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| Tiepolo, le banquet de Cléopâtre, Palazzo Labia |
"La beauté est une justice supérieure"
Gustave Flaubert
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
Les
pavés de la cour brillent sous la grande verrière, et j'observe les
gens qui passent, en attendant de pouvoir accéder au guichet. Une
très vieille femme presque pliée en deux sur sa canne demande un
renseignement à deux jeunes gens très élégants. L'un est assis sur la
margelle, l'autre, la main posée sur le bord du puits tient à la main un
parapluie multicolore. Est-ce la lumière presque métallique, mais
ces personnages ressortent comme s'ils étaient sous un projecteur.
Les couleurs qui les animent en font les protagonistes d'une scène de théâtre, muette. J'aime ce lieu, vers midi.
Mais ailleurs, dans les quartiers retirés de Dorsoduro même, en dehors du circuit habituel des touristes, il règne un calme extraordinairement plein. Un peu comme sur la place d'un village en plein été. Le chant des oiseaux, une radio quelque part... Parfois une barque à moteur passe lentement en crachotant. Les chats dorment sur les margelles des puits. Les portes et les fenêtres entr'ouvertes laissent échapper des senteurs alléchantes. Nul cri, nulle précipitation.
J'imagine ainsi que tous ceux qui vivent derrière ces façades embellies par le soleil, sont endormis ou assoupis. C'est l'un des miracles de Venise. On ressent toujours ainsi à marcher dans les rues de la Sérénissime, dès que la bonne saison revient, une immense sérénité. C'est l'un des meilleurs remèdes que je connaisse à l'inquiétude, à la nervosité, à l'angoisse : Si vous venez d'arriver à Venise, si vos ennuis, vos soucis, vos craintes vous ont accompagné et semblent ne pas vouloir vous quitter, alors, posez vite vos bagages, chaussez vos mocassins les plus confortables, prenez un livre que vous aimez et sortez dans les rues. Marchez, marchez... Allez vous perdre là où le soleil habille les maisons d'un vêtement de grâce. Saluez d'un geste discret de la tête les rares passants que vous croiserez. N'hésitez pas à vous perdre.
Asseyez-vous sur un banc, là, sur ce petit campo que vous ne connaissez pas. Plus tard vers quatre heures, vous trouverez au hasard de vos pérégrinations un joli petit café avec deux ou trois tables sur une place inconnue. Vous y boirez un café ou un verre de vin blanc en lisant tranquillement. Si la faim vous taraude, il y aura certainement quelques tramezzini ou des paste di mandorla. Plus tard, à partir de cinq heures, des gens commenceront à sortir et à apparaître sur ce palcoscenico improvisé. Vous verrez des enfants avec leurs tricycles, des petites filles poussant leurs poupées dans de rutilantes poussettes. Des dames se regrouperont pour bavarder et quelques petits garçons énergiques taperont dans l'inévitable ballon. Le campo peu à peu s'animera. Mais, désirant rester solitaire encore, vous aurez peut-être découvert un peu plus profondément encore dans la Venise authentique, une place où personne ne passe. Un de ces bancs peints en rouge vous accueillera, ou la margelle d'un puits, ces marches au bord du canal.
Rêvez. Si vous désirez lire ou noter vos impressions, mettez-vous à la recherche d'un coin vraiment tranquille. Je vous recommande le parvis de San Elena, à Castello ou le Café del Paradiso, à l'entrée des jardins de la Biennale. Là, sous la tonnelle, avec le parfum des arbres et l'une des plus belles vues de Venise en face de vous, vous trouverez l'inspiration nécessaire pour écrire votre plus belle lettre d'amour ou de rupture. Il y a aussi le jardi de San Alvise à Canareggio, les Zattere et quand les travaux seront terminés, la pointe de la douane. mais là, devant le plus extraodinaire paysage que l'homme ait jamais contribué à créér, vous ne serez jamais vraiment seul (sauf après deux heures du matin et encore un jour de pluie!). Bonne promenade avec vous-même.
