© Enzo Pedrocco |
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
06 février 2012
05 février 2012
La neige est là !
"Le froid s'abat sur l'Europe" clament les médias. Quelques degrés en dessous de zéro et on serait paniqué ? Quelle rigolade. Les (merveilleux) cinq centimètres de neige qui recouvraient ce matin Bordeaux ont paralysé toute la ville : plus de tramways, plus d'autobus, des automobiles au pas, d'autres en travers de la route et le vide. La ville semblait abandonnée au petit matin. Puis les gens sont sortis. les enfants surtout et ceux parmi les grandes personnes qui ont su garder leur âme d'enfant. Les meilleurs d'entre nous, les poètes, les artistes, les rêveurs. Partout des groupes élevaient de magnifiques bonshommes de neige, improvisaient des batailles de boules de neige. C'était la fête. Demain, tout aura disparu. La pluie va venir effacer toute cette blancheur immaculée. C'est normal, demain ce sera lundi et la grisaille du recommencement. La routine. L'école pour les petits à la place des jeux dans la neige. Les obligations professionnelles et sociales pour les parents. La parenthèse doit être refermée. A Venise point encore de neige. Quand elle tombe, tout change là-bas aussi. Le silence se fait soudain plus vaste et plus profond. Tout est embelli, magnifié, comme un merveilleux objet qu'un papier de soie enveloppe et protège. En attendant, il fait froid et le soleil qui se montre pourtant bien décidé ne parvient pas à réchauffer l'air. La neige n'est pas loin murmurent les vieux vénitiens qui sentent venir le vrai froid et la neige...
2 commentaires:
-
- Vous avez raison, dans le bordelais nous sommes peu habitués à ces vagues de froid, c'est bien connu. Pourtant nos ancêtres il n'y a pas si longtemps savaient faire avec.
- 06 février, 2012
02 février 2012
Toujours ces petits riens
Écrit en écoutant Frank Sinatra qui chante Prisoner of love.
Le ciel est d'un blanc d'acier. Le froid s'est répandu sur toute
l'Europe. Un froid sec et revigorant. La lumière est très belle.
Métallique. A la campagne, l'air doit être chargé de ces parfums
confortables qui consolent les cœurs affligés, mélange d'humus et de
bois qui brûle dans l'âtre, odeurs de soupe, de mousses et d'écorces. A
Venise dans ces moments-là, on respire les senteurs du large, le parfum
des pierres mouillées par l'eau des canaux. Autrefois se mêlait à tout
cela l'odeur du charbon qui brûlait dans les chaudières et dans les
vieilles cuisinières où chauffait la pastaciutta.
Avez-vous remarqué quand il fait froid combien notre odorat est aiguisé
? Ce mélange de muguet et d'iris qui suit la belle jeune femme qu'on a
croisé, l'odeur du pain chaud qui s'échappe du fournil sur la fondamenta...
Encore et toujours ces petites choses sans grande importance qui
rendent la vie délicieuse, bien plus que toutes les possessions et les
richesses.
Le soleil pointe ses rayons, soudain tout semble chanter. Un air un peu démodé chanté par Billie Holiday me revient à l'oreille. un air que fredonnait ma mère quand j'étais un petit garçon. "I Don’t Stand A Ghost Of A Chance With You" (cliquer sur le titre) de Mel Tormé, surnommé The Velvet Fog. La journée sera belle et douce.
Venise, l'hiver et l'été, de près et de loin..
Mille remerciements à ceux de mes lecteurs qui ont commandé le livre et su patienter aussi longtemps, me soutenant et m'encourageant quand les problèmes s'amoncelaient et finissaient par me décourager. Sauf erreur, tous les ouvrages acquis par souscription sont parvenus à leurs destinataires. Mille remerciements aussi à ceux qui ont aimé le livre et m'ont envoyé leurs commentaires et leurs encouragements. Les heures passées à écrire, relire et corriger sont largement récompensées par tous les mots charmants, les lettres et les courriels que j'ai reçu.
6 commentaires:
- J@M a dit…
- Y'a erreur....
- 02 février, 2012
-
- Erreur aussi ! Point d'ouvrage arrivé à Verdelais à ce jour.
- 03 février, 2012
-
- Mais (sauf erreur justement) tous les ouvrages souscrits ont été expédiés. je vérifie. Désolé en tout cas et je croise les doigts pour que vos exemplaires ne se soient pas perdus !
- 03 février, 2012
- VenetiaMicio a dit…
- Lorenzo, colis bien arrivé chez moi ! À bientôt, je commence la lecture ! Bien à vous Danielle
- 04 février, 2012
-
- Cher Lorenzo, j'ai toutes sortes de travaux urgents à rendre, donc je n'ai pas encore eu le temps de me plonger complètement dans votre livre, il me tarde vraiment. Surtout que j'ai du mal à joindre mon amie Marie-Christine Deprund, à chaque fois elle est en train de vous lire,et très heureuse de découvrir à son rythme vos pages qu'elle trouve si inspirées et profondes. C'est "amusant" que vous ayez vu C'est à dire en librairie, si vous le lisez vous y trouverez sûrement une Venise qui vous est proche. Amicalement
- 05 février, 2012
-
- Lorenzo, j'aurais sans doute dû vous dire plus tôt que j'aime beaucoup votre livre : les descriptions de Venise, votre ton très personnel, ces fragments de temps intensément vécu, vos réflexions si profondes qui donnent à méditer. C'est très beau. Merci. Anne
- 07 février, 2012
01 février 2012
Le dialecte vénitien. Exemples
Ne
devrait-on pas parler plutôt de la langue vénitienne . Après tout le
vénitien fut la langue officielle de l'administration de la République.
Si le français et l'italien succédèrent
au latin comme moyen de communication avec les autres peuples, le
vénitien s'imposa comme la langue de la communauté vénitienne, du doge
au plus humble apprenti de l'arsenal, tous la parlaient. Ils la parlent
encore. Je
n'aurai pas la prétention de vouloir l'enseigner aux lecteurs de
TraMezZiniMag, cependant en donner quelques notions va dans le sens de
notre réflexion amorcée avec vous depuis le billet sur les
"néo-vénitiens". Et puis parce que je travaille depuis quelques mois à
l'élaboration d'un dictionnaire - un lexique - vénitien-français qui
n'existait pas alors que l'équivalent anglais a vu le jour depuis
longtemps déjà, autant "prendre la température"...
Le
dialecte trouve son origine on ne sait où. Des linguistes émérites ont
trouvé des racines communes avec le basque et plus loin avec certaines
langues parlées du côté de l'Hindus. Rien de celte contrairement à
d'autres langues régionales d'Italie. Mais n'étant pas linguiste ni
philologue, je ne saurai m'aventurer dans un domaine hautement technique
qui ennuierait mes lecteurs. Ceux qui sont souvent à Venise ne peuvent
que s'être rendus compte de la différence d'accent entre le parler
vénitien et l'italien "normal". C'est un accent que l'on attrape vite et
qui fait qu'on repère partout l'origine vénitienne de celui qui parle
avec. On peut le trouver grossier, voire vulgaire. Il m'est arrivé
d'entendre des parisiens dire la même chose du basque ou de l'occitan.
Mais laissons aussi ces considérations de peu d'intérêt. Abordons
quelques bribes de vocabulaire. ce qu'on apprend souvent en premier
quand on commence l'apprentissage d'une langue au milieu de ceux qui la
parlent, ce sont les expressions populaires, triviales. Les "gros mots" comme
disaient nos grands-mères. En voilà quelques uns avec, dans la mesure
du possible leur phonétique. J'ai en projet cette année d'enregistrer
des vénitiens à qui je demanderai de prononcer les mots usuels du
dialecte et quelques expressions courantes. De quoi s'exprimer face aux
autochtones et de leur montrer l'intérêt que l'on prend à leur culture
et le respect qui nous fait souvent défaut quand on se contente de
s'exprimer en français ou en anglais, avec force gestes pour tenter de
se faire comprendre de l'habitant. Vieux réflexes de colons
impérialistes ?
