Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

20 décembre 2005

COUPS DE CŒUR N°1

Je voudrais ici présenter les livres, les expositions, les musiques et le lieux que j'ai apprécié et vous les faire découvrir. Comme je maîtrise encore assez  mal le langage «html», je vais limiter dans un premier temps mes ambitions... En mai dernier, revenant à peine de mon voyage annuel à Venise, j'avais cité plusieurs lieux qui me semblent pouvoir plaire aux voyageurs, à ceux du moins qui aiment se plonger dans des atmosphères authentiques sans tomber dans la carte postale eastmancolor. Je republie ces commentaires car certains semblent ne pas pouvoir les retrouver dans mes archives. Ils sont en fin de rubrique sous le titre «à VENISE». En août, revenu de mon Cotentin favori, j'avais profité d'un «Ferragosto » beau et chaud - ce qui est asseze peu courant en août dnas le Cotentin - pour livrer à mes lecteurs quelques commentaires sans prétention des livres des disques et des films que j'ai apprécié. A quelques jours de Noël, je vous livre quelques coups de cœur récents. N'hésitez-pas à me livrer les vôtres : A vos commentaires.

Mario Rigoni Stern   
En attendant l'aube
«En attendant l'aube exhale, à lui seul, son talent de conteur. Qu'il s'adresse comme à un camarade au peintre Jacopo Bassano, 1515-1592 (Lettre à Jacopo, bijou de surréalisme), qu'il déroule le fil d'une histoire d'amour cruelle parce que éphémère (Neiges de janvier, sublime narration) ou qu'il confesse son impossible pardon à son ancien instituteur, délateur à la solde des chemises noires (Noël 1945, cinglant de douleur), Mario Rigoni Stern écrit à hauteur d'homme, et trace les chemins de la vie.» dit de cet ouvrage Martine Laval de Télérama. Ce grand écrivain pas encore très connu en France écrit comme le paysage de son enfance, comme les lieux où il vit, à 120 kilomètres de Venise, non loin de Vicenza, dans la montagne d'Asiago. Il couche sur le papier la vie, le temps qui passe, les gens. Avec pudeur et réalisme. Avec des mots doux, il décrit des situations parfois à la limite du tolérable, d'autres très heureuses. Il laisse ses personnages s'en aller d'eux-mêmes vers d'autres. Un régal parfaitement rendu dans la traduction de Marie-Hélène Angelini : «Il avait recommencé à neiger ; la chienne s'était endormie contre mes jambes ; mes vêtements étaient presque secs et il y avait là un bon silence. La chaleur du feu, l'amitié d'Albino que je sentais, le lièvre que j'avais dans mon sac, les trois gorgées de marc donnaient un bon goût à la vie.» Primo Levi a dit de lui «On trouve rarement pareille cohérence entre l'homme qui vit et l'homme qui écrit, pareille densité d'écriture.»
 . 
Francesco Rapazzini 
Elisabeth de Gramont, Avant-gardiste
Le portrait sans concession de cette femme indépendant qui fit scandale et fut surnommée la duchesse rouge par son milieu d'origine. J'évite en général les gros pavés consacrés ces monstres sacrés de l'histoire ou des arts. J'ai fait une exception avec cet ouvrage d'abord parce que je l'ai reçu en hommage de l'auteur et que celui-ci est de mes plus chers amis. Mais aussi parce que, de retour d'un séjour à Venise, après un petit déjeuner royalement servi chez l'auteur, j'ai passé les trois heures de voyage plongé dans la vie incroyablement riche de cette aristocrate qui aida Proust à s'introduire dans la société dont il fera plus tard la matière de son chef-d’œuvre. Imprévisible jeune femme mal mariée, mère peu heureuse dont les choix sociaux et politiques, lorsqu'elle embrasse la cause du marxisme et celle du Front populaire, aux côtés des grandes figures révolutionnaires françaises et étrangères, fera sursauter une société parisienne moderne mais conventionnelle. Au fil des pages, on voyage avec elle, on vit ses rencontres avec Robert de Montesquiou et Marcel Proust, Natalie Clifford Barney, Remy de Gourmont, Romaine Brooks, Paul Valéry, Colette, Georges Clémenceau, Paul Morand, Gertrude Stein, Isadora Duncan, Valery Larbaud, Arthur Honegger, Jacques Ibert, Léon Blum, James Joyce, Louis Aragon, René Crevel... Tous ces êtres rares qui ont fait de Paris la «Nouvelle Athènes » ont gravité autour d'Elisabeth de Gramont. 
A VENISE...  
Margaret DuChamp. 
Campo Sta Margarita 3019. 
LE Lieu Where to go du quartier Dorsoduro. Après le Caffè Rosso qui est maintenant envahi par les bobos du coins et les touristes parisiens, et le DoDraghi, davantage quadras-alternatifs, c'est là qu'il faut s'asseoir vers midi à la terrasse, directement sur le campo, ou le soir à l'intérieur après la passegiata. Agréablement situé à l'angle du campo depuis 1996, face aux étals des marchands de poissons. Vous pourrez y observer les mouettes habituées de la place qui sont là tous les jours attendant l'aubaine. Très fréquenté par les gens du quartier et les étudiants, surtout après 21 heures (ferme à 2 heures du matin). La musique est bonne (jazz souvent la nuit). le décor intérieur sympathique. Bon choix de bières, délicieux Spritz. Le vin n'y est pas cher mais il n'est pas terrible non plus. Cheap, cheap... En revanche le café est l'un des meilleurs de Venise. Délicieux tramezzini, crostate maison et croque-monsieurs goûteux (se dit «toast» en italien, si vous ne voulez pas faire trop touriste...). 
Saluez pour nous Manuele. C'est le plus jeune serveur du bar. De père napolitain, ce vénitien de 17 ans, tout droit sorti d'un tableau de Carpaccio (l'Accademia n'est pas loin), est toujours souriant, toujours très patient avec les touristes et toujours prêt, après le service à bavarder avec vous. Branchez-le rollers et musique et vous le verrez s'illuminer. Ah, j'oubliais : tant que vous êtes dans le quartier, allez donc faire un tour à La Toletta, la grande librairie à prix réduits. Trois magasins y proposent tout ce que l’édition italienne fait de mieux, livres d'Art, littérature, photos, architecture, cuisine, histoire, BD, littérature enfantine. Un joli lieu en plus. C'est un peu ma bibliothèque car la maison que j'occupe à Venise est quasiment mitoyenne de la librairie ! En sortant du café de Santa Margherita, prenez donc une glace et dégustez-la en vous dirigeant tranquillement vers la Toletta. N'oubliez-pas : à Venise, on marche sur la droite pour ne pas déranger ceux qui arrivent dans l'autre sens. Un code de conduite que les touristes respectent peu en vérité ! 