© photo de Claire Normand - Avril 2006. Tous droits réservés.
Qui pourrait un jour m’expliquer ce sentiment qui est toujours le mien quand le silence se fait dans la rue et que nul bruit moderne ne vient plus perturber mes oreilles ? Le chant des oiseaux, le bruit de pas, des sons d’un chantier au loin. Pas de vacarme. La paix. Je me sens dans ces moments-là comme retranché de la vie et pourtant totalement en fusion avec elle. Cette atmosphère matutinale que l’on ressent ici ce matin, en pleine ville, me rappelle Venise. 
En quelque endroit que j'aille, il faut fendre la [presse /D'un peuple d'importuns qui fourmillent sans cesse. /L'un me heurte d'un ais dont je suis tout froissé ;/Je vois d'un autre coup mon chapeau renversé. /Là, d'un enterrement la funèbre ordonnance /D'un pas lugubre et lent vers l'église s'avance ;/Et plus loin des laquais l'un l'autre s’agaçant, /Font aboyer les chiens et jurer les passants. /Des paveurs en ce lieu me bouchent le passage ; /Là, je trouve une croix de funeste présage, /Et des couvreurs grimpés au toit d'une maison /En font pleuvoir l'ardoise et la tuile à foison. /Là, sur une charrette une poutre branlante /Vient menaçant de loin la foule qu'elle augmente ; /Six chevaux attelés à ce fardeau pesant /Ont peine à l'émouvoir sur le pavé glissant. /D'un carrosse en tournant il accroche une roue, /Et du choc le renverse en un grand tas de boue : /Quand un autre à l'instant s'efforçant de passer, /Dans le même embarras se vient embarrasser./
Vingt carrosses bientôt arrivant à la file /Y sont en moins de rien suivis de plus de mille ; /Et, pour surcroît de maux, un sort malencontreux /Conduit en cet endroit un grand troupeau de bœufs ;/Chacun prétend passer ; l'un mugit, l'autre jure. /Des mulets en sonnant augmentent le murmure. /Aussitôt cent chevaux dans la foule appelés /De l'embarras qui croit ferment les défilés, /Et partout les passants, enchaînant les brigades, /Au milieu de la paix font voir les barricades. /On n'entend que des cris poussés confusément : /Dieu, pour s'y faire ouïr, tonnerait vainement..."
Frederic Eden
Antonio Vivaldi,
La première, qu’un ami américain a testé l’an passé, est tenue par un chinois. Située à Cannaregio,
sur la calle Ghetto Novissimo, ce Bed and Breakfast est très propre
et bien tenu. La colazione est abondante et appétissante, l’accueil
attentionné. Les dortoirs sympathiques. Le tout pour 20 euros la nuit !
Mais c’est petit. N’arrivez-pas à onze heures du soir en espérant
trouver un coin disponible. Le quartier est très pittoresque et c'est un
régal, le soir, de se promener aux alentours du ghetto, vers San Alvise, sur la Fondamenta San Gerolamo
où vous croiserez peu de touristes.
Cet
établissement est géré par la Pastorale Universitaire du Patriarcat
de Venise. Au milieu d’un jardin qui mériterait d’être réaménagé
(c’est en projet), cette résidence étudiante ouverte toute l’année aux
voyageurs, jeunes et moins jeunes, est située sur les ruines de
l’ancien couvent de Santa Fosca.
Il y a exactement un an, jour pour jour, je publiais mon premier "post" sur blogspot. Un peu hésitant, je découvrais l'art et l'usage des blogs. C'est ainsi que vint au monde Tramezzinimag... Un peu fourre-tout au départ, les conseils éclairés de certains lecteurs, blogueurs émérites m'ont aidé à donner peu à peu à ce journal, son sens et sa forme. Plus de 5600 visiteurs m'ont fait à ce jour l'honneur de me lire. Grâce à eux, je m'améliore. Enfin je crois...
son amour pour Venise et qui exprime ses joies et ses colères chaque jour depuis douze mois. Mais je dois avouer qu'un de mes meilleurs moments de la journée, lorsque je quitte mon cabinet, c'est, une tasse de thé fumant sur ma table, Mitsou le chat ronronnant sur mes genoux, je me mets à mon clavier pour écrire et mettre en page mon article quotidien.