Le premier mot, nerf de toutes les guerres et liant de bon nombre de relations entre les personnes, est le mot "argent". En vénitien, il se dit "Schei" ( prononcer skeye). On devine une parenté avec le mot écu. Le terme a survécu jusqu'à nos jours, en dépit du passage à la Lire puis à l'Euro.
Ti ga schei ? : tu as des sous. Expression souvent employée pour exprimer la surprise. par exemple quand on est avec quelqu'un qui n'a pas l'habitude de sortir son portefeuille le premier et résiste à la tentation d'inviter ses commensaux. Par extension, le mot employé au singulier (il devient alors "scheo") sert à indiquer quelque chose de petite dimension ou une faible longueur. (Un sou, c'est petit dans tous les sens du terme !)
"Spòsteło de vinti sche"i " : déplace-le de vingt centimètres.
Le terme est d'usage courant avec une connotation triviale, presque vulgaire. La vieille comtesse du palazzo voisin ne l'emploiera pas quand elle fait ses courses. tout au plus le mot lui échappera quand elle recevra sa facture d'électricité ou devra payer les gages de sa vieille servante. Il est souvent sur les lèvres des gondoliers et des boutiquiers. Il serait utile d'apprendre son équivalent en chinois d'ailleurs. Mais on va encore m'accuser de mauvais esprit !
En revanche, l'arrivée de la monnaie unique a pratiquement fait disparaître le vocable "franco" qu'on utilisait pour la lire et par extension pour désigner une certaine quantité d'argent.
"Trenta franchi" correspondaient à trente lires, "na carta da mìłe franchi" désignait un billet de mille lires. Le terme n'avait pas de rapport avec le Franc français mais avec la monnaie autrichienne en vigueur pendant l'occupation et qui portait gravée l'inscription "FRANC." abréviation du nom de l'empereur François-Joseph. Les vieux vénitiens continuent de l'employer mais on l'entend bien moins qu'avant.
Le premier mot, nerf de toutes les guerres et liant de bon nombre de relations entre les personnes, est le mot "argent". En vénitien, il se dit "Schei" ( prononcer skeye). On devine une parenté avec le mot écu. Le terme a survécu jusqu'à nos jours, en dépit du passage à la Lire puis à l'Euro.
Ti ga schei ? : tu as des sous. Expression souvent employée pour exprimer la surprise. par exemple quand on est avec quelqu'un qui n'a pas l'habitude de sortir son portefeuille le premier et résiste à la tentation d'inviter ses commensaux. Par extension, le mot employé au singulier (il devient alors "scheo") sert à indiquer quelque chose de petite dimension ou une faible longueur. (Un sou, c'est petit dans tous les sens du terme !)
"Spòsteło de vinti sche"i " : déplace-le de vingt centimètres.
Le terme est d'usage courant avec une connotation triviale, presque vulgaire. La vieille comtesse du palazzo voisin ne l'emploiera pas quand elle fait ses courses. tout au plus le mot lui échappera quand elle recevra sa facture d'électricité ou devra payer les gages de sa vieille servante. Il est souvent sur les lèvres des gondoliers et des boutiquiers. Il serait utile d'apprendre son équivalent en chinois d'ailleurs. Mais on va encore m'accuser de mauvais esprit !
En revanche, l'arrivée de la monnaie unique a pratiquement fait disparaître le vocable "franco" qu'on utilisait pour la lire et par extension pour désigner une certaine quantité d'argent.
"Trenta franchi" correspondaient à trente lires, "na carta da mìłe franchi" désignait un billet de mille lires. Le terme n'avait pas de rapport avec le Franc français mais avec la monnaie autrichienne en vigueur pendant l'occupation et qui portait gravée l'inscription "FRANC." abréviation du nom de l'empereur François-Joseph. Les vieux vénitiens continuent de l'employer mais on l'entend bien moins qu'avant.
6 commentaires:
-
- Dans ma région (Vicenza, Val d'Astico) on dirait : "gheto schei?)
D'après le dictionnaire lo Zingarelli,les dialectes italiens- ou langues si elles sont écrites comme le vénitien - sont des langues "romanze" issues du latin vulgaire ( le latin étant lui-même une langue indo-européenne).La présence de "g" comme dans "el gaveva..." correspondrait au dialecte régional avec des éléments de "bellunese cittadino"?
Il existe un dictionnaire vénitien/italien fait par Giuseppe Boerio.
Graziella - 01 février, 2012
-
- Absolument. Merci de ces précisions. Il existe même un lexique vénitien-anglais mais rien à ce jour en français. Nous y travaillons.
- 01 février, 2012
-
- http://www.blogger.com/profile/03524487160360572243J'espère que, dans votre ouvrage, on lira aussi des mots d'amour vénitiens...
Anne - 01 février, 2012
- Virginie Lou-Nony a dit…
- Moi je suis pour une leçon de vénitien par semaine, mots d'amour et gros mots, locutions, proverbes, je prends tout avec bonheur
-
01 février, 2012
- Aldo a dit…
- Pour le plaisir, voici une petite "poésie" que ma grand mère me récitait de temps en temps:
Veneziani gran signori,
Padovani gran dotori,
Visentini magna gati,
Veronesi tuti mati,
Udinesi castelani col cognome de Furlani,
Trevisani pan e tripe,
Rovigoti baco e pipe,
i Cremaschi fa cojoni,
i Bressan tajacantoni,
ghe n'è anca de pì tristi: Bergamaschi brusa cristi. - 02 février, 2012
-
- Le Boerio, acheté par une douce nuit à la Libreria San Geremia du temps
où elle existait toujours ( j'adorais cette librairie ouverte jusqu'à
minuit.... mais quel dommage qu'elle ait été remplacée par un negozio de
plus...fut-il affriolant...) est un petit bonheur avec ce langage si
chantant, si particulier, si imagé.Les expressions idiomatiques sont
délicieuses.Quant à ce petit poème, je l'ai moi-même découvert dans un
ouvrage dédié au venessian...mais à travers sa cuisine."Savoureux
également....
La cucina veneta( déniché chez notre bon Luigi Frizzo, amoureux des livres et des chats) dont l'auteur m'échappe....Lorenzo, peut-être pourrez aider ma pauvre mémoire défaillante... mes livres étant amoureusement emballés en vue de leur prochain déménagement à Paris.
Merci de votre aide, cher Lorenzo et bien amicalement,
Agnès - 08 juillet, 2012
27 janvier 2012
On vit encore à Venise
Il
y a avait à Venise dès années 50 aux premières années 80 une foule de
jeunes à Venise. Le baby boom de l'après-guerre. Puis le nombre a
diminué, les gens ont vieilli et les jeunes qui sont restés ont fait peu
d'enfants. Mais il y a des jeunes à Venise et pas que des visiteurs !
Il
suffit de passer près d'un collège ou à proximité d'une école quand
sonne l'heure de la sortie pour s'en rendre compte. L'université ne
désemplit pas. Et quand on les interroge ces jeunes vénitiens on sent
bien qu'ils sont conscients du caractère unique et magique de leur
ville. Tous parlent le vénitien et tous ont le sourire aux lèvres quand
on leur demande s'ils sont heureux d'y vivre. Alors, gageons que tout
n'est pas perdu !
Dans les années 50, ci-dessus, comme aujourd'hui :Venise a une vie en dehors du tourisme. Toutes les personnes un peu curieuses de la Sérénissime et qui s'éloignent des grands parcours le savent bien. Au passage, petit quizz : où ont été prises ces deux photos ?
