Je dois virer au vieux machin grincheux mais dès
que j'entends parler de ces projets pharaonesques qui sont présentés
comme de grands progrès pour l'avenir de la Sérénissime je sens des
palpitations s'emparer de mon coeur, des démangeaisons et l'envie de
hurler que le seul combat qui vaut la peine d'être mené jour après jour
et n'aura jamais de fin, c'est celui qui consiste à préserver Venise des
outrages du temps et des dommages de l'ultra-modernité, qui n'est pas
un progrès mais une plaie pour le patrimoine et la conservation.
Bien
sur les inventions, les techniques modernes peuvent apporter des
solutions durables aux problèmes de restauration, mais doit-on laisser
les adeptes du progrès jouer aux apprentis-sorciers et prendre le risque
de laisser détruire inexorablement les trésors préservés du passé ?
Bref, vous aurez compris que ce sont des idées qu'on pourrait croire
farfelues qui se répandent en ce moment à Venise et sont prises très au
sérieux ! Le président de la région, potentat ultra-libéral aux
ambitions aussi titanesques que ses idées sur la Venise du XXIème siècle
et suivants (s'il y en a), a décidé qu'un métro était
nécessaire pour améliorer les déplacements des vénitiens. Pour qu'ils
aillent plus vite ! Non seulement tout le monde est d'accord pour dire
que faire des trous et autres excavations dans le sous-sol argileux de
la lagune serait prendre un risque démesuré pour l'équilibre de
l'éco-système lagunaire déjà bien mal en point, mais imaginez-vous des
stations souterraines qui déboucheraient place Saint-Marc comme Indiana Jones dans un film célèbre ?
Si
ces monuments restent debout après de tels travaux, qu'est ce que
Venise aura gagné avec un métro ? Davantage de touristes, qui
circuleront sous terre et s'ajouteront à ceux qui arpentent les ruelles
et les campi. Et puis mettre 30 minutes pour aller d'un point à un autre
en vaporetto restera toujours pour le vénitien qui se rend à son
travail plus appréciable que 5 minutes dans une rame de métro
souterraine, vous ne trouvez pas ? Mais imaginez un peu : 250 millions
d'euros de travaux pour 15 millions de voyageurs par an de Tessera (l'aéroport à l'Arsenal en passant par Murano)
à 9 euros pour les touristes et 3 euros pour le vénitiens, si je ne
m'abuse cela fait 135 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Amortissement des travaux en 24 mois, puis le pactole pour l'ACTV (la société des transports en commun de Venise)
qui en profiterait pour supprimer la liaison en autobus par le pont de
la Liberté et quelques lignes de vaporetti de plus en plus obsolètes (sic).
Le progrès, mes amis, le progrès ! Le climat change et le ciel en ce
début d'été est pourri, l'eau manque et quand elle coule encore dans nos
rivières, elle est polluée, chque jour les sculptures en pierre
d'Istrie des façades vénitiennes se transforment en talc, la lagune
monte et les poissons morts flottent le ventre en l'air partout dans la
lagune, au milieu des algues radio-actives mais vive le progrès et la
fuite en avant du modernisme !

Heureusement,
la protection de l'environnement a de plus en plus d'adeptes, et un
tunnel de plus de huit kilomètres dans la couche d'argile qui forme
l'immédiat sous-sol de la lagune et de la cité des doges (et qui est en contact direct avec la nappe phréatique) représente un frein aux ambitions du Président Galan. Massimo Cacciari ne serait pas contre s'il est prouvé que le projet présente un risque zéro... Amis de Venise, après l'inénarrable projet Mose,
restons vigilants et ne laissons pas les financiers et les technocrates
détruire ce patrimoine unique déjà bien mal en point !
Pour
ma part, je vais cesser de pester contre tous ces apprentis sorciers au
manichéisme somme toute ultra vulgaire et me retirer dans mon joli
jardin, lire de la poésie, faire de la pâtisserie avec mes enfants et me
remplir les yeux des merveilles qui me sont données d'approcher tant
qu'il est encore temps. "En attendant les barbares"...




Connaissez-vous
Emily Harvey ? Cette galeriste new yorkaise connue pour son soutien
envers la communauté avant-garde internationale et notamment les
artistes du mouvement Fluxus. Elle partageait sa vie entre New York et
Venise où elle avait élu domicile. Elle aimait Venise et voulait
partager avec dautres lamour quelle avait pour cette ville unique.
La 


Se
rendre à Venise et ne pas descendre à l'hôtel, voilà un vieux rêve que
tout le monde aujourd'hui peut transformer en réalité. Des centaines
d'adresses sont ainsi à la disposition des voyageurs - vous savez
combien je préfère ce terme à celui tellement dévoyé de "touriste" - et il s'ouvre chaque jour un nouveau "bed & breakfast" plus ou moins accueillant. L'idée est bonne : Vivere alla veneziana, entre amis ou en famille pendant quelques jours,
voire
quelques semaines... Attention cependant au danger. Vivre ainsi vous
fera risquer l'addiction. Trop agréablement installés, des habitudes
vite prises chez tel ou tel commerçant bienveillant, quelques bribes
d'italien, deux ou trois rencontres avec des voisins avenants et ça y
est, vous êtes en état de dépendance et la désintoxication devient
impossible. Il n'y a aucun remède et si l'overdose n'est pas mortelle (du moins pas à ma connaissance !), l'embarras peut prendre de terribles proportions. Je sais de quoi je parle !
L'hôtel à Venise lorsqu'on a un budget "normal",
se résume à un décor néo-vénitien avec débauche de damas et de brocard,
nègre de bronze tenant une lanterne dorée, lustres à pampilles dorées
et lions de saint Marc en plâtre doré. Votre chambre matelassée de faux
tissu XVIIIe ouvrira sur un puits de jour sans lumière souvent
nauséabond et dans les catégories les plus simples, le drap du dessus
utilisé par vos prédécesseurs sera devenu votre drap de dessous.
Colazione continentale avec un mauvais pain blanc sans aucun goût, un
petit pot de confiture d'abricot, une plaquette de beurre et un café au
lait sans imagination...
Bien
sur les catégories supérieures ont de belles chambres, des concierges
affables et de gentils grooms en livrée. Mais passer dix jours en
famille au Londra, au Métropole, au Baüer-Grunenwald et à plus forte
raison au Danieli ou au Gritti (je ne parlerai même pas du Cipriani à la Giudecca)
n'est pas pour tous les portefeuilles sauf à pouvoir claquer 1.000 à
5.000 euros par jour. On peut certes dormir au Danieli pour une somme
relativement modique mais ce ne sera pas la chambre de George Sand et
Chopin.
d'amour
romantique au possible situé sur le Grand canal avec une partie de
jardin à votre usage personnel, étage noble d'un vieux palais, duplex
fonctionnel avec terrasse, loft ultra moderne avec jacuzzi et haut
débit... Quant aux tarifs, ils vont de 650 euros à 15.000 euros la
semaine (exemples extrêmes pris au hasard des quelques agences avec qui je suis en contact). La moyenne pour un appartement convenable non inondable (trop de locations sont des magazzini transformés à la hâte et qui malheureusement sont inondés lors de l'aqua alta)
tourne entre 800 et 1.200 euros la semaine en Pleine Saison. Il est
souvent possible de négocier les tarifs pour des durées plus longues.


















Davide Croff
et l'ivoirien
les bureaux de 