Pourquoi ce drôle de sentiment ce soir ? Une espèce de dépit, une rage insidieuse. Comme une grande colère. Le temps est orageux ici. Il va pleuvoir. les enfants sont insupportables. Peut-être suis-je trop impatient. Nerveux en tout cas. Le ciel est noir. Il fait si sombre que j'ai dû allumer toutes les lampes. C'est comme si j'entendais la musique que Hans Zimmer a créé pour "Batman Begins", le film de Christopher Nolan sur les débuts de Batman à Gotham... J'enrage de n'être plus vénitien en fait, de supporter la pollution, le bruit, la grisaille de Bordeaux. Pourtant j'aime cette ville, les façades qui blanchissent les unes après les autres, les arbres en fleurs, les oiseaux qui chantent et les rues redevenues propres et agréables, les gens qui se promènent...
Hier le Jardin Public débordait des mêmes, vautrés sur les pelouses où ils laissent mille traces de leur passage le soir : bouteilles vides, papiers gras, kleenex ou papier toilette, branches cassées et fleurs arrachées. les barbares sont partout. A Venise aussi me direz-vous, mais quand on veut les oublier, éviter les hordes de veaux déguisés en touristes, il suffit de se perdre dans les dédales et quelques ponts plus loin, on n'entend plus rien que le bruit de nos pas, le chant des oiseaux et le cri des enfants qui jouent dans les cours des maisons, sous le regard des chats endormis sur la margelle d'un puits. Là-bas, même dans un quartier populaire et décati, rien de sordide ne vient vous agresser l’œil. Et si les graffitis et les tags se répandent aussi, ils ne se retrouvent que dans les quartiers du centre. A Bordeaux, les barbares sont partout, autour des Quinconces, sur les marches du Grand Théâtre, sur les quais. Une invasion. et ils saccagent, ils consomment le décor... Saint Michel, hier encore si pittoresque, est devenu un champ de déjections canines arpenté par de jeunes islamistes allumés et agressifs et de babas drogués... Mais bon, voilà, nous en sommes tous là, on ne fait pas toujours et à tout moment ce que l'on veut..
messe de Gabrielli, des motets de Roland de Lassus, le ciel magnifique en sortant et ce matin, mon fils au violoncelle, le chat qui jouait avec le lapin et qui s'arrêtèrent pour l'écouter, l'excellent porc à la napolitaine arrosé d'un Lacrima Cristi rouge 1990 et Nina Simone qui chante divinement "I shall be released" de Bob Dylan. 
"Venise, ville des êtres solitaires, qui caressent de la main, tel un visage, le parapet des ponts, se donnant l'illusion de suspendre le temps..."
"J'aimerais vivre dans les ports verts et silencieux de Carpaccio, où le ciel et la mer ne font qu'un, et où les pavillons flottent à peine au vent humide et chaud de l'Adriatique. Mais ce n'est pas Venise, c'est un paysage de l'âme. Il y a aussi la forêt toute proche, et une petite chapelle au sommet d'un rocher. Et les embarcadères de corail et de soleil couchant de Claude Lorrain !"
"Je ne recherche dans la vie que le plaisir de chaque instant, je ne consens à vivre qu'à condition d'être heureux. Mon bonheur ne tient qu'à moi..."

Curieuse impression ce soir, en pénétrant dans les salles vides de la Querini Stampalia. L’odeur des livres, le silence que perturbe le bruit de mes pas sur le plancher ciré, tout me ramène vers mon passé et soudain, les grandes pièces de cette bibliothèque où j’ai si souvent travaillé la nuit se peuplent des personnages qui ont accompagné ma jeunesse vénitienne..
