02 janvier 2009

Concerto di Capodanno à La Fenice

C'est Georges Prêtre qui dirigeait cette année l'Orchestre et le Choeur de la Fenice, pour célébrer la nouvelle année. Trois représentations avec des billets entre 15 et 300 euros pour assister au traditionnel "concerto di Capodanno".
 
Après Lorin Maazel en 2004, Kurt Masur en 2006, Kazushi Ono en 2007 et Claudio Abbado l'année dernière, le chef français, âgé de 84 ans, déjà invité à Venise (comme à Vienne) pour le nouvel an, a soufflé musicalement l'avènement de 2009 avec plusieurs grandes oeuvres italiennes, allemandes et françaises, formant l'incontournable Concerto di Capodanno avec des standards italiens très "radio classique" comme le choeur "Va pensiero" de Nabucco et le joyeux"Libiam ne'lieli calici" de La Traviata (en clôture), de Giuseppe Verdi. Choisi par le maestro : l'Ouverture de Tannhäuser (version de Paris) de Richard Wagner La célèbre valse de Maurice Ravel, l'Ouverture de Guillaume Tell de Rossini ; mais aussi des extraits de Carmen de Georges Bizet, de la Norma de Bellini, et de Offenbach avec la Barcarolle des contes d’Hoffmann... Le concert était aussi retransmis sur la RAI Uno et sur Arte.
 
Ces airs m'ont fait penser au plus jeune frère de ma mère, mon oncle Jacques, et à sa femme Marie-Antoinette, disparus tous deux en 2008, a quelques mois d'intervalle. Grand amateur de Bel Canto, il voyageait dans le monde entier pour satisfaire sa passion des belles voix et des grandes mises en scène. Je lui dois mon initiation à cette musique et mes quelques connaissances de l'art musical et scénique, et de cette mirifique période italienne (qui dura des débuts du Risorgimento jusqu'à la Belle Époque), que l'ouragan de 1914 allait définitivement emporter, ne laissant aux générations qui suivirent que des bribes et des vestiges de ce qui fut une ère fabuleuse pour l'opéra : Rossini, Verdi, Puccini, Wagner... Ce billet en hommage. Et pour tous ceux qui n'y seront pas, une vidéo offerte par Arte :

6 commentaires:

yann a dit…

Bonjour, vous savez si la suite du concert est disponible ?
Merci.

Gérard a dit…

Quelle tenue , n'est-ce pas ?
On voudrait garder nos vieux Maîtres par chez nous , les serrer très fort dans nos bras .
A n'en plus finir .
Et puis tout est trop loin , les êtres , les Arts , leur si grand talent .
Qui se déverse , torrentiel , comme ici cette absolument géniale ouverture de Guillaume Tell .
Quand il a annoncé ses voeux à toute la Fenice , Georges Prêtre a commencé par ce préambule : " A ma petite femme chérie ......., etc "
Ce vieux monde et ce monde de vieux porte une telle modernité , que Venise est rentré chez moi à l'instant de ses paroles , directo .
Ce fut tant mieux !

Lorenzo a dit…

A ma connaissance il n'y a que des extraits sur internet. Certainement parce qu'un projet de disque ou de DVD est à l'étude.

Lorenzo a dit…

Voilà Gérard le mot qu'il fallait avoir pour résumer ce superbe concert. Cette délicatesse, cet amour et la force de la conviction d'un homme qui a toujours vécu pour la musique. C'est vrai que Venise c'est cela, l'intensité des émotions, l'authenticité des sentiments et la richesse intérieure des contemplatifs...

MARCO a dit…

j'ai assisté au concert du 30 décembre (le premier des 3): un seul mot: "magique" pour le lieu et la prestation du maestro Prêtre ; souplesse, beauté plastique, aisance, liberté au service des œuvres..; cela nous change de tous ces chefs qui veulent nous faire des reconstitutions soi-disant historiques qui n'ont aucune âme; merci maestro et longue vie à vous.

Scènes de rue en fin d'année

Ces quelques photos prises dans les derniers jours de décembre 2008. Il n'y a rien qui me réjouisse davantage que ces instantanés de vie qu'on surprend à chaque coin de rue à Venise en hiver, quand les touristes se font un peu moins nombreux. Le moindre rayon de soleil éclaire la vie quotidienne comme un projecteur une scène de théâtre. Être le spectateur de cette vie quotidienne est un vrai bonheur.
 