8 commentaires:
-
- Je viens de découvrir le livre dans ma boite aux lettres. La perspective d'un week-end enchanteur. Merci.
Paul -
27 janvier, 2012
- Robert M a dit…
- Je ne sais où sont prises les photos mais celle en noir et blanc évoque bien une Venise qui n'existe plus.
-
28 janvier, 2012
- J@M a dit…
- La deuxième m'évoque un panneau de danger dans une mine de charbon en Silésie...
- 28 janvier, 2012
-
- J@M, j'aime ton humour ! Apparemment un bug. Je revois ma copie.
- 28 janvier, 2012
-
- je tente deux réponses: la 1ère me fait penser aux "quais" du Mercato - il campo della pescheria nel fondo- et la 2ème me rappelle un café au bord du canal face à l'église aux frari - il caffè dei frari- au plaisir de votre blog
- 01 février, 2012
-
- Effectivement la photo en noir et blanc a été prise devant les Fabbriche
Nuove, juste avant l'Erberia, avec en face la Ca'Mangili-Valmarana où
habitait l'ambassadeur Joseph Smith grâce à qui la famille royale
d'Angleterre possède la plus belle collection privée de Canaletto.
Quant aux jeunes sybarites, ils sont accoudés au comptoir du Senso Unico, un pub installé à l'angle du ponte del Formager e de la calle della chiesa, à San Vio, tout près de la Guggenheim. Un endroit que j'aime beaucoup. - 01 février, 2012
-
- Je vous écris rapidement pour vous dire que j'ai reçu votre livre... à mon retour de Venise, quelle merveille en janvier, trois semaines de brume et de silence.Je n'ai eu que quelques moments pour le parcourir (le mot ne va pas avec le charme du livre) et je sais déjà qu'il me tarde de le lire en entier.
- 01 février, 2012
-
- Pour ma part, je viens de découvrir "C'est à dire" chez mon libraire. Je n'avais lu que "Le sultan d’Istanbul".
- 01 février, 2012
26 janvier 2012
Ma Venise au quotidien. Et en plus, il fait beau
Quand reviendra le printemps et que la brise se fera douce et parfumée sur la lagune, quand des eaux monteront ces parfums uniques qui nous portent à la joie, nous irons vers les îles tranquilles que gardent les oiseaux. Après le pique-nique, l'un de nous avec sa flûte ou sa guitare entonnera un chant paisible qui résonnera parmi les ajoncs et se répandra sur les eaux calmes. Une sieste peut-être puis le dédale des chenaux parmi les herbes hautes. le silence de nouveau et cette lumière, cette lumière unique. Quand reviendra le printemps.
24 janvier 2012
Venise ne veut plus des navires géants
Le récent naufrage du Costa Concordia à deux cent mètres des côtes italiennes donne un éclairage nouveau à la polémique concernant l'invasion des maxinavi comme disent les vénitiens qui débarquent chaque jour des milliers de touristes et représentent un danger certain pour les eaux lagunaires déjà bien malades, mais aussi pour l'air qu'on y respire et pour la tranquillité de ses habitants.
Savez-vous qu'un seul de ces bateaux (mais qu'ont-ils donc d'un bateau ces mastodontes ?) rejette avec ses fumées noires et nauséabondes, autant de CO² que 12.000 moteurs de voiture ? Savez-vous qu'un jour d'été 2011, ces navires ont déversé 35.000 personnes en une journée sur la ville, soit l'équivalent de la moitié de la population résidente. Si on ajoute à cette masse, les touristes pendulaires, qui arrivent par train ou par bus des environs et ne restent que la journée, les touristes logés dans les hôtels et pensions du centre historique, on atteint le chiffre de 100.000 personnes, voire plus certains jours... Davantage que l'ensemble des vénitiens résidents !
Et lorsque, par un hasard malheureux, le personnel de l'ACTV décide de faire grève, cela donne une foule agglutinée dans les rues qui ne peut ni avancer ni reculer. C'est ainsi qu'aux heures de pointe, l'affluence est telle que des rues sont bouchées de la même manière que les rocades aux abords des villes à certaines heures... Même sans grève des transports, 90.000 personnes passent en moyenne chaque jour entre San Marco et San Zaccaria, 15.000 entre la Strada Nova et le Rialto, autant entre San polo et le Rialto... Pendant ce temps, les vénitiens ont du mal à se rendre à leur travail, les enfants à l'école, les ménagères au marché...
Dans les quartiers ultra fréquentés par cette masse de touristes, il est devenu impossible de se loger, on ne trouve plus un seul commerce de proximité et les rares résidents qui ont pu rester ont l'impression d'être devenus comme des indiens dans une réserve.
Beaucoup d'entre nous, tout à leur amour pour la Sérénissime, son charme, ses trésors, son atmosphère, refusent de voir ce cancer qui se propage et détruit inexorablement toute vie véritable, mais pourtant le mal est là, omniprésent et s'accroit.
Pour ce qui est des grands navires, le naufrage du Concordia a été utile. Le maire dénonce depuis longtemps les dangers des grands navires pour Venise, de nombreuses associations ont vu le jour et sont très actives. jusqu'à un ministre qui vient de déclarer la guerre aux navires géants et veut les interdire dans les endroits fragiles. Venise et sa lagune sont un endroit fragile.
En parallèle à ce phénomène absurde, d'autres problèmes pointent à l'horizon. Le nouveau plan d'occupation des sols qui permettrait la création d'une ville nouvelle sur la terre ferme avec des buildings à l'américaine, une ligne de train à grande vitesse dont le tracé devrait exproprier bon nombre de paysans, et la scandaleuse Sublagunare, métro souterrain qui relierait Venise et Murano à la Terre ferme. Sont à l'étude aussi de nouveaux aménagements qui permettraient de délester les sites les plus visités qui arrivent maintenant à saturation. Ce qui voudrait dire autant de monde sur ces sites et de plus en plus dans des endroits encore aujourd'hui protégés parce que peu connus des touristes et donc protégés...
Bref, cancer, gangrène... Les temps modernes, le consumérisme et l'appât du gain, sont en train de tuer Venise et personne à ce jour ne possède de solution sure et efficace. Un ticket d'entrée ? C'est assurer la transformation de la ville en Veniceland, parc d'attraction pour gogos du monde entier. Quotas ? C'est assez injuste et comment les mettre en place ? Par pays d'origine ? Par âge, niveau social, montant des revenus, niveau d'étude ?
Personnellement, je pencherai pour la création à quelques kilomètres d'une copie de la cité des doges, avec des restaurants, des cafés, des gondoles et des musées où les gens pourraient se divertir, découvrir les monuments et l'histoire de la Sérénissime, tout en mangeant des glaces, en se dorant au soleil, voire en se baignant. Les vénitiens reprendraient leur ville et les palais, les églises, les musées seraient ouverts aux touristes dans des limites précises par jour et par lieux. Ce n'est pas la panacée, mais cela permettrait de sauver ce qui peut l'être. Venise, patrimoine universel, pourrait déployer ce qu'elle est déjà, un laboratoire de recherches et d'innovations. Des chercheurs du monde entier pourraient venir y travailler. on y installerait des centres de formation aux métiers d'art, à la restauration, à la communication, la gestion urbaine. elle deviendrait un centre culturel de haut niveau où culture classique, histoire et technologies de demain se côtoieraient pour mieux faire avancer l'humanité. Il n'est pas interdit de rêver. Sans être pessimiste, on ne prend hélas pas ce chemin...