Ils me confirment surtout combien cette vie vénitienne a été riche et formatrice, combien j'y ai reçu. Mes années d'apprentissage ont à jamais le goût de l'air un peu salé qu'on respire à Venise. Ce sont mes enfants aujourd'hui qui, écouteurs à l'oreille, avec une musique différente, partent la nuit, déambuler dans les ruelles de notre ville. Leur joie d'être ici est la parfaite justification de mes choix. Si j'étais resté, ils n'existeraient pas. Ils valent mieux que tous mes rêves d'autrefois...Chaque fois que je reviens à Venise, je trouve ma ville plus belle, mille trésors nouveaux m'apparaissent que j'avais perdu l'habitude de voir et cela me rend très heureux...Carlo Goldoni
Je sonne une dernière fois, et je lâche le cordon qui pend le long de la porte. J'écoute le carillon de la clochette qui retentit dans le vestibule sonore et dans tout l'appartement vide. Maintenant je suis certain qu'il ne viendra pas m'ouvrir, comme il le fait d'ordinaire, le pouce au trou de sa palette qui ressemble à une mosaïque fondue, tandis que, de l'autre main, il boutonne son gilet. Je n'ai plus qu'à descendre l'escalier sans même demander au concierge où est son locataire, car il me répondrait que "Monsieur est en voyage".
C'est celle-là qu'il a peinte, mais dont il ne parle jamais. Les mois et les mois qu'il y a passés ont-ils donc disparu de son souvenir ? Jamais il ne prononce le nom de la ville quand nous sommes ensemble, quoique nous pensions l'un et l'autre à elle. Nulle part elle n'est plus présente que dans cet atelier. Elle est dans ces toiles retournées et que j'imagine à ma guise, tout en regardant dans une vitrine quelqu'une de ces fioles transparentes rapportées de là-bas et qui semblent toujours contenir de l'eau de la lagune, tandis que, sur le parquet, se roule un chat qui porte au cou un de ces colliers en boules de verre coloré qu'on fabrique à Murano, – un chat trapu, rond et baroque, qui a l'air de ces animaux un peu diaboliques dont Carpaccio animait ses compositions et dont il ornait ses terrains semés de fleurettes délicates, sous les pas de ses San Giorgio et de ses Santa Orsala.

Enzo Pedrocco avec cette photo lance une polémique : pour lui les touristes en s'appropriant Venise, la dénature. Sartory répond que les touristes venant des villes envahies et polluées par les voitures sont ravis de se vautrer à même le sol comme d'autres s'assoient dans l'herbe des prés quand ils arrivent à la campagne. Voici une adaptation du texte de Pedrocco. Quel est votre avis, amis lecteurs ?
Je suis presque certain que le même lieu pris en photo une heure après, montrerait les leoncini (la petite place surélevée qui est devant le palais patriarcal, où on déposait autrefois les noyés pour qu'on vienne les reconnaitre) garnis de papiers gras et de bouteilles vides, comme souvent dès que la bonne saison revient... Bien entendu, s'il y avait davantage de lieux adaptés aux touristes peu argentés, des espaces verts avec des bancs et des tables, des toilettes publiques, des corbeilles plus nombreuses et des "stewards" ou des "hôtesses" pour rappeler les usages à tout ce monde, les choses seraient différentes. mais Venise n'est pas Disneyland, ce n'est pas un parc d'attraction, ni un parc tout court, encore moins une réserve. C'est une ville, certes unique et dont la beauté appartient à tous, où des gens vivent, travaillent et doivent se déplacer. Je vous assure qu'on a vite l'impression, quand on vit à Venise, et que le beau temps amène des hordes de visiteurs, que nos rues, nos campi, nos intérieurs aussi, sont autant de cages qui attirent les visiteurs et que d'humains, nous passons à l'état de singes qu'on observe, qu'on photographie... A quand les cacahuètes ?