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2 commentaires:

le bord doré des nuages a dit…

J'avais oublié les réverbères rosés, ça me fait du bien de les revoir..Je vous souhaite une Excellente Année 2009 cher Lorenzo à vous et à votre entourage ,en espérant que vous continurez à nous faire rêver tout au long de cette nouvelle année. merci encore.

Mercè a dit…

L´ hiver c´est mon temps prefere pour voayager a Venezia, pour moi c´est le temps que la lumiere c´est plus belle.
Merci pour ces belles photos qui me font revivre mes sejours a Venezia.
Mes meilleurs voeux pour le 2009


01 janvier 2009

Buon Anno a tutti !

Amis lecteurs, Fous de Venise, vous qui suivez fidèlement Tramezzinimag depuis quatre ans maintenant, je vous souhaite de tout coeur une   

BONNE ET HEUREUSE ANNÉE 2009 ! 
 
Que tous vos voeux se réalisent : Santé, Joie, Bonheur, Réussite Et en cadeau, pour ceux qui comprennent l'italien, le clin d'oeil de Beppe Grillo, qui dit avec humour l'inanité de ce monde pervers de l'ultra-libéralisme qui tue peu à peu toute liberté, toute vie sociale et ne fait que l'affaire des élites mafieuses qui gouvernent aujourd'hui l'Italie et demain, si nous n'y prenons garde, s'empareront de l'Europe.
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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci & Bonne Année à vous également, Lorenzo... Sous la neige fondue qui dégringole des toits, dans le silence tranquille des lendemains de fête, ce matin, à Castello. Encore 8 jours de Sérénité avant de retrouver la gare St-Jean...

FRANCOIS a dit…

Buon Anno a tutti !

Merci à lorenzo de nous bercer chaque jour dans la vraie ambiance de la Venise authentique qu'on aime tant!
Je n'ai pas pu aller à Venise en 2008 et la manque est immense ...2009 me permettra de revoir pour la 7° la sérénissime j'espère!

Anonyme a dit…

Etant moi même originaire du Veneto (sang pour sang) mais né en France, j'y ai séjourné régulièrement pour mes étés d'enfance.
Malheureusement, devenu adulte et vivant dorénavant dans l'autre hémisphère (...et à l'autre extrémité du fuseau horaire), j'ai bien moins souvent l'occasion de me ressourcer dans ma région favorite et la dernière fois que j'ai pu m'y rendre remonte à l'hiver 2000-2001.
Je suis "tombé" sur ce site par hasard en tapant BUON ANNO A TUTTI sur Google...
Que l'expression d'un souhait aussi aussi machinale que sincère permette "d'atterrir" à Venise, que voilà un bien joli présage pour ma nouvelle année.

Lorenzo a dit…

C'est tout le bonheur que que je vous souhaite ! Revenez souvent nous lire sur Tramezzinimag et Buon Anno a Lei !

J F F GrandsLieux a dit…

Viva Beppe !
Malheureusement, l'année 2009 a été pire que ce qu'il annonçait.
Que doit-il dire aujourd'hui !
Bonne année 2010, Lorenzo, qu'elle vous apporte voyages à Venise en nombre, recettes géniales, textes à succès, et regards de désirs...

01 décembre 2008

Ronde du monde par Juliette Fabre

Juliette Fabre est une jeune bordelaise venue faire ses études à Venise. Installée depuis peu dans la cité des doges, elle partage son temps entre l'université, les expositions et le violoncelle, grâce auquel j'ai fait sa connaissance. Elle m'adresse aujourd'hui sa première contribution à Tramezzinimag : le vernissage à la Bevilacqua La Masa, de l'exposition-installation de William Kentridge, artiste sud-africain, plusieurs fois présent à la Biennale. Quasiment du direct.