Et lorsque, par un hasard malheureux, le personnel de l'ACTV décide de faire grève, cela donne une foule agglutinée dans les rues qui ne peut ni avancer ni reculer. C'est ainsi qu'aux heures de pointe, l'affluence est telle que des rues sont bouchées de la même manière que les rocades aux abords des villes à certaines heures... Même sans grève des transports, 90.000 personnes passent en moyenne chaque jour entre San Marco et San Zaccaria, 15.000 entre la Strada Nova et le Rialto, autant entre San polo et le Rialto... Pendant ce temps, les vénitiens ont du mal à se rendre à leur travail, les enfants à l'école, les ménagères au marché...
Dans les quartiers ultra fréquentés par cette masse de touristes, il est devenu impossible de se loger, on ne trouve plus un seul commerce de proximité et les rares résidents qui ont pu rester ont l'impression d'être devenus comme des indiens dans une réserve.
Beaucoup d'entre nous, tout à leur amour pour la Sérénissime, son charme, ses trésors, son atmosphère, refusent de voir ce cancer qui se propage et détruit inexorablement toute vie véritable, mais pourtant le mal est là, omniprésent et s'accroit.
Pour ce qui est des grands navires, le naufrage du Concordia a été utile. Le maire dénonce depuis longtemps les dangers des grands navires pour Venise, de nombreuses associations ont vu le jour et sont très actives. jusqu'à un ministre qui vient de déclarer la guerre aux navires géants et veut les interdire dans les endroits fragiles. Venise et sa lagune sont un endroit fragile.
En parallèle à ce phénomène absurde, d'autres problèmes pointent à l'horizon. Le nouveau plan d'occupation des sols qui permettrait la création d'une ville nouvelle sur la terre ferme avec des buildings à l'américaine, une ligne de train à grande vitesse dont le tracé devrait exproprier bon nombre de paysans, et la scandaleuse Sublagunare, métro souterrain qui relierait Venise et Murano à la Terre ferme. Sont à l'étude aussi de nouveaux aménagements qui permettraient de délester les sites les plus visités qui arrivent maintenant à saturation. Ce qui voudrait dire autant de monde sur ces sites et de plus en plus dans des endroits encore aujourd'hui protégés parce que peu connus des touristes et donc protégés...
Bref, cancer, gangrène... Les temps modernes, le consumérisme et l'appât du gain, sont en train de tuer Venise et personne à ce jour ne possède de solution sure et efficace. Un ticket d'entrée ? C'est assurer la transformation de la ville en Veniceland, parc d'attraction pour gogos du monde entier. Quotas ? C'est assez injuste et comment les mettre en place ? Par pays d'origine ? Par âge, niveau social, montant des revenus, niveau d'étude ?
Personnellement, je pencherai pour la création à quelques kilomètres d'une copie de la cité des doges, avec des restaurants, des cafés, des gondoles et des musées où les gens pourraient se divertir, découvrir les monuments et l'histoire de la Sérénissime, tout en mangeant des glaces, en se dorant au soleil, voire en se baignant. Les vénitiens reprendraient leur ville et les palais, les églises, les musées seraient ouverts aux touristes dans des limites précises par jour et par lieux. Ce n'est pas la panacée, mais cela permettrait de sauver ce qui peut l'être. Venise, patrimoine universel, pourrait déployer ce qu'elle est déjà, un laboratoire de recherches et d'innovations. Des chercheurs du monde entier pourraient venir y travailler. on y installerait des centres de formation aux métiers d'art, à la restauration, à la communication, la gestion urbaine. elle deviendrait un centre culturel de haut niveau où culture classique, histoire et technologies de demain se côtoieraient pour mieux faire avancer l'humanité. Il n'est pas interdit de rêver. Sans être pessimiste, on ne prend hélas pas ce chemin...
9 commentaires:
- Evelyne a dit…
- Merci beaucoup mon livre est bien arrivé.
- 24 janvier, 2012
-
- En somme construire une Venise-Grotte de Lascaux, je dois dire que l'idée est originale :-))) Oui Lorenzo vous cauchemardez, il faut vous réveiller, Venise est loin d'espérer un avenir radieux... Je comprends votre souffrance et je la partage, mais sans être pessimiste, Venise est à vendre... Cordialement.
- 24 janvier, 2012
-
- Mais qui parle de souffrance ? Je ne fais que constater. Quant à une Venise artificielle reproduisant les principaux lieux visités, il y a longtemps que l'on y a pensé. Cela parait absurde mais à Lascaux, cela a permis de sauver l'original... Pas plus que pour le reste de notre monde - et de notre civilisation - on ne peut s'attendre à un avenir radieux du moins si on ne fait rien et si on arrête de secouer les consciences. "Venise, autrefois peuple de marchands, aujourd'hui peuple de boutiquiers" ce n'est pas de moi, mais de Barrès... Bien sur que Venise est à vendre. Comme tout d'ailleurs. Mais que faut-il faire ? Se taire et regarder notre univers sombrer ? Je préfère donner à voir la réalité, expliquer ce qui se passe, donner mon avis aussi parfois. Sinon à quoi servirait ce blog ? Une dernière chose : soyez gentil, même en gardant votre incognito, choisissez un pseudonyme ou un prénom lambda, mais ne restez pas "anonyme", c'est agaçant (attention, je ne veux pas dire que vous êtes agaçant(e)!)de ne pas savoir à qui s'adresser ! Je ne vais tout de même pas vous appeler du nom de votre adresse IP ! De plus plusieurs personnes laissent des commentaires avec la même signature... Je sais que les "Anonymous" sont à la mode, mais c'est dans un autre registre ce me semble... Il n'y a qu'une toute petite manipulation à faire pour s'inscrire. Merci d'avance
- 25 janvier, 2012
-
- Merci Evelyne pour avoir pris la peine de cette confirmation. Logiquement tous les souscripteurs doivent l'avoir reçu à ce jour. Un record dans les délais, digne des postes italiennes des années 80 (1680 he veux dire bien entendu !)
- 25 janvier, 2012
-
- L'UNESCO veut que le gouvernement italien interdise la circulation de ces mastotondes à Venise et dans ses abords !!! Espérons que l'UNESCO soit persuassif !!! et que l'interdiction soit très rapide!!!
- 25 janvier, 2012
-
- Le maire a pris position contre aussi. Il ne s'agit pas d'interdire à ces bateaux d'inscrire Venise dans leurs escales mais de ne plus passer par le bassin de San Marco et le canal de la Giudecca. Une escale plus éloignée limiterait forcément le nombre de passagers débarqués chaque jour, ce qui serait une bonne chose.
- 25 janvier, 2012
-
- Oui, mais si ceux qui viennent visiter Venise (98 % ?) prennent les vaporetti, est-ce que ce sera vraiment un progrès ? Soazig
- 26 janvier, 2012
-
- il faudrait penser à fermer l'aéroport Marco Polo, et aussi dynamiter le pont de la liberté comme ceci plus ou très peu de touristes et donc adieu tout le monde, à tous les commerçants de Venise et autres car tout le monde à Venise ( quasi 100% ) vivent du tourisme.Plus de travail donc ce n'est plus 59000 résidents mais une poignée peut-être.... Les gains, l'argent, les taxes, les impôts obtenus font vivre et entretiennent Venise Le pire est d'entendre les gens qui vivent du tourisme se plaindre de ces derniers, pitoyable...
- 31 janvier, 2012
- Cannaregio24 a dit…
- Une pétition est en ligne pour la sauvegarde de Venise, des Vénitiens et de sa lagune. Elle a pour but de restreindre la circulation des bâteaux de croisière de fort tonnage dans la lagune; ce qui nuit à ce fragile équilibre, et de protéger ses habitants de la pollution :
Pétition Populaire - Hors de la lagune les navires incompatibles - Petizioni Online - Raccolta Firme
Afin de protéger la Sérénissime, n'hésitez pas à la signer. N'oublions pas que Venise est appartient au patrimoine mondial de l'UNESCO. Nous avons tous notre mot à dire...!
