéma voir le dernier Tim Burton at the Utopia. ce sont les vacances.
lorenzo a dit…
do Starbuck's in HK have these delicious macchiato and mocaccino ? Have fun and come back soon.

12 octobre 2005

Un blog sur Prague, ça vous tente ?




Je viens de découvrir le blog de Strogoff consacré à la merveilleuse, à la magique, à la grandiose cité de Prague. Allez-y faire une promenade. C'est très bien fait ! :  


Je voudrais aussi vous parler d'autres villes que j'aime et qui forment le "noyau dur" (terme rude n'est-ce pas) de l'Europe de la Culture : Trieste, Zagreb, Salzbourg, Londres, Lisbonne, Graz... mais cela se fera au fil des pages et des idées. en tout cas, je vous donnerez ici les adresses de blogs et des sites consacrés par d'autres amoureux de ces villes. 

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2 commentaires: 

 Strogoff a dit… 

A mais pas du tout , pas un blog de "Kiti", de Strogoff, un blog de Strogoff... Sinon oui, allez-y, Lorenzo a raison, c'est fichtrement bien fait, avec des photos, de l'amour, de la passion... bref tout ce qui fait que ce blog est vraiment exceptionnel, alors allez-y voir. 

Bon mais sinon merci Lorenzo pour ton appréciation, chuis heureux que ça plaise. Et pour le HTML, c'est pas bien compliqué, suffit juste de regarder chez les autres comment ils ont fait... Tiens, quand tu es sur une page (un blog), si tu as Internet Explorer, tu cliques sur "view", "source" (j'ai tout en Anglais alors en FR chais pas) et hop, tout le secret du HTML t'es dévoilé, y a plus besoin que d'un peu de bon sens et de recherche pour savoir comment que ce char à bia arrive à faire un joli blog... 

Pis si jamais vraiment t'as besoin, ben hop, l'Email qui va bien (à Strogoff, pas à Kiti) et je te donnerai un coup de main si je sais... J'te souhaite un super bon week end, Strog 

15 octobre, 2005 

lorenzo a dit… 

Oui, erreur, lecteurs : c'est Strogoff l'auteur. Kiti en fait un autre. Pas mal non plus qui m'a fait découvrir celui-ci. 
Merci Strogoff ! 

16 octobre, 2005

Citation du jour

© Paladino
"L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe".
Gustave Flaubert
extrait d'une lettre à Louise Colet

Les livres expulsés...

Qui peut prétendre qu'il ne se passe jamais rien à Venise ? Hier par exemple les sirènes des ambulances n'ont fait que résonner dans toute la ville. Trois morts à Saint Marc... 

Presque le titre d'un roman de Boileau-Narcejac. Trois pauvres touristes âgés. Le premier est tombé, le cœur brisé, entre les deux colonnes de la Piazzetta. A l'endroit même où autrefois la Sérénissime sacrifiait ses condamnés à mort. Le deuxième a fait une chute violente sur la piazza. Sa tête a heurté le marbre froid. Transporté à l'hôpital, il n'a pu être ranimé. Le troisième, un sujet de sa Très Gracieuse Majesté a fait un infarctus. Au moins, peut-on se satisfaire de l'idée qu'ils sont morts en gardant imprimée sur leur rétine l'image d'un des plus beaux lieux du monde. Mais arrêtons-là, je vais encore être soupçonné de cynisme et d'allergie aux touristes. Mon propos est ailleurs ce soir. Je viens d'apprendre par un ami new-yorkais qui a lu le Gazzettino de ce matin, qu'un scandale a éclaté à la Fondation Cini. Vous connaissez certainement ce lieu magique et somptueux, l'abbaye située sur l'île de San Giorgio, en face de Saint Marc.
 
Depuis plus de trois siècles, des milliers de livres sont rangés et mis à la disposition des lecteurs, étudiants et chercheurs, dans la somptueuse bibliothèque construite par Baldassarre Longhena, l'architecte génial de la Salute, et décorée de tableaux de Filippo Gherardi et Giovanni Coli. Lieu admirable qui a fait la joie de générations d'étudiants. Une décision administrative a décidé d'utiliser cette salle merveilleuse à d'autres activités, des réceptions et des congrès notamment... L'information a fait le tour du monde en un éclair, provoquant une réaction unanime. Un courriel des États-Unis est arrivé à la Fondation. Portant la signature de nombreuses personnalités de l'histoire de l'art et de l'architecture, parmi lesquels le poète Andrea Zanzotto, le professeur James Ackerman, professeur émérite à l'Université de Harvard, Patricia Fortini-Brown, spécialiste de l'Art Vénitien, doyen de l'université de Princeton, Frederick Ilchman, conservateur du Musée des Beaux Arts de Boston... 
Mais ce n'est pas tout me dit-on. L'ineffable projet que tout le monde conteste, en déplaçant la bibliothèque porterait atteinte à un autre lieu magique de l'abbaye bénédictine, la fameuse salle dite la Manica Lunga (manche longue), en fait l'ancien dortoir, construit à la fin du XIVe siècle. Un corridor de 130 mètres de long sur lequel donnent les petites cellules des moines, utilisées pendant des siècles par les bénédictins et récemment aménagées en foresteria (hostellerie) par les pères salésiens qui occupent les lieux. Notre monde va mal. Le paraître prend tellement d'importance qu'il vaut mieux pour les dirigeants de la Fondation réserver la prestigieuse salle de Longhena pour les petits-fours et les pince-fesses, fourrer les livres et leur poussière (plusieurs dizaines de milliers d'ouvrage d'histoire de l'art et de littérature) dans un couloir même du XIVème. 
Après tout, même à Venise on peut s'attendre à tout. C'est peut-être cette nouvelle attaque inopinée des barbares qui a tué nos trois pauvres vieux visiteurs l'autre matin sur la Piazza San Marco...