À 11h30, la Fondation Bevilacqua La Masa ouvre enfin ses portes, et c'est les pieds humides que nous entrons. William Kentridge, plasticien, metteur en scène et scénographe sud-africain n'avait peut être pas prévu que ce dimanche 30 Novembre 2008, il y aurait acqua alta ! Le palazzetto Tito subit le flux et reflux de la foule qui se presse pour assister à l'inauguration de l'exposition (REPEAT) from the beginning/Da Capo. À l'intérieur, des sculptures en fer forgé, des peintures, de la vidéo. L'artiste varie les médiums mais toujours avec cette préoccupation/obsession du cycle, de la répétition et, à l'intérieur de celui-ci, l'instant de grâce, unique, explicite. On pourrait penser que le fait même de répéter rend l’œuvre uniforme, lisse. Il n'en est rien. Les sculptures, d'abord, de par leur matière et leurs agencements, demeurent rugueuses, déstructurées voire agressives. Présentées sur des chevalets mobiles, le spectateur est libre de faire tourner les structures. A première vue, elles semblent n'être qu'une composition abstraite, puis en se prenant au jeu, on cherche “l’œil du prince”, le point de vue parfait qui permet de voir se composer le visage d'une femme, un homme-cheval, un vieux phonographe.

Il est intéressant de voir combien le spectateur se réjouit lorsqu'il arrive à percer le secret d'une œuvre. Ici, le fond, le sens et la forme se confondent. L’œuvre nous manipule dans le sens où c'est elle qui nous impose le moment pour se dire “oui, ça y est, je peux m'identifier à cette œuvre”. Mais il est évident que la chose ne se trouve pas tout de suite. Pour cela, la scénographie (on voit bien que c'est une spécialité de l'artiste) est assez remarquable.

C'est d'abord par les sculptures que nous commençons. À part l'une d'elle vraiment explicite, le spectateur n'y voit qu'une production abstraite. Salle suivante : grâce à un procédé d'ombre projeté et de plate forme, la sculpture tourne sur elle même indépendamment. Puis, trois vidéos sont projetées. L'une d'elle en particulier donne des clés pour mieux comprendre le manège de ces êtres de fer, éclatés trouvant en un moment clé leur raison d'être dans l'échange avec celui qui observe. Au delà du rapport œuvre/spectateur, ces sculptures mobiles se font réellement peinture d'un monde déstructuré, en pièces, insensé dans sa ronde infinie mais aussi de la magie de l'ici et maintenant, dans la jouissance de l'instant présent.

Juliette Fabre
William Kentridge
(REPEAT) from the beginning/Da Ca
po
30/11/2008 - 16/01/2009
Fondazione Bevilacqua La Masa
Palazzo Tito, Dorsoduro 2826
(Fondamenta Rio San Barnaba)
Tél. : 041 520 77 97
Entrée : 3 € (tarif réduit : 2€)
de 10H.30 à 17H.30
Fermé Lundi et mardi
Catalogue édité par La Charta, Milano.
112 pp. 13,50 €

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

La BBC a filmé l'acqua alta : http://news.bbc.co.uk/2/hi/7759467.stm
impressionnant! Marie G.

La terrible Acqua Grande de 1966

Quelques clichés de 1966... Des images-choc conservées dans les archives de la ville, qu'on aimerait ranger définitivement au rayon des souvenirs !
 

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1 commentaire:

Florence a dit…

En 66 mes grands-parents se sont retranchés sur leur table de cuisine.
Dernièrement je suis allée regarder la station météo au pied du campanile.
L'acqua grande de 1966 est représentée et c'est impressionnant.
Florence

Montée des eaux d'un niveau exceptionnel aujourd'hui

Le Centre des Marées de Venise (nord-est de l'Italie) a lancé ce matin une alerte à l'aqua alta, car la mer devrait atteindre à la mi-journée une hauteur de 1,60 m au-dessus de son niveau normal, un record depuis trente ans, comme l'indique l'AFP dont la dépêche a été reprise par l'ensemble des médias aujourd'hui.
 
Pourtant, cela n'a hélas rien d'anormal et cette alerte reste malheureusement de saison. La hauteur prévue sous-entend une montée des eaux de près de un mètre dans certains endroits de la ville avec toutes les conséquences, visibles et invisibles que cela peut avoir. Ce qui serait vraiment inquiétant, c'est la conjonction des marées avec une tempête comme il y en eut une en 1966 sur l'ensemble de la péninsule. 
 
A priori, les prévisions météorologiques, si elles ne sont pas merveilleuses, ne prévoient pas de dégradation dangereuse dans les prochains jours. Mais, on ne sait jamais surtout avec le dérèglement climatique que nous vivons depuis quelques années. Le maire, Massimo Cacciari a recommandé aux gens d'éviter de sortir. Non pas tant parce qu'il y aurait danger à se promener en ville, mais pour éviter tout cafouillage car, en dépit de la saison, on dirait qu'il y a toujours autant de touristes et ceux-ci ont des réactions parfois inattendues devant l'acqua alta
 
De plus, comme le personnel de l'ACTV est en grève et les vaporetti pas plus que les bus de terre ferme ne fonctionnant, un afflux de piétons supplémentaires... Cela fait beaucoup. 
 