08 mai, 2012
20 janvier 2012
Les nouveaux vénitiens : un moyen de sauver Venise ?
Les vrais vénitiens, ceux qui sont nés de père en fils dans Venise, vivant et habitant le plus souvent dans les lieux mêmes où les pères de leurs pères sont venus au monde, ceux-là hélas se font de plus en plus rares. Triste constat dont Tramezzinimag s'est souvent fait l'écho. Mais, face à cette hémorragie - dont nous ignorons tous si elle pourra être enrayée et par quels moyens - apparait un phénomène qu'il faut peut-être finalement considérer sérieusement et d'un oeil bienveillant : l'arrivée et l'installation de "nouveaux vénitiens", des vénitiens de coeur autant que les fils légitimes de la Sérénissime. C'est pour eux que Tramezzinimag existe et ils en sont le plus souvent de fidèles lecteurs, voire pour certains, de précieux contributeurs.
Au fil de leurs séjours, par leur aptitude à pénétrer l'âme de la ville, par leur sensibilité qu'exacerbe sa lumière et ses parfums, ses silences et ses bruits, ils se font peu à peu, autant vénitiens que ceux qui les ont précédés. Ils vivent non plus en touristes à l'extérieur de la vie vénitienne, mais s'y impliquent. Ces nouveaux arrivants se fondent dans l'atmosphère particulière de cette vie, dans ces lieux uniques que le voyageur pressé qui s'y rend au milieu de la masse de ses semblables ne peut absolument pas pénétrer en vérité. Que le lecteur ne voit pas dans ces lignes un quelconque jugement de valeur, une énième diatribe anti-touristes ! Mais n'est-ce pas notre lot à tous lorsque nous nous nous retrouvons au milieu d'un monde dont on sent bien qu'il palpite ardemment. Même avec la meilleure volonté du monde, ce qu'il nous laisse entrevoir n'est qu'un aspect superficiel et outré de sa réalité. Pressés, orientés, dirigés par les impératifs économiques et le temps mesuré, nous ne faisons que frôler un univers dont nous avons instinctivement le sentiment qu'il est bien plus riche que ce qu'on nous donne à voir... C'est le lot des vingts millions de visiteurs qui passent chaque année entre la Piazzale Roma et San Marco.
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Dans cette foule, chaque jour quelques âmes sensibles, ou disponibles, se laissent prendre toutes entières par Venise et ne peuvent plus concevoir d'exister en dehors d'elle. Il y en a de toutes catégories, des poètes ou des scientifiques, des gens simples comme des savants. Nul besoin d'être milliardaire pour y trouver un point de chute. Posséder un bon petit pécule facilite les choses, mais n'est pas la condition sine qua non. Il est vrai que parmi les vénitiens d'adoption, il y a beaucoup d'acteurs, de musiciens célèbres, d'écrivains ou de capitaines d'industrie. C'est vrai aussi qu'il est moins facile d'y installer son activité professionnelle ou d'y vivre sa retraite d'instituteur ou de bibliothécaire. Mais on peut penser que l'évolution des mœurs, l'aptitude à travailler chez soi, les nouvelles normes permettant à chacun de pratiquer son métier n'importe où dans l'espace européen. Il n'est pas réservé aux milliardaires de s'installer à Venise, que ce soit toute l'année ou quelques semaines, voire quelques mois par an. Les loyers sont au diapason de ce qui se pratique à Paris, à Madrid ou à Londres. Acheter est déjà plus compliqué, mais avec de la patience et de l'entregent, tout est possible. C'est bien plus difficile qu'il y a dix, quinze ou trente ans mais je suis convaincu que cela peut changer, sauf catastrophe générale.
Des néo-vénitiens donc qui ne se contentent plus de débarquer du train de nuit à Santa Lucia, d'utiliser un taxi pour amener leurs bagages signés des meilleurs maroquiniers parisiens dans les hôtels chics, à la Giudecca, sur le Grand Canal ou aux Chiavoni, passant du bar de l'hôtel aux salles bondées du Florian, du Quadri ou de Lavena. depuis quelques années, ils louent des appartements et, dès leur arrivée, vont au Rialto faire leur marché. Ils se retrouvent sur un campo pour leur premier cappuccino dans les bars où ils ont leurs habitudes et parfois un compte. Ils papotent avec leurs voisins et déambulent dans leur quartier, hors des circuits touristiques. Parfois même, à leur tour, ils vont chercher à la gare ou à l'aéroport des amis qui viennent à Venise pour la fois. Ils cuisinent des plats vénitiens, boivent du spritz ou du prosecco en grignotant des cichetti. Bref, ils vivent en "bons vénitiens" comme le recommandait expressément Henri de Régnier.
Certains lecteurs objecteront que ces Happy few ne sont pas des chômeurs longue durée ni des titulaires du RSA. Certes. Mais là n'est pas notre discours. Ce qui m'importe ici, c'est de souligner, au regard des commentaires et débats suscités par la réduction dramatique de la population autochtone de Venise, que l'arrivée de ces amoureux de Venise peut s'avérer une des solutions au problème de sa sauvegarde. Par ce mot, il faut entendre non seulement la restauration et la protection des trésors architecturaux et artistiques que contient le centre historique, mais aussi la défense d'une vraie vie quotidienne en dehors du tourisme industriel qui ne peut pas être jugulé et qui, ayant d'une certaine manière son utilité, doit être organisé, réglementé pour la satisfaction de tous.
Des néo-vénitiens donc qui ne se contentent plus de débarquer du train de nuit à Santa Lucia, d'utiliser un taxi pour amener leurs bagages signés des meilleurs maroquiniers parisiens dans les hôtels chics, à la Giudecca, sur le Grand Canal ou aux Chiavoni, passant du bar de l'hôtel aux salles bondées du Florian, du Quadri ou de Lavena. depuis quelques années, ils louent des appartements et, dès leur arrivée, vont au Rialto faire leur marché. Ils se retrouvent sur un campo pour leur premier cappuccino dans les bars où ils ont leurs habitudes et parfois un compte. Ils papotent avec leurs voisins et déambulent dans leur quartier, hors des circuits touristiques. Parfois même, à leur tour, ils vont chercher à la gare ou à l'aéroport des amis qui viennent à Venise pour la fois. Ils cuisinent des plats vénitiens, boivent du spritz ou du prosecco en grignotant des cichetti. Bref, ils vivent en "bons vénitiens" comme le recommandait expressément Henri de Régnier.
Certains lecteurs objecteront que ces Happy few ne sont pas des chômeurs longue durée ni des titulaires du RSA. Certes. Mais là n'est pas notre discours. Ce qui m'importe ici, c'est de souligner, au regard des commentaires et débats suscités par la réduction dramatique de la population autochtone de Venise, que l'arrivée de ces amoureux de Venise peut s'avérer une des solutions au problème de sa sauvegarde. Par ce mot, il faut entendre non seulement la restauration et la protection des trésors architecturaux et artistiques que contient le centre historique, mais aussi la défense d'une vraie vie quotidienne en dehors du tourisme industriel qui ne peut pas être jugulé et qui, ayant d'une certaine manière son utilité, doit être organisé, réglementé pour la satisfaction de tous.