11 octobre 2005

Venise, DD.724

Sans vouloir faire de publicité, j'ai été charmé par la documentation que je viens de recevoir et qui concerne ce joli Bed & Breakfast ouvert en 2003, voisin de la Guggenheim, en plein Dorsoduro, avec une décoration résolument contemporaine. 

Dans un cadre très agréable, (les fenêtres donnent sur un bel espace vert, ou sur le rio delle Toreselle) DD.724 vous accueille. Chambres silencieuses et spacieuses. 

Véritables suites d'un raffinement de bon aloi. Quelque chose de new-yorkais dans l'ambiance... Atmosphère très cosy. Petit déjeuner copieux et art contemporain sur les murs. Lecteurs de DVD et internet bien entendu comme presque partout en Italie aujourd'hui. 

Un lieu sympathique et très classe pour ceux qui veulent sortir des dorures et des damas de soie pseudo baroques de la plupart des palais-hôtels ! En plus les prix sont raisonnables pour ce type de confort : entre 200 et 350 euros selon la chambre ou la suite (avec petit-déjeuner). 
Voir le lien ici

Le jardin d'Aristote

C'est fou comme les lieux communs au sujet de Venise ont la vie dure. La ville s'enfonce, il y a plein de pigeons. Les gondoles pour les amoureux... Tout un amalgame de fausses vérités, d'idées reçues et de poncifs souvent entretenus par des séjours trop rapides et mal organisés vendus par des tour-opérateurs sans vergogne comme on vend des petits pains. L'idée que la plupart des gens sur cette planète ont de Venise est exactement à l'image de ces groupes pressés au regard fatigué qui suivent péniblement la guide brandissant un parapluie jaune sur le pont de spailles ou le long du quai des Esclavons. Troupeau hagard qui ressemble, de loin comme de près, aux veaux qu'on transporte vers l'abattoir. L'issue en est certes moins fatale. Pour eux en tout cas, pas pour l'image de Venise !


Un exemple, on me dit souvent "oh Venise, ça sent mauvais !". Bordelais, habitué depuis mon plus jeune âge aux séjours sur le Bassin d'Arcachon, je réplique que l'odeur de vase quand il fait chaud, les senteurs de la marée près des parcs à huitre, l'hiver, et ce parfum très fort que l'on respire sur la lagune en toute saison, on le sent aussi à Arcachon, à Andernos ou au Cap-Ferret. D'ailleurs, il serait intéressant de faire une étude comparative de ces deux lagunes. L'éco-système lagunaire, l'habitat primitif, la forme des coques des bateaux de pêche, les rythmes de la pêche, les mouvements des bancs de sable, tout sur le Bassin d'Arcachon peut être rapproché de la lagune de Venise. 
Le climat n'est certes pas le même. Quand je passe en bateau près des cabanes tchanquées de l'Ile aux oiseaux, je retrouve l'atmosphère et le style des maisons vénitiennes d'autrefois encore debout sur certains ilots des environs de Venise. Les poteaux érodés par le sel et l'humidité tout noircis et couverts d'algues et de coquillages sont les parents des poteaux qui surgissent le long des canaux de la Lagune...


Un autre poncif c'est "le manque de verdure à Venise". Oui la Sérénissime est minérale et aquatique, vous avez raison chers touristes pressés. Mais les jardins, la part de chlorophyle de la nature à Venise se mérite. Elle se cache et se protège. J'ai déjà parlé il y a quelques mois des jardins secrets de Venise. Je connais au moins une douzaine de jardins, publics ou privés, où l'herbe est vraiment verte sans être de l'algue, où les arbres poussent et fleurissent, où des fruits et des légumes splendides font le bonheur des riverains. 
Sans parler des fleurs, les glycines par exemple, que l'on sent partout au printemps, des roses anciennes dans les jardins cachés de Dorsoduro, des lilas et des jasmins. Voici quelques images de lieux très verts, très paisibles et très reposants. Peu sont à la portée des touristes trimballés par les guides officiels. Pourtant, il y en a : le jardin public de la Biennale, celui du Palais royal, celui de San Girolamo, le campo de la cathédrale S.Pietro, le petit jardin de la Ca'Rezzonico, celui de la Giudecca et celui, très récemment ouvert, de la Ca'Foscari où les étudiants dès les premiers beaux jours vont se reposer. Ils s'y retrouvent pour bavarder, fumer (bien que cela soit maintenant interdit en Italie) et grignoter leurs sandwiches entre deux cours... vous voyez bien que c'est vert Venise !