Le niveau de l'eau devrait diminuer d'heure en heure, pour revenir à la normale vers 19 heures. L'acqua alta reviendra cette nuit et devrait encore dépasser un mètre demain en fin de matinée. On est encore loin des deux mètres de la grande marée de 1966. Croisons donc les doigts, le mauvais temps sur la péninsule ne permet pas d'être totalement optimiste, mais les moyens de prévention et d'alarme qui existent aujourd'hui permettent d'anticiper les risques de catastrophe. 
 
Venise on le sait, est menacée depuis des années par la montée des eaux. L'écosystème lagunaire a été totalement bouleversé ces cinquante dernières années avec la percée du grand chenal amenant les tankers et autres énormes navires vers la zone industrielle de Marghera et le réchauffement augmente le niveau des mers. Venise est donc très exposée. 
 
Le projet MOSE qui devrait permettre de fermer les bouches d'accès à la lagune en cas de fortes marées est loin d'être terminé et personne ne saurait dire aujourd'hui si l'ouvrage pharaonique remplira son rôle...
 
La pluie et le vent se sont déchaînés la nuit dernière. Une cheminée est tombée dans la nuit, près du ponte delle Gate, à Castello. Les pompiers ont dû aussi récupérer quelques embarcations tentées d'aller voir au fond de l'eau. Rien de trop alarmant. La protection civile a tout de même été mise en alerte cette nuit jusqu'à nouvel ordre.

2 commentaires:

Marie a dit…

j'ai été informée de cette montée des eaux "record" et je suis de tout coeur avec les vénitiens..
Je croyais que le projet MOSE ( j'ai vu un mini reportage télé y'a pas si longtemps) serait prochainement ( 2009 ou 2010, je ne sais plus) opérationnel. Ce ne serait donc pas vrai?

Lorenzo a dit…

Il a fallu quelques mois aux vénitiens du XVe siècle pour construire le pont du Rialto, près de dix ans à la technique moderne pour en finir avec le pont Calatravà ! Le projet MOSE s'il voit le jour fêtera ses 45 ans à sa naissance. Viva la bureaucratie !

23 novembre 2008

COUPS DE CŒUR N°31

John Blow
Venus & Adonis
dirigé par René Jacobs
Clare College Chapel Choir dirigé par Timothy Brown
Orchestra of the Age of Enlightnment
HMG501684 - Coll. HM Gold, Harmonia Mundi. (enregistré en 199) - 2008.
Il y a parfois des mystères inexplicables. On rentre chez le disquaire parce qu'on a quelques minutes devant soi et on est accueilli par une musique magnifique, pleine et profonde. Pas le temps de se renseigner pour savoir ce que c'est. Quelques jours plus tard, invité chez un ami, on découvre de quoi il s'agit et c'est le bonheur. Comme les livres, les disques arrivent dans notre vie le plus souvent par hasard et marquent un évènement, répondent à un besoin ou illustrent une pensée. C'est le cas de ce disque pour moi. Un enregistrement de toute beauté dirigé par René Jacobs, paru en 1999 et repris dans la belle collection hmGold. De très belles voix, élégantes et impliquées, (la soprano Rosemary Joshua dans le rôle de Vénus et le baryton Gerard Finley dans celui d'Adonis, le contre ténor Robin Blaze pour Cupidon notamment) des instruments anciens parfaitement maîtrisés. Ce "masque pour le divertissement du Roi" Charles II, composé en 1680, par le musicien de la cour John Blow. Ce compositeur est encore méconnu, pourtant il composa des centaines d'hymnes, de nombreuses odes et de nombreuses songs dont certaines sont de nos jours encore très populaires. Elève de Gibbons, sa renommé commença enfant, grâce à sa voix de soprano tellement réputée que sa mue en 1664, fut présentée, par les gazettes de l'époque, comme une catastrophe . Rentré comme claveciniste du roi à la restauration (on est dans les années noires qui virent la décapitation du pauvre Charles Ier, le règne de l'infâme dictateur néo-républicain Cromwell), il fut l'organiste de l'Abbaye de Westminster. Mais il est resté dans l'histoire avant tout comme le professeur du jeune Purcell choriste.
Mais pour revenir à cet opéra (le premier opéra anglais entièrement chanté) , les amateurs de musique ancienne - et les autres certainement - ne pourront rester indifférents à l'originalité, la maîtrise et la beauté de la musique. Il y a notamment un passage merveilleux, à l'acte III, quand Vénus pleure la mort prochaine d'Adonis. qui va expirer à ses pieds. La scène finale est somptueuse : Vénus crie sa douleur et son désespoir, puis conduisant somptueusement le deuil du demi-dieu, elle emmène le choeur dans une déploration finale qui fait frisonner l'auditeur. Il y a dans cette musique anglaise quelque chose de la somptuosité picturale vénitienne. En écoutant cette oeuvre, j'ai sans cesse devant les yeux des toiles du Tintoret et du Titien.
 