Et puis, ce ne sont pas tous des privilégiés arrogants aux moyens illimités. Le plus souvent, à ma connaissance, ce sont des gens qui arrivés à un moment de leur vie professionnelle et personnelle où on peut se permettre de souffler, où les enfants sont partis vivre leur propre vie, où un capital s'avère disponible. Certains achètent une villa au Pays basque, sur le bassin d'Arcachon, dans le midi, en Bretagne ou ailleurs. Eux, les amoureux de Venise, investissent sur la lagune. Une nuit de train, quelques heures de voiture ou deux heurs d'avion et on retrouve ce qui peut être vite considéré comme un paradis. D'autres sont à la retraite et viennent depuis toujours, plusieurs fois l'année, dans la même pensione ou le même Bed & Breakfast. Ce sont souvent des femmes, mais pas seulement. Artistes dans l'âme, elles s'adonnent à la peinture ou à l'écriture et Venise à chaque fois les regonfle d'énergie. Les plus chanceux de ces Fous de Venise disposent d'un petit appartement, souvent un piano terra realzato pour éviter les inconvénients de l'acqua alta. 35 ou 45 m² à Castello, à Cannaregio ou à la Giudecca, cela leur parle mieux qu'un studio aux Arcs ou un mobilhome près du lac de Biscarosse et on les comprend. D'autres enfin ont pu installer leur activité professionnelle à Venise. Il y a des commerçants (la plupart sont à Venise depuis plusieurs dizaines d'années), des agents immobiliers, des guides, des galeristes, mais aussi des enseignants, qui viennent s'ajouter aux écrivains, aux peintres, aux musiciens... La qualité de la vie sur la lagune, ce rythme paisible imposé par l'eau qui nous entoure, le charme indubitable des lieux, mais aussi la sécurité qui y règne, vont attirer des gens plus jeunes dont le métier pour s'exercer n'a besoin que du téléphone et de l'informatique. Déjà certains vénitiens d'adoption continuent leur activité professionnelle française depuis leur appartement à Venise. N'est-ce pas un exemple à suivre quand cela est possible ? L'Europe ne permet-elle pas ce choix ?
Faisons alors un rêve. Gageons que peu à peu de plus en plus d'amoureux véritables de Venise franchissent le pas (et le pont de la Liberté) pour s'installer dans le centre historique et y déployer leur savoir faire, développant ou reprenant des activités qui leur permettront de vivre et maintiendront en vie la ville. Pourquoi pas un cordonnier, un tailleur, un ébéniste ou un luthier ? Pourquoi pas non plus des dentistes, des architectes (il y en a) et d'autres traducteurs, chercheurs, ingénieurs, enseignants ?
Mais pour que ces néo-vénitiens ne soient pas considérés comme une colonie avec tout ce que cela comporte de connotations négatives, ils devront s'intégrer. Et pour se faire accepter, il faut s'adapter aux usages et aux traditions. Les anglais ont un proverbe qui est valable partout et que j'ai enseigné très tôt à mes enfants et que je dis à tous ceux qui viennent avec moi visiter Venise : "When in Rome, do as the romans do" (Quand vous êtes à Rome faites comme font les romains"). C'est le B.A.BA du bon touriste, mais cela doit être aussi la règle de base de tous ceux qui veulent s'installer dans une communauté qui n'est pas celle où ils ont grandi. Cela procède du respect mais aussi de la nécessité. Sauf à vouloir rester reclus, on ne peut vivre nulle part sans se mêler aux autres et à Venise, qui reste une île, il nous faut nous adapter au mode de vie des vénitiens. C'est aussi le moyen de les aider à défendre et perpétuer leurs usages et leurs traditions. Cela ne veut pas dire que celui qui s'installera à Venise doit abandonner ce qu'il est et oublier ses usages et ses traditions à lui. Au contraire : N'est-ce pas un enrichissement mutuel incroyable ?
Aux usages de base, comme la manière de se comporter dans les ruelles étroites ou aux comptoirs des bacari, comment faire sa passeggiata, se tenir dans la gondole du traghetto ou en vaporetto, s'ajoutent les usages plus typiques : vogare et parlare. Nous aborderons ces deux sujets dans les prochains billets de Tramezzinimag. En attendant, vos témoignages, vos idées ou vos simples commentaires sont les bienvenus, que vous soyez de ces nouveaux vénitiens ou pas.
Mais pour que ces néo-vénitiens ne soient pas considérés comme une colonie avec tout ce que cela comporte de connotations négatives, ils devront s'intégrer. Et pour se faire accepter, il faut s'adapter aux usages et aux traditions. Les anglais ont un proverbe qui est valable partout et que j'ai enseigné très tôt à mes enfants et que je dis à tous ceux qui viennent avec moi visiter Venise : "When in Rome, do as the romans do" (Quand vous êtes à Rome faites comme font les romains"). C'est le B.A.BA du bon touriste, mais cela doit être aussi la règle de base de tous ceux qui veulent s'installer dans une communauté qui n'est pas celle où ils ont grandi. Cela procède du respect mais aussi de la nécessité. Sauf à vouloir rester reclus, on ne peut vivre nulle part sans se mêler aux autres et à Venise, qui reste une île, il nous faut nous adapter au mode de vie des vénitiens. C'est aussi le moyen de les aider à défendre et perpétuer leurs usages et leurs traditions. Cela ne veut pas dire que celui qui s'installera à Venise doit abandonner ce qu'il est et oublier ses usages et ses traditions à lui. Au contraire : N'est-ce pas un enrichissement mutuel incroyable ?
Aux usages de base, comme la manière de se comporter dans les ruelles étroites ou aux comptoirs des bacari, comment faire sa passeggiata, se tenir dans la gondole du traghetto ou en vaporetto, s'ajoutent les usages plus typiques : vogare et parlare. Nous aborderons ces deux sujets dans les prochains billets de Tramezzinimag. En attendant, vos témoignages, vos idées ou vos simples commentaires sont les bienvenus, que vous soyez de ces nouveaux vénitiens ou pas.
21 commentaires:
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- J'approuve entièrement ce que vous écrivez. J'ai la chance d'être à la retraite (suffisamment confortable)et de pouvoir aller à Venise autant de fois que je le souhaite (au minimum 3 fois par an). Je loue toujours le même appartement, entre le campo dei Frari et le campo S Giacomo del Orio, un vrai quartier vénitien ; je fais mes courses à Billa ou à la coop, et au marché et je bois mon spritz et mon café dans les petits bars. Bref, je me sens chez moi ! Je rêve de pouvoir un jour être une "néo-vénitienne". Bien à vous, Lorenzo. Gabriella
- 20 janvier, 2012
- VenetiaMicio a dit…
- Comme Gabriella, je suis retraitée et toutes les fois que je peux m'évader c'est pour retrouver Venise. J'y suis allée 3 fois en 2011 et je compte repartir bientôt.J'ai mes habitudes, beaucoup de mes amies font la même chose, certaines restent longtemps et vivent Venise au quotidien avec les Vénitiens ! J'ai des amies françaises qui habitent et travaillent dans Venise, totalement adoptées. Bien à vous Lorenzo Danielle PS je n'ai toujours pas reçu votre livre, est-ce normal ?
- 20 janvier, 2012
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- Propositions de Bobo... Réponses de bobos... Décidément pour être les nouveaux vénitiens que vous souhaitez il faut avoir l'argent qui va avec... Pour louer ou pour acheter... Je trouve vos propositions indécentes... Qui peut se payer 45m² à Venise aujourd'hui ? Demandez donc aux cordonniers, au menuisiers aux luthiers... Qui ont tous fermé, pourquoi ? Cordialement.
- 20 janvier, 2012
- Michelaise a dit…
- Pourquoi Isabelle cette réaction à fleur de peau, un peu trop "politiquement correcte" pour être vraiment sincère ?? Allons, Lorenzo ne va pas se pendre au bout d'une corde au motif que Venise a vu les prix de son marché immobilier s'enflammer... d'autres endroits de par le monde sont dans ce cas, et j'avoue que j'aime bien cet article optimiste : il suffit de se désespérer sur tout et sur rien !!! Danielle, je suis sûre que les "nouveaux vénitiens" dont tu es font vivre la ville et l'aiment avec sincérité.