10 octobre 2005

Joyeux Anniversaire, mon filleul !

Jacques, l'aîné de mes filleuls, fils de mes chers amis François et Maïté, deuxième d'une belle fratrie de six magnifiques enfants, tous pleins de talent et d'intelligence, fête aujourd'hui ses 17 ans ! Il a brillamment passé son baccalauréat en juin et, franchissant pour la dernière fois le portail de Saint-Genès où il a fait ses humanités, il se consacre maintenant entièrement au piano, sa passion. 

Élève du Conservatoire National de Bordeaux, c'est un pianiste très doué. Très à l'aise dans la musique romantique mais aussi parfaitement en harmonie avec les auteurs contemporains, il me plait pourtant de l'entendre jouer Bach pour lequel il n'a pas encore totalement la sensibilité. Je l'ai vu grandir devant son piano. Au début, sa vocation perçant déjà, il n'était que technique. Aujourd'hui, l'adolescence aidant, à sa virtuosité s'ajoute une grande sensibilité qui peu à peu se traduit dans son doigté, dans la musicalité qu'il répand par le clavier. C'est un plaisir de l'écouter jouer. Je suis très fier de lui. Je lui souhaite un très joyeux anniversaire. Nous irons certainement ensemble écouter Brigitte Engerer et Boris Berezovski ou Nicholas Angelich au Grand Théâtre. Enfant taciturne et secret, parfois difficile à comprendre quand il était petit, il est aujourd'hui un beau jeune homme, ouvert à la vie et au monde, épanoui, cultivé et tranquille. Combien le temps a passé. Je le revois, jouant avec ma fille Margot et son frère aîné Frédéric, dans le merveilleux jardin de Riboulet, chez ses grands parents... Il y a quelques semaines, il donnait son premier vrai concert dans une salle, à San Sebastian... Une promesse...

02 octobre 2005

Citation du jour

 
© Vanni de Conti - Droits Réservés

"La nature a des perfections pour montrer qu'elle est l'image de Dieu, et des défauts pour montrer qu'elle n'en est que l'image ."
Pascal (Pensées)

30 septembre 2005

Comme l'incendie d'un cerisier en fleurs

 
Ma fille aînée, Mrgot me disait hier soir sa difficulté à répondre à la question de son premier devoir de philosophie, "Que deviendrait une société sans artiste". Platon, Kant, Mallarmé, Artaud, René Girard et Paul Ricoeur sont mis à contribution. Vaste sujet, comme toujours. Je la laisse à ses réflexions après lui avoir donné quelques idées. Je me rend compte de l'étendue de sa culture et cela me remplit de fierté. Comme mes autres enfant, elle doute cependant. De ses capacités, de sa réussite. Je suis vraiment très fier d'elle, comme de son frère et de ses sœurs. Mais cette angoisse m'inquiète. Le monde qui les attend est tellement plus instable que celui de notre enfance. Ces enfants ont vite peur. Comment balayer leurs frayeurs ? Comment leur assurer un chemin paisible ?
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Mais fi des sentiments, je dois me mettre au travail. Un ami me parlait du musée des Années Trente de Boulogne, où il a découvert les toiles de Blatas, le dernier peintre de l’École de Paris et son "biographe". Notre conversation m'a donné envie de vous parler de lui, de son oeuvre et de ses années vénitiennes où, soutenu par sa femme, la cantatrice Regina Resnik, il travaillait avec acharnement dans son atelier de la Giudecca.
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Arbit Blatas, juif lithuanien né en 1908, quitta très jeune les brumes et les progroms de l'Est pour Paris. Il voulait être peintre. Il voulait être libre. Il rencontra tout ce que Montparnasse comptait d'artistes qui tous devinrent célèbres. A 21 ans, il était le plus jeune d'entre eux. Dans les années 60, il entreprit de peindre chacun d'eux : Soutine, Chagall, Picasso, Zadkine, Utrillo et son ami Modigliani, Marquet, Lipchitz et tant d'autres. Il travailla avec Suzanne Valadon puis avec Kurt Weil pour qui il dessina les costumes et les décors de l'Opéra de quatre sous. Il quitta la France pour les États Unis devant la menace allemande. Il fit le voyage avec Chagall. à New York, il épousa la célèbre cantatrice Regina Resnik, juive de Brooklyn avec qui il travaillera des années plus tard à un monument à la mémoire des victimes de l'Holocauste. ce fameux bas-relief qui trône sur l'un des murs du Ghetto de Venise, mais aussi à paris dans le Marais, au Mémorial juif, à Genève au siège de l'ONU. Il collaborera aussi avec elle pour les décors et les costumes d'opéras dont l'Elektra de Richard Strauss qui marqua son époque. Il avait longtemps travaillé et menait dans les années 80 une agréable vie de riche bohème. Je l'ai souvent vu à Venise.
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Notre maison d'édition sortit plusieurs portfolios de ses œuvres : l'opéra de quatre sous, le portrait de Marceau, celui de Sir Evans dans le rôle de Falstaff, Regina dans Elektra - une de ses meilleures compositions - et bien sûr les portraits de l'Ecole de Paris. Je numérotais au crayon les tirages et je lui amenais chaque édition à signer lorsqu'un souscripteur passait une commande. Il s'agissait de petits tirages souvent à compte d'auteur pour les amis du couple, américains pour la plupart, mais aussi vénitiens et français. Un temps, les toiles, conservées à Venise et devant être acheminées à New York, et sachant mon désir de réunir Venise et Bordeaux par des manifestations culturelles, il me proposa d'organiser l'exposition de l'ensemble de son travail sur l’École de Paris à Bordeaux. Sous-entendu "si Bordeaux veut m'acheter la toile représentant Marquet et payer une partie des frais, pourquoi ne pas envisager de laisser ma collection à Bordeaux"... J'expliquais au responsable de la culture de l'époque à la mairie - brave homme mais complètement inculte - l'intérêt de cette exposition.*
 
