Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

08 décembre 2014

Quand dehors, le froid se répand et qu'il faut allumer les lampes

Quand dehors, le froid se répand et qu'il faut allumer les lampes, le bonheur est grand de pouvoir se lover dans un fauteuil confortable, près d'un feu de bois, une tasse de thé bouillant à portée et des livres. L'hiver est la saison de l'introspection et le retour sur soi trouve son compte dans ce ralentissement des mouvements et de la pensée. Remettre une bûche dans l'âtre, attiser les braises. Tirer une bouffée de la vieille pipe et mettre de la musique. Belle expression qui me fait sourire à chaque fois que je l'emploie. «Je mets mes chaussures» crie le loup de la comptine aux enfants délicieusement effrayés. Moi, «je mets de la musique» et mon corps se détend d'avance comme par enchantement. C'est peut-être cela la Joie dont parlent les bouddhistes, comme un remède à notre incomplétude. L'ego laissé à ceux qui dehors continuent de courir, la tendance de mon cœur est toujours à la à la méditation. Un paisible retour sur soi et le thé qui fume dans la tasse.De la lecture aussi.
Aujourd'hui, ce seront Les Cantos du grand Ezra Pound. Le livre posé sur un bras du fauteuil semble retenu par le chat qui ronronne en somnolant sur une page trop compliquée pour sa simplicité de chat. Et cette belle prière magnifiée par Mozart dans un offertoire composé en 1775, ce «Sub Tuum Praesidium» que j'ai eu le bonheur d'entendre chanté par Max Emmanuel Cencik, alors jeune soprano soliste des petits chanteurs de Vienne, et dont j'ai retrouvé récemment des images.
 


Bien que je l'aie certainement croisé à Venise, je ne me souviens pas d'Ezra Pound disparu en 1972. En revanche le souvenir de mes rencontres avec Olga Rudge est très présent dans ma mémoire. C'est à Dachine Rainer que je dois d'avoir pu pénétrer dans la petite maison du poète. A ce que j'ai vu et entendu, se mêlent les propos et les explications volubiles de la dame américaine très proche du couple Pound-Rudge, qui a beaucoup échangé avec l'auteur des Cantos (Elle le fit libérer de l'hôpital psychiatrique où le gouvernement américain l'avait fait interner après son procès, un peu dans l'espoir de s'en débarrasser). La lecture des Cantos est un moment important pour l'amoureux des mots. Comme devrait l'être la découverte de Ulysse de James Joyce ou des Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar.

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