- 20 janvier, 2012
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- A la retraite dans quelques mois nous formons le projet de vivre à Venise!Bon il reste à voir le cout d'une location ou d'un achat....sans doute cher pour nous...mais au moins le projet d'y faire plusieurs longs séjours dans l'année pour s'imprégner de l'âme vénitienne que nous aimons tant et de vivre à la manière des Vénitiens authentiques...c'est un tel régal inégalé nul part ailleurs
- 20 janvier, 2012
- Les Idées Heureuses a dit…
- Bravo pour ce papier! On a tous, les amoureux de Venessia, l'Idée d'y passer du temps, peut être pas à l'année, mais on peut s'imaginer après avoir beaucoup travaillé dans une vie s'installer épisodiquement et plus longuement dans la cité. On a des plans avec des connaissances qui vivent à Venise, il faut surtout comme vous le dites s'intégrer, nous le voyons à chacun de nos déplacements, que nous prolongeons de plus en plus, nous sommes très à l'écoute des vénitiens de toute condition, de la vendeuse qui tient son stand de charcuterie à l'imprimeur qui fait un travail d'art, à la dame qui s'agite en nous préparant le cafè matinal à Santa Maria Formosa ponctué de son "dialecte" chantant jusqu'aux bibliothécaires que je côtoie pour mes recherches personnelles. Même les gondoliers vous saluent sans pour cela que vous preniez leur embarcation merveilleuse. On ne peut alors que respecter son histoire et son actualité qui peut être préoccupante comme partout ailleurs -soit "écrit" en passant-. Nous n'y allons pas en conquérants, seulement nous essayons de la remercier, en lui prêtant attention , pour toutes ces offrandes qu'elle nous fait à chacun de nos pas. Il ne faut pas pour autant être si riche et nanti pour envisager cette démarche, nous sommes à peu prêt dans les mêmes cas de figure, nous avons honoré notre travail par de la rigueur du sérieux et de la passion, et cela nous permet sans vivre dans un palazzo d'être l'égal d'un ou d'une citoyenne vénitienne en toute simplicité.
- 20 janvier, 2012
- Veneziamia a dit…
- Lorenzo, merci et bravo pour ce long message plein d'optimisme auquel j'adhère entièrement. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de vivre à Venise à plein temps pour se sentir vénitien et solidaire de son futur. S'intégrer, ne serait-ce que le temps de notre séjour, est en effet primordial et demande de notre part un minimum d'effort et d'attention. Par exemple connaître les rudiments de la langue vénitienne me plairait assez ! Comme suggestions, je proposerais un échange d'expériences vécues et de conseils utiles dans divers domaines tels que "où faire ou ne pas faire ses achats" pour soutenir les commerçants et artisans locaux, à qui louer utile (vs ne pas louer !)...etc, la liste est ouverte...et les découvertes de chacun peuvent contribuer à rendre le séjour des autres encore plus vénitiens. Je me réjouis déjà de mon prochain séjour au printemps prochain !
- 20 janvier, 2012
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- Vous avez raison, se sentir "bon vénitien" ne veut pas dire y vivre à plein temps, mais y vivre avec et comme les vénitiens. Tout le monde en effet, Isabelle, n'a pas la possibilité d'acheter un bien immobilier à Venise. Les prix comme partout sont devenus très élevés. Ce billet est le résultat d'une réflexion suite à plusieurs conversations avec des amis vénitiens vivant à Venise ou installés à l'étranger.Tous font le même constat : Si on veut éviter que Venise soit un jour prochain un simple parc d'attraction, il faut que des gens y vivent et y travaillent. Aujourd'hui cela est difficile. Ne peut on pas envisager que par l'apport de tous ces nouveaux venus, les infrastructures puissent être revues à la hausse, les commerces revenir et avec eux une population faite d'autres choses que de "bobos" fortunés qui ont au moins le mérite de vouloir faire sur-vivre la Sérénissime.
- 20 janvier, 2012
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- Je vous remercie de réagir à mes propos. Constater le mal dont souffre Venise, stigmatiser les responsables de la situation actuelle ne sert pas à grand chose si on se contente de déplorer les faits avec défaitisme. Nous devons tous réfléchir à des solutions. Elles seront peut-être originales et totalement en rupture avec les schémas de pensée auxquels notre monde s'est habitué. Cela est valable pour tout ce que nous vivons en ce moment, des tentatives de musèlement d'internet avec la fermeture forcée par le FBI de Megaupload, à la faillite présumée de nos nations avec leur cortège d'injustices et de nouvelles pauvretés à la montée des injustices, du sectarisme et de la violence que subissent des millions de gens.
- 20 janvier, 2012
- Véro a dit…
- Lorsqu'on est profondément épris de Venise, on ne peut que songer à son devenir. Parfois le pessimisme l'emporte devant la baisse constante du nombre d'habitants , la peur qu'elle ne devienne qu'un grand parc d'attractions ... Mais je préfère rejoindre votre optimisme et apporter mon témoignage: je suis venue pour la 1ère fois à Venise à 20 ans avec sac à dos, pas un sou en poche, ai dormi devant la gare avec celui qui est devenu mon mari. Nous étions gentiment délogés par la police très très tôt le matin... C'était il y a 30 ans; nous sommes revenus très régulièrement à Venise. Depuis 4 ans nous avons accompli un rêve : un pied à terre dans le Castello. Peut-être sommes-nous chanceux, mais ce fut plutôt un vrai choix et avons tout mis en œuvre pour pouvoir le réaliser. Nos séjours sont de plus en plus fréquents; non seulement parce que Venise est envoûtante mais aussi et surtout pour la qualité et la simplicité des rapports humains : faire ses courses au marché du Rialto, dans les commerces du quartier (le Castello), la via Garibaldi, discuter avec les commerçants, les voisins , prendre le temps d'échanger, cela reste la vraie richesse de Venise. Nous avons communiqué cet amour de Venise à nos enfants. Parce qu'elle ne ressemble à aucune autre ville, et parce que je suis une optimiste, j'ose croire que tant qu'il y aura des amoureux passionnés de Venise( vénitiens ou non ), elle gardera toutes ses richesses. LUTTONS pour tout cela! Véro
- 21 janvier, 2012
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- Je souris en lisant la proposition de Lorenzo aux retraités aisés du monde pour repeupler Venise... Il faudra juste agrandir l'hôpital ! Un mode d'emploi réglant les bons usages de base reste à trouver pour les bons immigré ? Encore une idée tellement incroyable... Je comprends néanmoins le chagrin de tous de voir cette ville réduite en parc d'attraction, je suis triste aussi, mais je reste réaliste. Pour les petits commerces par exemple, pourquoi ne pas demander à la municipalité de financer les locaux qui seraient mis à leur disposition, comme cela se fait dans certaines petites ville Françaises ? Un petit commerce,sans loyer à payer c'est jouable, un logement avec un loyer réduit, c'est jouable aussi... Il faut des bonnes décisions politiques... Cordialement.