 
Derrière les peintures et les sculptures du maître, il y avait sa collection personnelle qui aurait pû former un jour une intéressante collection d'art contemporain du moins de l'art des 30 premières années de ce siècle : j'ai vu les peintures de Marquet, les dessins de Chagall, Soutine, Valadon, Matisse, Utrillo, Picasso que le maître souhaitait laisser un jour à un musée. Ce ne fut hélas pas Bordeaux. Je n'étais pas assez bien en cour. On ne me donna pas la possibilité de négocier cette dation... Ce fut Boulogne et c'est ainsi que naquit le musée des années 30 !
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Arbit Blatas est mort à New York en 1999, à l'âge de 91 ans. Nous correspondions une ou deux fois l'an. La dernière fois que je l'ai rencontré c'était à Venise. Nous étions avec Catherine et Christian M., charmant couple d'amis féru d'opéra. Déjeunant au Harry's Dolci, à la Giudecca, j'expliquais que Blatas et sa femme Regina Resnik habitaient tout près. Ils furent tout émus : "comment ! la grande diva vit ici et tu la connais ?" .
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Comme pour prouver le niveau de ma relation avec elle et aussi pour le plaisir de les revoir, j'emmenais mes amis jusque devant leur porte.  Nous sonnons. La voix de Regina surgit de l'interphone : "chi è?". Je me présente. "oh, Lorenzo, che sorpresa, vieni su!" ("oh ! Laurent quelle surprise, monte vite!)". Ils étaient ravis de notre visite. Arbit nous parla peinture, nous racontant de nombreuses anecdotes et Regina expliqua à notre ami subjugué ses relations houleuses avec Lombard (qui dirigeait encore l'ONBA à l'époque de notre visite) avec qui elle travailla lorsqu' il était à Strasbourg. Elle parla de ses mises en scène, ses rencontres avec Callas, Raimondi, et tant d'autres. L'appartement, situé au premier étage d'une maison face au canal de la Giudecca était très chaleureux. Des tableaux du maître occupaient les murs avec des dessins d'Utrillo et de Cocteau, des petites peintures de Chagall ou Picasso. Un bronze de Lipchitz. Le soleil pénétrait à travers les vitres et faisait briller les sculptures et les bibelots. Magie de Venise, nous étions là encore hors du temps. 
Et me revint en mémoire certains moments de rêve qu'il m'avait été donné de vivre dans cette maison autrefois. Je me souviens entre autres d'un dîner improvisé où je fus convié. Des problèmes de vaporetto nous avaient mis en retard. Tout le monde était à table. L'ambiance était bon enfant. Soudain un homme dont le visage ne m'était pas inconnu se leva et revint avec un violoncelle. Il joua. C'était divin. Je réalisais soudain que ce musicien assis à côté de moi, et avec qui j'avais échangé en anglais quelques mots sur les mérites respectifs du vin rouge et du champagne, n'était autre que Mitslav Rostropovich... Il était là parmi nous et nous donnait un véritable concert !
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Je me souviens aussi d'un jour de printemps où Blatas voulut me montrer son atelier. Il y avait dans l'escalier des petits dessins, des croquis, des mots griffonnés et illustrés, tous dans des cadres de différentes tailles. En m'approchant, je vis les signatures : Utrillo, Soutine, Ernst, Zadkine, Marquet... Un éléphant bleu me fascinait particulièrement. C'était un dessin plein d'humour de Picasso. Blatas me raconta plein de choses : Kurt Weil et l'opéra da Tre soldi, sa rencontre avec le mime Marceau, les soirées avec Picasso, les leçons de Suzanne Valadon la mère d'Utrillo et son combat pour aider celui-ci à se désintoxiquer... J'aimais son allure, sa manière de s'habiller, toujours très élégant, et sa façon de parler français, comme seuls les gens de l'Est savent le parler. Cet inimitable accent, mélange de r roulés et de pointe dans la voix à la parisienne.
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Il m'aimait bien. Je souffrais beaucoup dans cette galerie. le directeur était un homme d'intuition, génial dans ses choix d'artistes et dans sa politique d'édition. Mais c'était un tyran. Caractériel, alcoolique, homosexuel refoulé, il était très coléreux. Il me donnait l'impression d'avoir des comptes à régler avec l'humanité entière et je servais souvent de bouc-émissaire. Mais il m'a tout appris. Avec lui j'ai découvert en vrac, les peintres italiens contemporains, la nouvelle figuration, Tapiès, Alechinsky, Baj, Topor, Magritte, Adami... Blatas intervenait souvent en ma faveur quand, mon patron ivre mort, se mettait à hurler, me couvrant de tous les défauts de la terre... Cela évitait au moins que Carla, sa jolie jeune femme, ne fasse les frais de sa furie. Il avait certes du talent et c'est pour cela que Blatas travaillait avec lui.
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Missa Yoshida, Agnès Calvy , Massimo et moi
 
