Les tables de la terrasse n'étaient autres que celles du Florian qui furent changées dans les années 60. Attablé devant un caffé macchiato, je pouvais bouquiner tout en surveillant la galerie. Dès qu'un visiteur semblait intéressé et cherchait où pouvait bien être la personne qui s'occupait de la galerie, je l'appelais et selon le degré d'intérêt, je traversais (le pont est tout près sur la gauche, de là où a été prise la photo).
Un jour, un client avait l'air un peu agacé de ne voir personne dans la galerie. Un client du bar était arrivé avec un sandolo qu'il avait amarré contre une des barques que les riverains laissent le long de la fondamenta, voyant la situation, me proposa gentiment de me servir de la petite embarcation comme d'un traghetto,
et en quelques secondes j'étais de l'autre côté. Le client était un
jeune homme d'une vingtaine d'années. Britannique, il servait alors dans un
régiment de la reine à Berlin. Tombé fou amoureux des peintures
de Ferruzzi, il m'acheta plusieurs petites toiles. Peintes sur bois, faciles à transporter, elles étaient alors
à des prix encore abordables. Nous avons conclu l'affaire au petit bar après avoir
traversé le rio dans l'autre sens, buvant un'ombra avec le propriétaire du bateau, Alessandro
- qui allait devenir un ami et travaillerait à ma place à la galerie
quelques années plus tard - et le patron du bar, aujourd'hui disparu.
La galerie Ferruzzi dans les années 80 |
6 commentaires:
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magnifique évocation de ce souvenir de malle, plus encore que le récit, je reste admirative de ta prose, ignorante que je suis (pauvre de moi !) je pensais que tu étais italien, mais est-ce possible de raconter ainsi un si charmante souvenir dans notre langue si complexe ?
Cordialmente :) -
Je ressens toujours beaucoup de nostalgie (de votre part, mais c'est communicatif!) à la lecture de tous vos souvenirs vénitiens. Ce doit être pourtant bien agréable et enrichissant d'avoir pu ainsi passer votre jeunesse à Venise en côtoyant des gens si divers et intéressants. Bonne continuation
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Nous sommes de grands admirateurs de "Bobo", dont nous nous avons acheté un tableau et qui nous a invités, un jour, chez lui à la Giudecca, à boire un "ombra"...
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Dans sa magnifique maison-atelier remplie de trésors (J'ai présenté cette charmante maison dans mon billet daté du 27/11/2006)ùais elle se trouve à deux pas de la galerie, entre la calle Navarro et les Zattere. Tramezzinimag a rendu plusieurs fois hommage à Bobbo. C'est à mon avis le dernier vedutiste vénitiens avec un sens inoui du chromatisme tout imprégné de l'atmosphère de Venise. Les créations de Norelène (sa femme Nora et sa fille Hélène) sont aussi des merveilles.
Nostalgiques mes billets-souvenirs ? Peut-être mais autant qu'un souvenir de jeunesse peut l'être pour l'homme mûr qui se souvient. Sans regret si ce n'est celui d'être parti et de ne jamais faire qu'y passer désormais.
Wictoria, sono italiano... e francese. Vivo in Francia purtroppo. Les hasards de la vie des choix imposés mais avant d'être italien ou français, je me sens totalement absolument définitivement vénitien d'où sont tous les miens ! -
Vous décrivez si bien Venise et vos souvenirs! A quand la publication d'un livre qui rassemblerait ces textes que nous avons tant de plaisir à lire?
Anne -
Ah, la jungle de l'édition ! il y a beaucoup à en dire. Mais vous avez raison, dire que je n'y songe pas serait mentir mais il ne suffit hélas pas de l'encouragement de lecteurs assidus. Tant de contingences président aujourd'hui à la publication d'un livre et peu sont littéraires...
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