Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

30 avril 2012

Dimanche. Un livre, un gâteau, et la musique de Bach.

Les dimanches que j'aime sont toujours de la même couleur. Celle d'un bonheur tranquille que rythment joyeusement les Suites anglaises de Bach sous les doigts de Glenn Gould. Peu importe le temps qu'il fait au dehors, dans la maison le soleil brille de tous ses feux. Le chat ronronne de plaisir, la table pour le thé réunit toute la famille. Scones dorés, thé fumant et parfois, un de ces gâteaux qui réveillent en nous mille souvenirs d'enfance. Hier, c'était un Fondant à l'orange. Constance qui s'est prise de passion pour ces petits bracelets de ruban qu'on garnit de breloques retrouvées dans les tiroirs et les vieux coffrets de sa Bonne-maman (comme la recette du délicieux Fondant), s'affaire près de la fenêtre. Tout autour d'elle, fils et tissus dans un joyeux désordre, illuminent de couleurs acidulées le gris du ciel. 

La sarabande de la Deuxième Suite se glissent dans toute la maisonnée. Dehors, la pluie continue sans arrêt depuis plusieurs jours. Une accalmie ce matin nous a permis d'aller à la messe sans parapluie. Joie de ce moment de soleil si doux. En rentrant, petit détour par des ruelles silencieuses pour admirer quelques vieilles pierres, rajouts très anciens qu'un architecte habile a utilisé autrefois, nous permettant aujourd'hui d'admirer là une fresque gallo-romaine, ici un arc médiéval. Le temps passe vite quand tout est en harmonie. La panique et l'angoisse de vendredi envolées, le blog retrouve peu à peu l'ensemble de son contenu. Ouf... 

Dix sept heures sonnent au clocher voisin. L'heure sacrée du thé. Les scones, la confiture de poires faite l'été dernier, la gelée de coings, celle de mûres un peu liquide... Le roman découvert par hasard et qu'on ne peut plus quitter. Hier, c'était La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (à lire toutes affaires cessantes !). Un petit bijou d'émotion et d'humour aussi. Comme la vie ordinaire. Un passage émouvant sur un père retombant en enfance, des pages sur l'utilité des blogs. Dehors, des enfants rient en pataugeant bruyamment dans les flaques. Leurs rires répondent à la musique du Kantor de Leipzig. Même rythme, même ton. Combien j'aime ces dimanches tranquilles tout remplis d'âme et de paix. 

Le Fondant à l'orange de Bonne-maman : 
Il vous faut : 175 g de bonne farine tamisée, 1/2 sachet de levure, 3 œufs frais, 80 g de beurre frais, 175 g de cassonade, 125 g de sucre glace, 3 oranges à jus, une pincée de sel, 1/2 cuillère à soupe de rhum ou de Cointreau. 

Commencez par mélanger le beurre ramolli avec le sucre jusqu'à obtenir un mélange bien crémeux. Ajoutez le zeste d'une orange, puis les œufs en remuant vigoureusement, puis la farine, la levure et le sel, quand l'appareil est homogène, versez-y le jus d'une orange. Bien mélanger. Versez la pâte ainsi obtenue dans un moule à manqué beurré et fariné. Cuire à feu doux (th 4, 150°) pendant environ 40 minutes (jusqu'à ce que le dessus soit joliment doré et qu'une pointe de couteau ressorte sèche du gâteau (tout le monde sait ça, pourquoi me sentir obligé de l'écrire une fois encore ?). Pendant la cuisson, faire un sirop avec le jus des trois autres oranges et le sucre. Laisser bouillir plusieurs fois et maintenir au chaud. le sirop est prêt quand le sucre a entièrement fondu. Inutile d'écumer, après cuisson le sirop va s'éclaircir et la mousse disparaître. Quand le gâteau est cuit, le démouler aussitôt et le renverser sur une grille que vous poserez sur un plat. Imbibez-le avec le sirop de façon à ce que toute la surface et les côtés soient mouillés, recommencez tant qu'il y a du sirop dans le plat. Servir tiède ou froid. Les deux manières ont leurs partisans. Personnellement, je le préfère tiède. Servi avec une crème anglaise peu sucrée (la vraie), c'est absolument à se damner ! 

Le soleil est revenu faire un petit tour, jouant avec les miettes sur la nappe sous le regard ravi du chat qui n'aime pas toute cette humidité. Des images iconoclastes qui nous parviennent de Venise n'entameront pas notre bonne humeur. Pourtant il y a de quoi enrager. Ces horribles grandi navi qui se font chaque jour plus nombreux et dont personne ne veut dans le centro storico et ces (superbes) vieux modèles d'automobiles qui ont envahi le parvis de San Giorgio, à l'occasion de l'arrivée d'un rallye parti de Monaco et dont les prix étaient remis en grande pompe lors d'une soirée de gala, dans les salons de la Fondation Cini. C'était la maison Vuitton qui était l'instigateur). Voir des voitures à Venise qui a su lutter depuis toujours contre ce qui enlaidit les autres villes du monde, à de quoi faire hurler. Exactement comme la vitrine Ferrari qui faisait tâche (rouge) sur la Piazza ! heureusement, Buonaparte n'a pas eu le temps de mettre ses menaces à exécution, et le petit Attila corse est parti vers Sainte-Hélène avant que de transformer le grand canal en boulevard carrossable !

Crédits photographiques © OliaiKlod

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