Il savait découvrir les artistes prometteurs et son sens du commerce nous mettait en contact avec les plus grands acheteurs de passage à Venise. Combien de toiles et de lithos signés de très grands artistes ai-je livré au Gritti ou au Danieli... Nous éditions trois ou quatre port-folios par an et organisions des expositions de jeunes talents comme Missa Yoshida, charmante japonaise mariée à un sympathique sérigraphiste vénitien. Parfois, il me confiait l'organisation de la soirée. Je fis ainsi mes premières armes dans la création d'évènements à une époque où sans téléphone portable, sans informatique, sans fax, nous réussissions des opérations de communication de grande qualité. Je me souviens d'une fête organisée à l'occasion du vernissage d'une exposition d'un peintre français sur le thème du carnaval. Blatas avait persuadé mon patron de me laisser faire. J'avais convié le tout Venise dans un restaurant près de San Bartolomeo, l'Osteria dal'Orso qui existe encore. 

 
Un groupe de huit jeunes choristes baroques du Conservatoire animait la soirée. le buffet était dans l'esprit des fêtes carnavalesques du XVIIIe : gigots farcis, volailles rôties, risotti, pâtisseries de tout genre. Une grand réussite dont les journaux parlèrent le lendemain. Mais je restais en retrait : bien qu'ami et protégé du consul de France de l'époque, de l'assesseur au tourisme et de nombreux vénitiens influents, je n'étais pas en situation régulière, juste de passage... Notre actuel ministre de l'intérieur m'aurait fait refouler manu militari aux frontières ! Mais c'était une autre époque, presque celle dont parle Morand dans "Venises", quand il explique qu'on voyageait de son temps sans passeport, mais avec des lettres de recommandation et que le franc à l'égal de l'or, était accepté partout et que partout on parlait le français, un français exquis... Mais là n'est pas mon sujet...
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Blatas m'a donc souvent aidé. Il avait pris l'habitude de se confier à moi, me racontant nombre d'anecdotes sur sa jeunesse à Montparnasse. Regina quant à elle m'expliquait sa "passion" pour l'âme juive et j'ai eu la chance de visionner avec elle son film "Ghetto", sur le ghetto de Venise, que j'aimerai présenter un jour en France avec une exposition des travaux de son mari sur l'Holocauste. Le générique de la série éponyme présentée il y a quelques années à la télévision française, était d'ailleurs illustré par les dessins de Blatas.
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Ils étaient très mondains. Mais cela en était attendrissant. On m'a dit que Regina Resnik est restée la même, très présente dans la vie new-yorkaise. Elle vit toujours à New-York, dans ce merveilleux appartement de la 56e rue, près de Central Park, rempli de ses souvenirs de diva et d'œuvres d'art, peintures de son mari et des plus grands artistes du XXème siècle. Je lui souhaite longue vie et la remercie de son attentive et chaleureuse affection.

29 septembre 2005

Album II

Mes enfants, les plus petits en tout cas, restent émerveillés par la beauté et la drôlerie des chatons. Nous sommes une famille à chats. Mon cabinet est occupé par Mitsou, un bon gros chat orange japonais, venu vers nous un matin d'été dans notre jardin du Cotentin. Il ne s'inquiète pas de savoir s'il dérange les visiteurs et toute la rue sait qu'il aime à rendre des visites de courtoisie quand il ne se dore pas au soleil sur le toit d'une voiture... Son amie, Yka (bordelaise, prénommée ainsi par sa maîtresse en hommage au chromatiste Yves Klein) vient souvent nous rendre visite et la famille de la meilleure amie d'une de mes filles élève bon gré mal gré des portées de chatons adorables que régulièrement il nous faut aider à caser. Quant à mon frère, sur sa propriété de Barsac, les chats ont un royaume... Bref l'amitié pour les chats et le goût de Venise allant de pair chez nous, voici quelques photos de félidés vénitiens.

posted by lorenzo

Citation du jour

"Être poète, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir. Et l'été vient"...

