La description de San Marco par Michel Butor
..."Ah ! La gondola, gondola ! - Oh ! - Grazie ! - Il faut absolument que je lui rapporte un très joli cadeau de Venise ; pensez-vous qu’un collier comme celui-ci lui ferait plaisir ? Mais oui, c’est lui ! C’est bien lui ! Décidément, on rencontre tout le monde ici ! Garçon ! Garçon ! Cameriere ! Un peu de glace s’il vous plaît ! - Oh ! - Et vous, où êtes-vous logés ? Vous n’avez pas eu trop de difficultés ?"...
Il y avait à Bordeaux une grande librairie aujourd'hui disparue, dans une petite rue du centre. Des coins et des recoins regorgeaient de livres anciens, parfois rares souvent épuisés. J'avais quinze ans, je préférai ces rayons éloignés à ceux du rez-de-chaussée où s'étalaient les nouveautés.
Je n'avais pas encore idée combien Venise serait dispensatrice d'un fluide vital qui n'a pas cessé depuis de m'alimenter et me permet de vivre. Or un jour, parmi les livres d'occasion présentés sur une table, je remarquais un ouvrage peu épais, d'un format assez inhabituel, dans la collection blanche de Gallimard. Il était recouvert de ce papier cristal qui enveloppe aujourd'hui encore tous les brochés de ma bibliothèque et que j'ai de plus en plus de mal à me procurer. L'auteur : Michel Butor, le titre : Description de San Marco. Pour ma plus grande joie et aussi pour mon malheur, je l'ouvris... Je fus soudain plongé dans un univers sonore incroyable et les mots très vite firent place à une musique inconnue, faite de tous les sons qui peuvent assaillir le voyageur quand il fait étape place Saint-Marc, un matin d'été, devant la basilique. Cette juxtaposition de bruits, de paroles, de notes musicales, elle transparait incroyablement dans le texte de Butor. La présentation même du livre évoque cette sonorisation du texte et provoque une lecture à deux temps : la description scientifique de la basilique enrichie des commentaires de l'auteur, visiteur esthète et curieux, et le fonds sonore, vivant, parfois trépidant, qui est rendu par un agglomérat de paroles qui s'enchevêtrent et forment un bruit de fonds.
Le livre refermé, j'avais vraiment l'impression de revenir d'une promenade à Venise. L'été qui suivit, mes parents, en route pour Istanbul, nous y emmenèrent. Ce fut un choc tel que je suis convaincu aujourd'hui d'en avoir été transformé tout entier. Plus rien dans ma vie depuis lors n'a eu le même goût. Toutes les expériences de mon adolescence, les découvertes, les victoires comme les défaites, je les ai ressenti, assimilé, digéré à travers ce prisme-là que le texte de Butor a mis à jour en moi. Délicieux poison instillé par des mots qu'autrefois je savais par cœur... Rien, de ce que j'ai pu lire depuis sur Venise (comme sur San Marco) ne m'a paru aussi vivant, aussi fort, aussi vrai et bouleversant que le beau texte de Michel Butor. N'en déplaise à ceux qui railleront mon lyrisme, je ne serai pas ce que je suis sans ce livre.
J'avais quinze ans à peine et déjà Venise m'assaillait. Ce n'était pas le hasard auquel je ne crois guère. On m'expliqua bientôt que mes ancêtres étaient vénitiens et que ceux de ma race depuis les origines y étaient attachés. Marchands, marins, soldats ? Ils s'installèrent à Constantinople et de vénitiens devinrent italiens au XIXe siècle. Pour les différencier des cousins de Rome ou de Florence, ne lisaient on pas "di Venezia" dans les vieux documents administratifs de la Sublime Porte pour désigner mes descendants directs parmi mes aïeux.
Voilà peut-être un explication rationnelle de cet émoi lorsque pour la première fois, tout rempli encore de cette lecture, je posais le pied sur le sol de Venise, emplissant mes poumons d'un air que chaque fibre de mon corps reconnaissait. J'ai ressenti cela aussi mais avec moins d'acuité à Istanbul comme à Rhodes, à Corfou, à Capri... Partout où les miens ont vécu... Mystère du sang, mystère de la mémoire d'un temps que je n'ai pas connu mais dont je suis pourtant imbibé...
De cet ouvrage je ne puis rien dire d'autre. J'ai découvert un texte de Dominique Hasselmann qui en donne une exégèse affinée comme je n'aurai jamais pu en produire. Il met en avant cette description musicale se fondant parmi les mots des pierres et des oeuvres de ce lieu magique. L'ouvrage n'est-il pas dédié à Igor Stravinsky ?













Faire tiédir le lait. Hors du feu y faire dissoudre la levure. Mélanger la farine, le sucre, les œufs, les raisins secs, une pincée de noix muscade , une pincée de sel et le zeste du citron. Bien mélangez jusqu'à obtenir une pâte lisse. Ajoutez le lait avec la levure et mélangez le tout. C'est plus facile avec un robot mais cela peut se faire à la main. Couvrez l'appareil obtenu et laissez reposer 30 minutes dans un endroit chaud. Dans un four préchauffé à 180° C, faire cuire les petits panettone pendant 20 à 30 minutes dans des petits moules à brioche ou mieux dans des moules en bois fin comme on en trouve dans le nord de l'Italie que vous aurez au préalable beurrés et farinés. Laissez tiédir avant de démouler. Nous les enveloppons de papier de soie retenus par des noeuds de raphia, après les avoir recouvert de sucre glace. La version sans raisins et fruits confits ressemble au pandoro que les enfants souvent préfèrent. En tout cas c'est délicieux avec du chocolat chaud ou un bon cappuccino !



Le 

















Felice Natale Lorenzo
Felice Natale ! Mille grazie Guillaume