Et bien voilà, ce dimanche a marqué la fin de l'été de la saint Martin. Si le ciel reste pur et le soleil très présent, le froid a fait son entrée sur la lagune. l'air est vif comme en montagne quand il va neiger, le vent glacial et la lumière plus diaphane. On dirait que les couleurs hier encore très vives ont été délavées, diluées dans une sorte de transparence humide. C'est à ce moment de l'année que l’on s'aperçoit si on aime vraiment vivre à Venise. Les rues éloignées du parcours des touristes se font très silencieuses et le bruit des pas résonne davantage. L'éclat des vitrines réchauffe ça et là le promeneur. Il fait nuit très vite. L'hiver est partout. J'aime ces fins de journées plongées dans le silence, les gens pressés de rentrer au chaud chez eux, les pierres qui brillent sous l'humidité. Venise semble appartenir toute entière à celui qui continue de marcher et va sans but précis par les ruelles sombres. Une expérience unique que je conseille à tous ceux qui veulent pénétrer la vraie vie vénitienne et s'en imprégner. Voir et sentir Venise en hiver, c'est la découvrir telle qu'elle est. Sans fioriture._____
3 commentaires:
- Bonjour, Je suis folle amoureuse de Venise. Mon mari m'a fait découvrir la ville en 1995 et depuis ce jour, nous nous y rendons tous les ans. J'ai fait des études de lettres et j'ai choisi Venise comme sujet de ma thèse. Elle vient d'être publiée aux éditions de l'Harmattan (Venise, un refuge romantique (1830-1848). J'avais moi aussi envie de créer un site sur Venise mais dans ses rapports avec la littérature (vaste sujet). Ce qui est amusant c'est que les voyageurs du XIXe siècle rendent la ville intemporelle. Concernant Venise même, leurs commentaires pourraient émaner de voyageurs contemporains. J'aime beaucoup votre blog et votre approche de ce lieu qu'il faut protéger. J'essaierai de le consulter souvent.
- Je serai ravi de découvrir votre ouvrage et de le faire découvrir aux lecteurs de TraMeZziniMag. La seule différence entre les voyageurs du XIXe et nous, c'est que la technique a permis à Venise de s'inscrire dans la modernité tout en conservant cette intemporalité, phénomène unique dans l'histoire de l'humanité : un monde du passé qui vit au présent. Il y aussi la misère qui faisait de Venise des années 1830-1900 un bout de tiers-monde parfois sordide et qui a heureusement disparu de nos jours. Les enfants ne vont plus pieds-nus en guenilles, les filles ne sont plus prostituées par des matrones édentées et on ne meurt plus du Choléra. Les poètes invertis trop raffinés ne pédiquent plus les jeunes garçons faméliques dans les arrières-cours des grands hôtels de la Riva dei Schiavoni.
- Nous avions visité Venise en février 2004, juste après le Carnaval, et l'atmosphère était superbe ! Nous avions eu la chance de voir la neige, ce qui fut fantastique ! Pour mon contact à Venise, je suis passé par l'Alliance Française, et de nombreux enseignants vénitiens m'ont contacté. Je suis donc en contact avec le Lycée Benedetti. Bonne soirée.




Moleskine



Cela donne approximativement en français (La traduction est un art difficile) : "Saint
Martin est allé au grenier retrouver la nonne Rita mais la nonne Rita
n'y était pas alors Saint Martin s'est assis par terre. Avec notre petit
sac, Messieurs Dames, il y a Saint Martin".





J'aimais
aussi -lorsque j'allais seul vers la Sérénissime - m'attarder à la
terrasse du même établissement, regardant les voyageurs et cherchant à
deviner qui seraient mes compagnons de route. J'y ai croisé des
écrivains, des acteurs, des hommes politiques, des artistes de tous poils, tous plus ou moins célèbres. Tous aussi avec la même magie dans le regard...
Mais
passé ce triste moment, le départ fait tout oublier. Les stewards sont
affables et souriants. Si vous n'êtes pas trop chargés (je me demande
toujours comment on peut voyager chargé moi qui pourtant transporte
toujours disques et livres, des provisions de thé, ma vieille théière
anglaise en étain et mes indispensables biscuits - anglais
C'est
que j'aime acheter mon dentifrice et ma mousse à raser sur place, faire
nettoyer mon linge - ah le parfum qu'il a lorsqu'il revient de ma
petite teinturerie de
Mais
revenons à notre voyage. Les bagages installés dans le compartiment,
billets et passeports entre les mains de l'homme souriant en uniforme
qui va se charger de tout, nous voilà confortablement installés. Les
portes des compartiments tardent à se fermer. Tout le monde cherche plus
ou moins consciemment à s'approprier cet espace magique dans lequel
nous allons passer les douze
Très
vite l'effervescence se délite et tout redevient paisible. Les portes
se ferment. L'atmosphère se fait plus feutrée. Nous déballons livres et
revues. Pour ma part, surtout quand je suis tout seul, je branche mon
petit lecteur portable. Le programme est souvent le même : Gloria et Magnificat de
Puis
vient le temps d'aller dîner. Là c'est un plaisir qu'il faut savourer
car il se fait de plus en plus rare. On parle aussi de le supprimer. Pas
assez rentable je suppose ou trop raffiné pour notre monde de barbares.
Imaginez un peu : un véritable wagon-restaurant, moderne et fonctionnel
certes. Rien à voir avec les voitures du
On est loin de la carte proposée dans le moindre wagon-restaurant des lignes intérieures de ma jeunesse (j'aimais beaucoup la purée de pommes de terre du
Souvent des groupes restent longtemps après que le dernier repas eut
été servi. Les serveuses bavardent avec les convives, tout en préparant
les tables du petit-déjeuner. Les enfants sont partis se coucher et il
règne dans cette voiture une ambiance bon enfant. Comme une invitation à
la joie. Un petit moment de bonheur. Le repas achevé, quand les
passagers, la plupart du temps détendus et un peu bruyants, reviennent
vers leurs cabines, les lits sont faits. Les lumières tamisées.
Le balancement rythmé des voitures donne de douces idées aux jeunes couples tandis que les autres sont déjà bercés par le
Généralement
à l'entrée du pont de la Liberté, la locomotive siffle avec énergie.
Enfant, je croyais que c'était un salut, comme la corne de brume des
navires qui approchent d'un port. Tous les passagers sont à leur
fenêtre. La grande étendue d'eau tour à tour grise ou verte semble comme
un océan tranquille. A droite, les usines de
La
plupart, très excités par l'arrivée très proche, piétinent dans les
couloirs et se haussent sur la pointe des pieds pour mieux voir. Ce que
j'aime le plus alors, c'est - surtout à la bonne saison - ouvrir la
fenêtre de ma cabine en grand et tout en feuilletant un magazine et, en
sirotant ma tasse de thé brûlant, attendre que le train s'immobilise.
Tout le monde se précipite pour descendre. Le steward frappe à la porte,
nous rend billets et papiers en saluant. Nous attendrons que tout le
monde soit sorti et, tranquillement, très lentement, après avoir rangé
toutes nos affaires, nous sortirons. Le temps de s'habiller le coeur en
l'honneur du spectacle toujours renouvelé que la ville va nous offrir
quelques instants plus tard. C'est un des privilèges de ces trains de
nuit : on vous laissera achever votre collation ou votre toilette et il
est bien doux de rester encore un peu dans cette cabine, surtout quand
tout le monde est parti.