Rainer Maria Rilkein-Lettre à une jeune poète,
dans la seule bonne traduction, celle de Maurice Betz

28 septembre 2005

Album I


Il y a beaucoup de prétention à vouloir écrire sur Venise. Tellement de grands écrivains ont su décrire les merveilles de cet endroit unique au monde.
Aujourd'hui encore, en dépit de sa décrépitude, en dépit des barbares qui l'envahissent et la défigurent, elle est toujours aussi fascinante. Les mots sont pauvres à la décrire. Laissons les images parler. Celles que je vous présente ici ont été glanées sur le net. J'ai ainsi recensé à ce jour, plus de 200 sites et blogs du monde entier consacrés à Venise. En voici les images que j'en ai retiré. Que les auteurs de ces photographies soient remerciés. Quand cela était possible, un lien renverra au site d'origine de la photo présentée. A vos commentaires : notez les meilleures, nous aviserons les vainqueurs du choix de mes lecteurs.
 
posted by lorenzo at 20:19

27 septembre 2005

Un Maître de Lumière

Vous ai-je déjà parlé de mon ami, Bobo Ferruzzi ? Le hasard qui fait toujours bien les choses m'a permis un jour de le rencontrer et de devenir le responsable de sa galerie. Accueilli comme un ami revenu d'un long voyage, le maître m'a très vite fait rentrer dans sa vie, me montrant ses collections d'antiquités, ses réserves de tableaux et mille trésors inconnus du public : céramiques délirantes, tableaux presque abstraits ne gardant de la matérialité des lieux que des traits fous et des couleurs somptueuses. .. 

Car Ferruzzi est un coloriste dans la lignée des grands peintres védutistes. Il possède un sens de la lumière, de l'air que sa peinture emprisonne et qui exhale longtemps après avoir quitté Venise cet éclairage, cette force qui nous surprend quand au détour d'une ruelle, nos pas nous porte vers une place écrasée de soleil avec un canal dont l'eau aux reflets métalliques est imbibée des mille couleurs des bâtiments alentours... Voici quelques unes de ses œuvres et l'adresse de son site (ICI). 

Quand vous irez à Venise, ne manquez pas de visiter sa galerie, elle est tenue par son fils, antiquaire émérite et parfait biographe de son père. Il vous montrera les peintures, les sérigraphies, les cartes et les catalogues du peintre. Il vous parlera de Venise et de ses malheurs... Si vous rencontrez le maître, son chevalet sous le bras et qu'il est satisfait de son travail du jour, peut-être aurez-vous la chance d'être invité chez lui pour boire un délicieux vin blanc servi dans des gobelets de verre soufflé comme au temps de Goldoni. Il a tellement de choses à dire et d'anecdotes à raconter. Son français est excellent et son humeur vénitienne. Soupe-au-lait, il sait être attentif et son cœur est en or. Un grand monsieur, vraiment.

posted by lorenzo at 19:15

The best of Venice

Je viens de retrouver un article paru il y a un an dans The Independent. Il parle de plein de choses et notamment du peintre ferruzzzi et d'Hélène, sa femme, la créatrice des splendides tissus de velours frappés commercialisés sous le label Norelène. Je l'imprime tel quel avec son copyright en remerciant l'auteur, rachel spence, pour mes lecteurs anglo-saxons et les autres.