Antonio Vivaldi
Nisi Dominus et Stabat Mater
Marie-Nicole Lemieux, Philippe Jaroussky,
Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi
Label Naïve, 2008 - OP 30453.
Comme l'a écrit un critique, ce disque est d'une grande émotion. "Il y a deux manières d'aborder le Stabat : on peut rechercher la représentation d'une douleur stylisée, qui peut engendrer l'écoute musicale et la prière; on peut aussi vraiment incarner la douleur de la mère. Marie-Nicole a chanté le Stabat Mater comme une mère, cette mère qui pleure la chose la plus terrible qu'il y ait au monde - la perte d'un enfant. Elle incarne et vit directement les mots. Lorsqu'elle chante « dum pendebat filius", En dépit de la gravité des paroles, on a l'impression qu'il s'agit d'une berceuse, que la mère berce une dernière fois son enfant. Splendide. Le contre ténor parvient à égaler James Bowman, qui reste cependant pour moi le meilleur interprète de ces oeuvres de Vivaldi malheureusement peu connues du grand public. Le névralgique et si fameux "Cum dederit" du "Nisi Dominus". Jean-Christophe Spinosi exprime avec justesse la sensation qui prend l'auditeur en écoutant cet air extraordinaire : "Le Cum dederit utilise un principe que j'appelle "mouvement immobile", que je trouve très vénitien. À Venise, sur les canaux, le soir, quand il n'y a plus aucun mouvements, quand on pousse une barque, elle avance mais on a l'impression qu'il n'y aucun mouvement tant l'onde est calme. Il y a une composante à la fois onirique et aquatique. Pour atteindre ce mouvement immobile, j'ai pensé à la dernière minute qu'il fallait ralentir encore plus. Et ce qui est extraordinaire, c'est que Philippe aurait pu dire : Ce n'est pas comme cela qu'on fait d'habitude. Au contraire, il a adhéré au tempo immédiatement. Ce genre de moment, c'est grand ! ». Un très beau disque, sorti il y a un an qui fera un très beau cadeau de Noël à faire (et à se faire !). 
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Wlodzimierz Odojewski
Une saison à Venise
Rivages, Editions Payot. 2008
Les souvenirs d’enfance sont bien les plus beaux et les plus intenses que l’on conserve au cours d’une vie. Ce petit roman réveillera certainement en chacun de vous les émerveillements d’antan, entre rêve, illusion et réalité.
Marek, neuf ans, attend avec impatience ses premières vacances à Venise, lieu de villégiature familiale. Or nous sommes en Pologne en 1939, et le pays commence à être envahi par l’Allemagne nazie. A défaut de Venise, c’est dans la maison de tante Weronika, située en pleine campagne, que le petit garçon passera ses vacances d’été. Le foyer recueillera rapidement le reste de la famille. Cependant, la joie de retrouver ses proches ne résistera pas longtemps à la déception de devoir différer l’accomplissement de son rêve. Un jour, alors que les bombardements se font plus que jamais menaçants, une source miraculeuse - à moins qu’il ne s’agisse d’une canalisation déficiente - va inonder la cave. Alors que tante Weronika percevra les vertus thérapeutiques de cette eau lustrale, et émettra l’idée de créer des thermes, tante Natacha, de son côté, va imaginer de réinventer Venise. Les planches à repasser et les tables de ping-pong serviront de terrasses, les baquets de la buanderie feront de très convaincantes gondoles et le violon et le vieux piano seront parfaits pour les concerts du soir. Ainsi, tandis que les obus déchirent le sol et que les soldats meurent par milliers, les enfants sont protégés des affres de la guerre grâce à l’univers onirique qu’ils ont créé dans leur cave...
Avec ce court texte, Wlodzimierz Odojewski, né en 1930 en Pologne, nous offre un véritable petit bijou de sensibilité, de grâce et de délicatesse. "Il y a du Grand Meaulnes dans ce roman" comme l'écrit Dominique Aussenac dans le Matricule des Anges. Une saison à Venise fait partie de ces textes qu’on lit d’une traite, mais qui nous berce encore longtemps de sa douce mélodie. Il nous signifie ainsi que nos jeux d’enfant sont décidément inoubliables. (Remerciements à la librairie Mollat).
 
