
C'est aujourd'hui l'ultime jour de Carnaval Xe morto, xe finio carnoval ! Ne versons pas de larme, il reviendra, frais et gaillard dès l'année prochaine !
Il y a deux types de personnes : celles qui aiment se travestir et celles qui détestent. parmi les adeptes du déguisement, de tout temps, on trouve ceux qui aiment paraître autres ou dis-paraître sous des accoutrements divers qui cachent aux autres qui ils sont et parfois ceux qu'ils sont. Ils aiment se sentir différents et en se donnant à voir peuvent espérer se cacher. Ainsi des gens masqués qui des semaines durant lors les carnavals d'antan de la Sérénissime (la période où l'on allait masqués duraient alors une bonne partie de l'année ) allaient au théâtre, dans les cafés et aux bals le visage couvert d'un masque. Le patricien et les plébéiens se mêlaient joyeusement La grisette pouvait passer pour être une princesse étrangère ou une grande dame en goguette, le jeune héritier proche du doge se transformait en manœuvre de l'arsenal ou en marin du nord.
Il fallait faire rêver, séduire et s'amuser avant que le Carême ramène tout le monde vers la contrition et l'abstinence. Une liberté de mœurs, le reste de l'année décriée et parfois pourchassée, dont tous profitaient sans vergogne. Un peu de cet esprit est resté. On le retrouve à certains moments pendant les carnavals d'aujourd'hui à Venise. On dit que ces moments qui pourraient jaillir du somptueux passé de la Dominante avant que l'Attila corse et son armée de soudards mettent fin à la République. C'est vrai. Rarement, mais c'est vrai. On croise encore de somptueux costumes bien portés, des masques dont on aimerait soulever le voile et un parfum de settecento qui semblerait presque authentique. Hélas, pour la grande majorité, le grossier et le vulgaire règnent en maître. C'est à qui sera le plus ridicule. Le carnaval est un outil de défoulement pour les masses abruties par les médias.
Heureux les happy few qui peuvent se rendre à des soirées privées - toutes en accès payant - ou à ces bals «comme avant» (ou presque) qui s'organisent dans certains palais. Ils remontent le temps et peu importe les télescopages du temps, la marquise poudrée toute de soie vêtue croise le maréchal d'Empire ou un cardinal romain... Mais ce n'est pas l'image représentative de ce que le carnaval est aujourd'hui. Peut-on le regretter ou faut-il se réjouir de cette dynamique de la fête et du plaisir mis aux diapason de nos temps et de leurs usages ?
Et, pour finir joliment, un peu de musique avec cet extrait du final de la pièce de Goldoni donnée en 2017 au teatro Astra de Torino. Un très beau souvenir pour ceux qui ont pu y assister ( et y participer). Certains parmi les lecteurs de Tramezzinimag doivent encore s'en souvenir !
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