The play of sunlight on water, the shabby, graceful palaces, the Gothic churches, the fruit market at Rialto - for sheer beauty, Venice is in a supermodel class of her own. Yet some fear she is doomed. Either the acqua alta will ruin her or she will become a Renaissance theme park, peopled by camera-snapping tourists while her residents escape to the mainland where the cost of living is cheaper. Fortunately, there are reasons to be cheerful. The Moses flood barrier, which should halt the city's soggy decline, is finally under way; La Fenice, the legendary Baroque opera house destroyed by fire in 1996 is due to reopen in November. And most importantly, a new generation is tugging Venice firmly, but tastefully, into the 21st century. Today's traveller will discover chic new hotels, innovative restaurants and stunning work by talented, local artisans. With long, sunny days, limpid light, and the buzz of Easter celebrations in the air, April is one of the best months to visit.
Best hotel
For serious luxury book into Il Palazzo at the Bauer, San Marco, 1459 (00 39 041 520 7022; www.bauervenezia.com). A €40m (£26.5m) facelift has transformed the 19th-century faux-Gothic palace into a 35-room jewel-box. Many rooms overlook the Grand Canal and feature silk wall-hangings, Seguso chandeliers, four-poster beds, mosaic floors and Jacuzzi baths. Double rooms from €550 (£363) per night. Or book a two-night Gourmet Package for €902 (£645) per person, based on two sharing, including breakfast, a four-course dinner for two at the De Pisis restaurant, a wine-tasting at Enoteca La Canova, and a one-day tour of the Veneto with lunch and wine-tasting included in the deal.
The best-value bed for the night can be found at the Casa de Uscoli, overlooking the Accademia on the Grand Canal, San Marco 2818 (00 39 041 241 0669; www.casadeuscoli.com). Outside it's a Renaissance palazzo; inside it's furnished with a mixture of art deco glassware, contemporary designer pieces from Milan, and modern art. A double room costs €120 (£86) per night, including breakfast.
Another hip new sleepover is DD724, Dorsoduro 724 (00 39 041 2770262), a miniscule, modern, seven-room hotel, close to the Peggy Guggenheim museum - think plasma-screen TVs, abstract artwork, recessed lighting, a neutral colour scheme and olive-oil bath smellies. Doubles from €180 (£130), including breakfast.
Best restaurant
For classic Venetian cooking, given extra polish thanks to the talent of Michelin-starred chef Mara Martin, nowhere rivals Osteria da Fiore San Polo 2202, calle del Scaleter (00 39 041 721 308). Book well in advance. Three courses without wine cost from €90 (£60) per head.
Over on Dorsoduro, a new restaurant, Avogaria, Dorsoduro 1629, calle de l'Avogaria (00 39 041 296 0491) is proving a hit with locals who appreciate the stylish interiors and delicious southern cooking of Antonella, the young Pugliese chef. Three courses without wine cost €33 (£23).
For lunch on the lagoon, stop off at Al Gatto Nero, fondamenta della Giudecca 88 on Burano (00 39 041 730 120), a traditional fish restaurant where even the simplest dish bursts with flavour. Three courses without wine cost €35 (£25).
For a leisurely breakfast or light lunch, head east towards the public gardens and take a table on the lagoonside terrace of Angio, Castello 2142, riva San Biagio (00 39 041 277 8555). Often overlooked by tourists, it's run by young Venetians and the specialities include cheese and cold meat platters and toasted sandwiches. From €8 (£5.50).
Best Cultural Attraction
Amid dim light and glowing mosaics, a sung Mass is a memorable experience in St Mark's Basilica, Piazza San Marco (00 39 041 522 5205). The must-see gallery in Venice is the Galleria dell' Accademia, Dorsoduro 1050, Campo della Carita (0039 041 522 2247), which contains the best of Venetian art, from Byzantine Madonnas to Tiepolo's extravagant canvases. Until 20 June, it will house an exhibition of 17th- and 18th-century French drawings. Open Monday 8.15am-2pm; Tuesday-Sunday 8.15am-7.15pm. Admission €6.50 (£4.50).
For a taste of modernity, pay a visit to Ca' Pesaro, Santa Croce 2076 (0039 041 524 0695). Reopened last year after decades of closure, Venice's Museum of International Modern Art contains a handful of serious masterpieces, such as Chagall's Rabbi of Vilebsk, and a selection of paintings by notable 20th-century Italian artists such as Carlo Carra. Open Tuesday-Sunday, closed Monday, 10am-5pm from 1 November to 31 March and 10am-6pm from 1 April to 31 October. Admission €5.50 (£4).
Best Shopping
Head to calle della Chiesa in Dorsoduro to snap up the work of husband-and-wife team Helene Kuhn and Bobo Ferruzzi (00 39 041 523 7605). Her beautiful hand-painted velvets and silks are at No 683. His paintings of the city, which play on light and colour, are in the gallery opposite at No 727. For contemporary Murano glassware, the big name in town is Massimo Micheluzzi, Dorsoduro 1071, fondementa Bollani (00 39 041 528 2190). Byzantine-style jewellery, favoured by Dolce and Gabbana, is the speciality of the young Venetian brothers, Daniele and Stefano Attombri, San Polo 74, sottoportico Orafi (0039 041 521 2524). Nearby Sabbie e Nebbie, San Polo 2768/a, Ramo Pisani e Bargarigo (0039 041 749 073) sell stunning patchwork scarves by Florentine designer Tess Blondel.
Best Sightseeing
Clichéd it may be, but a gondola is the ideal way to see the city. Expect to pay around €65 (£46) for 45 minutes. Instead of joining the tourist hoards on the Grand Canal, start your trip in the Campo di Ghetto Nuovo in Cannaregio. You'll have the area's long, green canals and palaces all to yourself. Treasures en route include the spectacular church of Madonna dell'Orto and the house where Tintoretto lived. You can also visit the island of Torcello, where there is a Byzantine cathedral that offers a splendid view.
Best Nightspot
There's a lively bar scene in and around Campo Santa Margherita on Dorsoduro - try the Orange Bar at 3054. Until La Fenice reopens, the best place for opera and ballet is the Teatro Malibran, Cannaregio 5873, calle dei Milion (00 39 041 786 603; www.teatrolafenice.it) near the Rialto Bridge. From 16 to 24 April, the Fenice opera company is performing Bizet's The Pearl Fishers.
How to Get There
EasyJet ( www.easyjet.com) flies from London Stansted, Bristol and East Midlands from £40 return in April. British Airways (0870 850 9850; www.ba.com) flies from Gatwick from £89 return in April. To reach Venice from the airport, catch the ACTV No 5 bus from outside the terminal to Piazzale Roma. The journey takes 30 minutes and costs 77cents (55p). Or take the Alilaguna boat to San Marco which takes 40 minutes and costs €10 (£7). A three-day ACTV transport bought on arrival at the airport costs €22 (£16) for unlimited transport on ACTV buses and all vaporetti, although not the Alilaguna boat.