- 21 janvier, 2012
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- Vous avez raison Isabelle. Ces propositions existent et ont déjà été faites à plusieurs reprises, les 40xVenezia en ont débattu. L'obstacle est venu des édiles de la Région, majoritairement berlusconiens, ultra-libéraux et de certains propriétaires qui préfèrent l'argent à la solidarité. Il faudrait en effet que la commune devienne propriétaires de locaux commerciaux et les mettent à disposition. Mais les caisses de l’État comme celles de Venise sont vides. tout l'argent venu du monde entier pour la sauvegarde depuis 1966 a soit disparu dans les poches de politiciens verreux (c'était avant - vœu pieux) ou dans des opérations pharaoniques dont on doute du bien-fondé (le Mosé, la sublagunare, etc...). Mais il faut garder la tête froide et continuer à chercher les solutions. Quant aux retraités aisés, je puis vous dire que j'ai dans mes connaissances au moins trois personnes qui vivent presque toute l'année à Venise et ne sont pas loin des minima sociaux. Pourtant, ils y arrivent et ne semblent pas en difficulté. Ils louent une chambre chez l'habitant pour une de ces amies, un studio pour le ménage normand. Ils ne vont certes pas dans els grands restaurants et rarement aux galas de la Fenice, mais ils SONT à Venise. Tout est question de choix. Alors de grâce ne donnez pas à penser que vivre ou aller à Venise est une question d'argent. C'est bien plus difficile qu'avant mais ce n'est pas impossible. A nous de faire que cela devienne facile pour le plus grand nombre d'entre nous !
- 21 janvier, 2012
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- Oui, il y a plein de choses à faire certainement. Mais pas sûr que transformer Venise en "maison de retraite" soit la solution. Je prendrai la mienne dans quelques années et espère aussi y passer du temps, j'apprends l'Italien pour cela. Mais il faut surtout que des gens travaillent, aient des enfants à Venise, et ça c'est sans doute plus compliqué. Mais c'est réconfortant de penser qu'on est nombreux à le souhaiter et à y réfléchir. Soazig
- 21 janvier, 2012
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- En attendant de pouvoir, dans un avenir encore lointain, m'établir à Venise au moins une partie de l'année, j'essaie modestement lorsque je suis là bas (un bon mois par an) de contribuer à maintenir un semblant de vraie vie dans cette ville que j'ai élue patrie de mon coeur au premier regard, il y a plus de vingt ans.Pour ce faire, je loue un appartement à une vénitienne qui ne loue son bien qu'une partie de l'année puisqu'elle le garde pour sa fille qui revient régulièrement.Elle pratique des prix pour vénitiens et non pas pour touristes. Déjà, je sais ainsi que je ne prive aucun vénitien d'un éventuel logement. Puis, bien sûr, j'ai vite appris l'italien pour pouvoir discuter avec tout le monde. Je fais des fautes et ne parle pas couramment mais suffisamment pour avoir de vraies discussions. Et puis, je fais marcher au maximum les petits commerces: lorsque j'ai des chaussures à faire réparer, je ne le fais pas avant de partir mais j'attends d'être là bas (cependant mon cordonnier est mort désormais et je ne lui ai pas encore trouvé de remplaçant). Idem pour les petits travaux de couture. Pour les courses alimentaires, le Rialto bien entendu, où j'essaie d'acheter à tous les commerçants et avec qui je bavarde et échange des recettes de cuisine. Et puis, au fil des ans, j'y ai noué des vraies relations, des amis, des amours et j'ai maintenant une vraie vie sociale avec des vénitiens qui, tous sans exception, redoutent le moment où ils se verront chassés de leur ville où la vie sera devenue presque absurde. Ceux qui ont des enfants pensent qu'ils ne pourront plus y vivre. Je ne sais pas quoi faire de plus, sinon bouder tous les endroits à "toutous" ainsi que les maroquineries chinoises. Et si le naufrage du Costa Concordia contribuait déjà à nous débarasser de ces épouvantables immeubles flottants qui envahissaient de plus en plus la ville ces derniers temps?
- 21 janvier, 2012
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- Ce qui manque à Venise ce sont des emplois aux habitants en âge de travailler, ce qui manque aux écoles ce sont des enfants, les petits commerces se sont fait supplanter de l'intérieur par les magasins Billa, Auchan la grande surface de Mestre, distribue ses tracts régulièrement sur Venise...Venise vit comme les autres villes, d'Italie ou d'ailleurs, les gros mangent les petits, inexorablement...La loi de la concurrence est féroce. C'est vrai aussi que la mondialisation est à l'oeuvre à Venise, les maroquineries, le textile, les masques, les pacotilles, les perles, tout vient de Chine. Vous verrez que les Costa Concordia seront au rendez-vous sans changement, les paris sont ouverts... Et je dis ça avec amertume... Difficile d'envisager des solutions pour rendre à Venise une vie provinciale avec 22 millions de touristes/an !!! Sans compter les difficultés économiques dans lesquelles se débat le pays, les solutions ne seront pas faciles à trouver. Mais je ne demande qu'à réfléchir à son avenir...Cherchons encore... Cordialement. Un passionné de Venise... Comme vous.
- 21 janvier, 2012
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- Pauvre Lorenzo ! Tu as abordé le sujet qui fâche... Effectivement, pour vivre à Venise de nos jours, il faut avoir les moyens, ou faire de sérieux sacrifices, ou se débrouiller... C'est un sérieux frein à une réelle dynamisation de la courbe du nombre de résidents (sans parler de ceux qui sont à Venise quelques mois par an, phénomène qui a existé de tout temps). A propos des "bobos", j'ai remarqué que, depuis quelques années, les nouveaux acheteurs (dans notre condomitum), sont des italiens, jeunes, qui "ont les moyens", et qui sont désagréables à l'extrême. Leur cible première est "les étrangers" (les non italiens) et les appartement loués aux touristes. Mais ces gens-là (phénomène qui existe depuis deux ou trois ans), ne sont pas les résidents comme on les aime, qui partagent spritz et pizze lors de rencontres de quartier ou inter-associatives, qui manifestent contre les maxinavi (il n'y a que des vieux, pour aller au passage des gros bateaux de croisière ???), ou pour la sauvegarde de l'Opsedale. Où "Anonyme" a vu qu'il manque des enfants aux écoles ????? Il faut s'éloigner un peu de San Marco et on voit les petits vénitiens sans problème.
- 22 janvier, 2012
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- Voyez ce n'est pas moi qui le dit : de jeunes italiens argentés achètent à Venise pour relouer aux étrangers. Une belle source de revenus... Venise est bien servie ! Voilà l'avenir !! Hélas ! Cordialement !
- 22 janvier, 2012
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- Mais oui tout cela nous le savons. Je suis bien placé pour connaître cette situation : autour de moi beaucoup ont aménagé leur maison ou un appartement hérité d'une grand-mère pour en faire une source de revenu appréciable en louant leur bien aux touristes et comme il est dit plus haut, cela a toujours existé. L'appât du gain, la vénération pour le dieu Argent à Venise comme ailleurs pourrit tout, il n'y a pas que les indignés pour le dire !
- 23 janvier, 2012
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- C'est vrai, moi aussi je connais une famille qui loue une des chambres de l'appartement 120 euros la nuit !! Elle trouvait le prix très raisonnable... Le Dieu Argent est bien servi par ses ouailles... Cordialement.
- 23 janvier, 2012
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- En fait, même avant Berlusconi, les élus de la Région Vénétie (Consiglio Regionale) n'ont jamais été très volontaires pour investir dans la Venise historique.....Ils attendaient que les riches étrangers abondent les fonds de financement du patrimoine de Venise ( remarquez, c est ce que nous faisons en France pour le château de Versailles ! ). Et aujourd'hui,à moins d'un réveil citoyen qui ferait rentrer les comptes bancaires de Suisse ou du Lichtenstein pour Venise, je ne vois pas trop la solution.......les nouveaux venus vont habiter les maisons,certes, mais ils n'auront sans doute pas le pouvoir local....Rendez-vous en 2020 !
- 24 janvier, 2012
- Frédéric a dit…
- J'ai lu et relu ce plaidoyer et je partage cette vision de Venise. J'ai la chance d'y séjourner plusieurs mois par an. C'est un univers parallèle pour moi et mon épouse . Je m'y égare encore car c'est le seul moyen d'arriver quelque part. Merci d'accepter ma publication sur mon blog.
- 02 février, 2012
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