Taverna da Baffo. 
San Polo 2346, campo sant'Agostin. 
Un autre endroit très sympathique, derrière San Polo. On y passe en revenant à pied de S.Stae ou se tient en ce moment une exposition des inventions de Leonard de Vinci, et à côté, dans la petite scuola qui donne sur le Grand Canal, où sont présentées des œuvres de Paladino sur le thème de Pinocchio (mais je vous en reparlerai plus tard). C'est un campo très calme qui donne sur un rio avec deux ponts pittoresques. La taverne porte bien son nom. Lieu rustique (tables de bois, poutres apparentes et murs de pierre). Accueil chaleureux. le patron et les serveuses (très mignonnes) circulent entre la grande salle intérieure, fréquentée par des ouvriers et des hommes d'affaire du quartier, et une agréable petite terrasse devant l'église. Ici pas de menu touristique (la plaie de Venise), mais des plats traditionnels : pâtes, risotto, et pour les gens pressés, polpette (croquettes de pomme de terre, de fromage ou de viande) et bien entendu, tramezzini. Le vin, servi au verre est de qualité : Soave, Merlot, Lambrusco, Pinot Grigio et même, si vous passez assez tard, un délicieux Clinto, introuvable parce que réputé dangereux et interdit. Même le Fragolino est bon. 

Centrale Restaurant Lounge. 
S.Marco 1659, Piscina Frezzeria. 
Un endroit très fashion. Dans un vieux bâtiment du XVe, éclairé par des tas de petites veilleuses, une décoration gris, prune et noir, de l'acier, du lin, du bois. Les serveuses sont très froides mais attentives. La musique excellente. Nourriture traditionnelle et sophistiquée. Un lieu branché où l'on arrive par la rue ou par le canal. Inutile de préciser que les prix vont avec le style du lieu. Mais on y passe un agréable moment. C'est New York, Berlin ou Londres à Venise. Il faut y aller une fois bien que dans le genre raffiné branché, je préfère de loin le Harry's Dolci à la Giudecca. 
Voici ce qu'en dit le site http://www.2night.it/2night/venezia/locali/membri/5332.html : Nel cuore di Venezia, uno spazio che coniuga la ricerca culinaria con la passione per il design ed il dettaglio, il tutto in un'atmosfera innovativa ed internazionale.Entrare al Centrale è come immergersi nell'essenza del lounge: un "salottino" nato dal sapiente restauro di un'antico palazzo ed ora fatto di alte vetrate, mattoni a vista accostate all'acciaio e al vetro. Tutto ciò in un rilassante sfondo musicale dal jazz al chill-out. Qui, baciata dalla tenua luce di numerose candele, la clientela può deliziarsi con piatti della cucina mediterranea, reinterpretata in modo creativo: dai tagliolini neri con scampi crudi fino all'astice alla Catalana, dal carpaccio di branzino in salsa di kiwi ai filetti e tagliate di carne. L'estro dello chef si accompagna ad un servizio puntuale che concerne la presentazione delle portate fino alla freschezza degli ingredienti.Il Centrale è anche sede di vivaci proposte come l'aperitivo Happy Live del giovedì, con un ricco buffet offerto dalla casa, invitanti cocktails e musica live dal jazz alla bossanova. Periodicamente si organizzano anche cene di cucina esotica ed eventi culturali.