On
entend souvent dire que Venise manque de verdure, que c'est un milieu
urbain totalement minéral et cette évocation est d'autant plus prégnante
quand le voyageur vient en été, lorsque les journées sont
particulièrement chaudes et humides, comme ces dernières semaines.
S'il
n'y a pas, en dehors de la promenade qui mène au quartier de
sant'Elena, de longues avenues bordées d'arbres, la ville est remplie
d'espaces verts qu'il faut savoir découvrir mais qui existent bel et
bien. A commencer par les jardins de certains palais, les campi où ont
été plantés des arbres, les jardins et parcs publics (des Giardini au
parc Papadopoli en passant par les charmants jardins Savorgnan derrière
la gare ou celui de Sant'Alvise, les cloîtres et les potagers des
couvents, comme à Sant'Elena justement, à San Francesco della Vigna, à
l'Ospedale, ou du côté de la Madonna dell'Orto, sans compter les
potagers et les vergers - les vignes aussi - de la Giudecca... Une vue
aérienne de la cité des doges montre pléthore d'espaces verts arborés.
Hélas, la plupart des jardins sont privés et peu nombreux les espaces
verts ouverts au public. Quant ils le sont, on est parfois déçu de se
retrouver au milieu d'une sorte de prairie mal entretenue ombragée de
grands arbres mal taillés. C'est qu'il n'y a pas à Venise cette
tradition du jardin comme espace social public comme dans d'autres
villes italiennes. Venise possède ses canaux et ses rii. Ce sont ces
couloirs d'eau qui forment la plus naturelle aération de la ville.
Branchies plutôt que poumons.
Beaucoup
de palais ont eu leur jardin habillé au goût de chaque époque. Jardins
de simples, roseraies, arboretums plantés d'essence précieuses et rares,
dédales romantiques remplis de fabriques et autres folies, il y en
avait pour tous les goûts. Beaucoup ont disparu mais parmi ceux qui
subsistent, le visiteur émerveillé découvre une toute autre image de
Venise, bucolique et charmante. Fantasmés, certains de ces jardins ont
abrité bien des évènements, comme le parc de l'ancienne ambassade de
France où furent organisés de magnifiques spectacles de son et de
lumière sous l'égide de Vivaldi (à l'occasion du mariage du dauphin fils
de louis XV par exemple). D'autres élaborés de toute pièce par des
aristocrates russes ou anglais, comme le jardin de Sir Anthony Eden,
ancien Premier Ministre de sa Très Gracieuse Majesté, quasiment
abandonné depuis le passage de son dernier occupant, le peintre Hundterwasser.
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