L’enfant
distrait regardait par la fenêtre la pluie tomber. Il suivait des yeux
les gouttes qui s’écrasaient sur la vitre. Le bruit de l’eau coulant le
long des croisées. Tout l’emportait vers un ailleurs paisible et tendre.
Comme une mélodie lente et suave qu’un violoncelle quelque part
égrènerait. Il était seul. Dehors, l'eau du canal s'était faite noire,
le ciel d'abord d'un jaune délavé passait du blanc au gris. Des éclairs
au loin illuminaient l'horizon qu'on devinait derrière la façade du
vieux palais, de l'autre côté. Sur l'autre rive. L'enfant était soudain
au milieu des éléments déchaînés, loin en pleine mer, abandonné sur un
navire aux mâts arrachés, aux voiles déchirées. De terribles pirates le
poursuivaient. Le crayon à la bouche, l'enfant regardait par la fenêtre
la pluie tomber. La page du cahier de français restait blanche. Un jour
d'averse à Venise, rempli d'angoisse et de solitude[...]
Écrit un jour de pluie, à la mémoire de N.H. Jacopo F.
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