Patrick Barbier
La Venise de Vivaldi, Musique et fêtes baroques
Editions Grasset. 2002.
La République de Venise vit somptueusement ses dernières heures de gloire. Nous sommes au XVIIIe siècle. Jamais on ne s'est autant diverti, jamais la fête et la musique n'ont occupé une telle place dans la vie quotidienne. Le carnaval (qui dure entre cinq et six mois), les fêtes d'Etat, le jeu, mais aussi les concerts, les nombreuses cérémonies religieuses et l'opéra provoquent l'admiration et l'envie des visiteurs du monde entier qui font de Venise la destination favorite de l'élite internationale... Vivaldi, dont le nom est inséparable de Venise, écrit ses concertos pour les jeunes filles des Hospices et ce religieux, se comporte au théâtre en homme d'affaires, aussi doué que rusé. Du carnaval aux réceptions dans les ambassades, de la basilique Saint-Marc aux grands théâtres d'opéra, des barcarolles sur les canaux à la musique des cloîtres, l'auteur, à partir de textes et de correspondances de l'époque du prêtre roux, mais aussi grâce à de savoureuses anecdotes transmises à venise depuis cette époque, ressuscite parfaitement la vie musicale de cette ville incomparable.
Patrick Barbier, italianiste de formation, est professeur de musique à l'Université Catholique d'Angers. Il est l'auteur, entre autres, d'un très intéressant essai sur les castrats italiens à la Cour de Versailles, "La Maison Des Italiens" paru en 1999 chez Grasset, dont je vous reparlerai.
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B&B La Madonetta
San Polo 1440
30125 Venezia
39 041 5287880
Il fallait que je vous parle de ce Bed & Breakfast de charme, situé non loin du campo San Polo, facilement accessible à pied ou par le vaporetto, et qui, pour 90 euros par jour en hiver, propose des chambres pour deux très agréablement meublées, propres et confortables. La maison est accueillante, le salon très convivial permet de se relaxer quand on a les pieds endoloris par des heures de marche à travers la ville. On peut y bouquiner dans le calme, surfer sur internet avec l'ordinateur de la maison ou avec le sien. Le petit déjeuner est copieux et fait devant vous dans la grande cuisine de la maison. Pour les amateurs du thé de cinq heures, tout le matériel pour se concocter une bonne théière - ou une cafetière - est à disposition. Une des meilleures adresses dans cette gamme de prix (100 euros la chambre pour deux avec un lit supplémentaire possible, en pleine saison). Bien sûr, ce n'est pas la meilleure solution quand on veut séjourner en hiver à Venise, l'idéal demeurant l'appartement qui permet pour une somme souvent raisonnable de se sentir chez soi et de tenter de vivre vraiment à la vénitienne, en faisant ses emplettes, en cuisinant les produits du cru et en organisant sa journée au rythme de ses envies. Mais c'est souvent bien mieux que l'hôtel impersonnel et toujours très cher. Quel plaisir a-t-on après une journée fatigante, de se retrouver dans une chambre exigue et impersonnelle ? Et puis comment satisfaire l'envie d'un verre de lait à deux heures du matin ou d'une pastaciutta quand dehors tout est fermé ? A moins de loger au Gritti ou au Cipriani, aucun room-service ne vous sera proposé dans les auberges au tarif abordable !

1 commentaire:

Michelaise a dit…

oui oui bien sûr la solution c'est l'appart, d'autant que le choix est de plus en plus vaste, et surtout que cela permet de "tester" les quartiers de Venise, la vie n'est pas la même partout !
Mais merci pour cette maison d'hôte, la formule est parfois très agréable