Dix-neuvième année - Nouvelle édition. Les Hors-Textes de Tramezzinimag :

27 novembre 2016

Venise chantée par Nietzsche


Friedrich Nietzsche rédige son poème 'Venise" en 1888. Il le recopie dans Ecce homo, en notant cette phrase devenue célèbre : "Quand je cherche un autre mot pour musique, je ne trouve jamais que Venise"(1) Il avait séjourné dans la cité des doges quelques années auparavant. En 1880, puis en 1884 et aussi en 1886. C'est à Venise qu'il écrivit Aurore, sous-titré Réflexions sur les préjugés moraux, avec en exergue cette belle citation du Rig Veda  "Il y a tant d'aurores qui n'ont pas encore lui". dont il dicta les aphorismes sous le titre L'Ombra di Venezia, au musicien Frierich Köselitz (que Nietzsche avait rebaptisé Peter Gast). Philippe Sollers souligne, dans son Dictionnaire amoureux, combien les termes musique et silence reviennent souvent lorsque le philosophe parle de ses séjours à Venise, notamment dans ses lettres à l'ami Köselitz-Gast, "...Un seul endroit sur terre, Venise". (2) 
An der Brücke stand 
jüngst ich in brauner Nacht.
Fernher kam Gesang : 
goldener Tropfen quoll’s 
über die zitternde Fläche weg. 
Gondeln, Lichter, Musik - 
trunken schwamm’s in die Dämmrung hinaus… 

Meine Selle, ein Saitenspiel, 
sang sich, unsichtbar berührt, 
heimlich ein Gondellied dazu, 
zitternd vor bunter Seligkeit. 
- Hörte Jemand ihr zu ?…
Accoudé au pont,
j’étais debout dans la nuit brune
De loin, un chant venait jusqu’à moi.
Des gouttes d’or ruisselaient
sur la face tremblante de l’eau.
Des gondoles, des lumières, de la musique.
Tout cela voguait vers le crépuscule.     

Mon âme, l’accord d’une harpe,
se chantait à elle-même,
invisiblement touchée,
un chant de gondolier,
tremblante d’une béatitude diaprée.
- Quelqu’un l’écoute-t-il ?

(Traduction de Guy de Pourtalès)       
__________

1 - :  "Wenn ich ein andres Wort für Musik suche, so finde ich immer nur das Wort Venedig".
2 - : In- Philippe Sollers, Dictionnaire amoureux de Venise, Plon éditeur, 2004., pp. 343-352.

2 commentaires:

  1. Bonjour Laurent,
    Je suis un peu frustrée par la dernière phrase qui semble interrompue...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oups, merci de e l'avoir signalé. C'est le premier brouillon qui a été publié et non pas la version définitive. Voilà qui est rétabli. Merci de votre fidélité.

      Supprimer

Vos commentaires :