Peut-être  serait-il plus charitale de ne pas revenir sur l'échange violent entre  le maire et l'un des vainqueurs de la Regata Storica l'autre jour sur La  Macchina. Mais comme le Gazzettino en rajoute une couche aujourd'hui en  annonçant l'ouverture d'une information judiciaire contre les  protagonistes de cette malheureuse affaire, je ne résiste pas à l'envie  de vous raconter ce qui s'est passé.
Le  maire avait prévenu tout le monde : si les régates ne se déroulaient  pas dans l'ordre et si les décisions des juges sont contestées, la  commune annulerait toute la stagione remiera, saison sportive  que les vénitiens attendent comme d'autres les internationaux de tennis  ou la coupe de football. La journée semblait s'être parfaitement bien  passée. Le cortege historique avait été très applaudi et sur la machina,  si on s'ennuyait un peu entre deux courses, on appréciait la qualité  des prestations sportives qu'offraient les différentes équipes, depuis  les moins de 14 ans, les équipes féminines jusqu'aux anciens et aux  gondoliers professionnels. Mais tout a basculé quand les vainqueurs sont  arrivés sur le ponton officiel. La tradition veut que soit remis aux  gagnants un fanion de couleurs ; l'équivalent des médailles d'or,  d'argent et de bronze. Et soudain, le drame : un des protagonistes,  classé troisième, a jeté son trophée dans l'eau du grand canal et en  hurlant a voulu s'en prendre physiquement au jury, devant l'assistance  médusée. Massimo Cacciari, qui a un tempérament bouillonnant et ne s'en laisse jamais compter (pour un philosophe, je l'ai rarement vu rester stoïque !),  s'est mêlé de l'affaire et les deux hommes en sont venus pratiquement  aux poings. En tout cas les injuers et les noms d'oiseaux ont fusé entre  le rameur et le premier magistrat de la ville, plus petit mais  teigneux. Bref, scandale sur le Grand canal. Et l'affaire apparemment ne  va pas en rester là puisque la justice est saisie. 
Ne  riez pas, il ya dans Venise les partisans et les opposants au vaincu  râleur et cela discute sec dans les bars et les osterie. Tout cela en  fait reste dans la bonne tradition des nicolotti contre les bartolotti.  La République sérénissime savait faire : elle laissait ses administrés  en découdre de temps à autre et d'une manière très officielle afin  d'éviter ce genre de tensions qui persiste et finit un jour par  permettre une de ces tragédies à l'antique, vous savez l'histoire  éternelle des Capulet et des Montague (après tout Vérone n'est pas loin !). Mais l'échange entre le rameur et Cacciari n'a pas grand chose à voir entre le dialogue de Juliette avec son Roméo...
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