By Rachel Spence
Published: 11 April 2004
posted by lorenzo at 18:36

Citation du jour

De Gabriel Matzneff :

"La première règle si l'on veut rester soi-même et garder sa capacité d'émerveillement, c'est de ne pas se laisser envahir par les informations, par l'actualité. Si vous voulez savoir ce qui se passe sur notre bonne vieille terre, ne lisez pas les journaux, lisez Tacite, tout y est. Comme dit un personnage des Enfants du Paradis, "la nouveauté, la nouveauté, mais c'est vieux comme le monde, la nouveauté !"
 
posted by lorenzo at 23:02

26 septembre 2005

25 septembre 2005

Un autre coup de gueule, excusez-moi du peu !

L'autre jour, en Italie, une envie d'un café m'avait pris. A deux pas, un petit bar tout simple m'offrit vite la possibilité d'assouvir ce désir. "Un macchiato, per cortesià"... Deux gondoliers au comptoir, un vieux monsieur attablé, le journal grand ouvert devant lui à la page des résultats sportifs. Un gros chien orange endormi à ses pieds. Un lieu comme mille autres en Italie. Trois minutes plus tard, l'homme pose devant moi une tasse blanche, remplie d'un liquide fumant surmonté d'une sorte de nuage mousseux et odorant. Hmm ! parfum splendide. Un verre d'eau glacée vient vite rejoindre la tasse. Un délice... Le prix ? 0,80 euro... Quatre vingt centimes d'euros, ou, comme ils essaient de nous le faire dire, sur un mode américanisé quatre vingt cents (phonétique : sɛnts) ! C'est-à dire pour ceux qui ont encore du mal : 5,84 Francs. De retour en France, à la gare Montparnasse, en attendant le train qui nous ramènera à Bordeaux, je commande un café. "Une noisette, s'il vous-plait Mademoiselle", ce qui pourrait le plus se rapprocher du délicieux macchiato italien. Une serveuse ronchon me tend un gobelet de plastique brûlant avec un breuvage noir sans parfum ou plutôt avec une odeur très forte de brûlé mêlée à des remugles d'ammoniaque... Après avoir insisté trois fois pour obtenir un verre d'eau, la serveuse me le tend avec l'addition : 1,50 euro... Cet infâme liquide baptisé café m'était facturé plus de 9 francs !  C'est là que j'ai eu une espèce d'illumination. La baguette élastique décongelée à 1 euro, le journal à 1,20, le cornet de glace (avec une boule malingre) à 2 euros, les croissants à 80 centimes... Jai repris alors mes carnets d'avant l'euro. Ceux de mes voyages en Italie ou simplement ceux où je notais au milieu d'idées, de phrases dénichées à gauche ou à droite, mes dépenses quotidiennes. Voilà ce que cela donne, c'est édifiant :
[...]
Venise, Café Florian, Septembre 1990, 
Pris un cappuccino en attendant l'interview d'Ugo Pratt. Cher, 1200 Lires soit 6 francs. Il est bien meilleur qu'à la brûlerie Gamma, sous la Porte-Dijeaux à Bordeaux. Mais là-bas, je le paie 2,50 Francs seulement ! En revanche, le bar San Martino près de l'arsenal fait un délicieux café à 150 lires (0,75 franc) ailleurs à 200 lires et les tramezzini sont à 500. Ici on téléphone avec des jetons de 200 lires qui servent aussi pour les cafés 
[...] 
Bordeaux, août 1998. Personne. il fait chaud. Acheté un Anita Brookner chez Mollat. 42 Francs. Pris un citron pressé Place Pey Berland, 3 Francs. Pain de campagne : 1,20 Franc. Lait, 0,90 F.
Bien sur les temps ont changé, les matières premières coûtent plus cher, la main d’œuvre... Mais ce que je vois c'est que nous payons en France presque 7 francs une baguette de pain, davantage une plaque de beurre et les mendiants - de plus en plus nombreux dans les rues, nous harcèlent, non plus pour 1 franc mais pour 2 euros au moins (soit 14 francs  ) ! Est-ce normal ? Mes revenus sont peu ou prou les mêmes qu'à l'époque... A l'inverse, un antiquaire me disait l'autre jour qu'avec l'euro, aujourd'hui, le marché étant ce qu'il est, ce qui valait 1000 francs avant se négocié maintenant seulement 100 euros et cela aurait tendance à baisser au vu du déferlement des venets via internet... 
Pauvre France, tu acceptes tout, tu ne réagis pas. Pas plus que les espagnols ou les italiens... Suis-je devenu un vieux râleur pingre et pessimiste ? Où bien la maturité me fait-elle maintenant comprendre que nous sommes en permanence et d'une manière somptueusement organisée, floués, trompés et méprisés par ceux qui nous gouvernent ? Les choses ne sont pas roses en Italie non plus, mais au moins le café y est meilleur. Il reste moins cher. La vie y demeure plus douce et la jeunesse bien plus prompte à réagir et à tout bousculer pour un monde meilleur... L'atmosphère est tellement plus douce, plus joyeuse. Viviamo bene in Italia. et particulièrement à Venise où je ne me souviens pas avoir ressenti du stress ou une quelconque tension, en dehors des soirées de calcio ou au moment des élections...

Vivement que je retourne sur les Zattere, manger un gianduiotto de chez Nico. 
posted by lorenzo at 22:52