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- rigolo !
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
Une fin de matinée sur la place Saint Marc... En hiver, en dépit des milliers d'agences de voyage qui, de par le monde, vantent les attraits de la Sérénissime, peu de touristes se risquent à affronter la froidure du climat lagunaire. C'est un charme supplémentaire. A condition d'être chaudement vêtus (les chaussures surtout) et bien logés (rien de plus déprimant quand il fait mauvais de se retrouver dans une toute petite chambre donnant sur un mur lépreux), l'hiver à Venise est un moment délicieux. Elle est toute à ceux qui s'y aventurent pendant les quelques heures où le soleil éclaire la ville."... A la pointe de leur état, je suppose qu'il doit arriver aux mystiques de bonne foi de se demander s'ils ressentent vraiment quelque chose. A la pointe de l'état extrême de la contemplation du corps humain, la sensation est devenu si ténue, qu'un doute nous vient si notre extase n'est pas une fantasmagorie de l'esprit, un langage vulgaire un montage de cou et une pose ; bref, 1° : si l'objet est beau ; 2° : si, l'objet étant beau, nous en sommes touchés. Il vient toujours un moment où enfin nous détournons la tête. Toutes les musiques finissent par le silence."Henri de Montherlant
Venise
est le royaume des reflets. Pas des faux-semblants, le trompe-l’œil
s'il ests ouvent présent n'est qu'un écrin, un moyen, un faire-valoir.
Partout la nature domine. elle est simplement travestie, maquillée,
alourdie parfois aussi par tant d'ornements, bijoux de prix ou de
pacotille, l'illusion triomphe.
15 Décembre 1982
[...] Mes pas seuls dans la ville endormie. Tout à l’heure, au Do Draghi, vin chaud et crostini, la chaleur enfumée n’avait pas la même consistance. Stefano est rentré chez ses parents à Ancône, Betti est à Castelfranco… Ils me manquent. "Perfect day"
maintenant dans mes oreilles. La pointe de la douane est un endroit
magique à cette heure de la nuit. Un bateau parfois, la ville éclairée
comme un décor de tragédie. San Giorgio, tout blanc, et au loin le Lido.
En été, on croise des amoureux, des fumeurs solitaires, des groupes qui
bavardent et rient.
[...] Ce soir il n’y a
personne. Même pas un de ces chats faméliques qui vivent dans les
entrepôts abandonnés de la Punta della dogana. Un
vaporetto qui accoste à la Salute rappelle que la vie existe toujours
ici. Venise bouge encore. A peine. Les cheminées recrachent partout de
la fumée. Il fait vraiment froid. Humide. Une heure sonne au campanile
de San Zaccaria. D'autres cloches lui répondent. Je suis tout au bout de
Venise, loin de tout. Ici le silence se fait encore plus lourd. Plus
grave. Les maisons sont basses. La nuit plus noire encore. Je viens de
croiser un chien étonné de rencontrer un humain. Il a hésité un instant
puis a repris son chemin, se retournant une ou deux fois. Je vais
bientôt rentre. Il fait froid. "Take a walk on the wild side".
Dans une semaine c’est noël, je serai en France, en famille. Le sapin,
le vieux chat endormi près du feu, notre mère, les enfants, la famille. 

Tellement d'ouvrages décrivent les monuments vénitiens et les chefs d’œuvres qu'ils contiennent, les milliers de cartes postales qui partent chaque année de Venise représentent la plupart du temps ces lieux emblématiques que sont la Piazza, le pont des soupirs, la façade de San Marco ou le Rialto... Au fur et à mesure de mon cheminement sur TraMezziniMag, une évidence s'est fait jour peu à peu : le charme de Venise, la mélancolie de ceux qui l'ont quitté, la joie de ceux qui y séjournent c'est cette manière unique de vivre comme n'importe où ailleurs et pourtant avec quelque chose de totalement différent.




"Ma no gavé 'na casa, cio'! Maaaama mia dami 100 lire che in America voglio andaaar... Soréa, vuto 'na bea pianta?! Varda, par el moroso de la moglie...varda che regàeo che ti ghe fa, varda, varda...Varda che bea, varda...garantita tre ani, Sa' ! Vara che altro, vara...Vara che altro, vara...Ma voialtri no gavé na casa vostra?Vara, garantita tre ani, vara che bea, garantita tre ani...No eà more mai come Prodi, questa Sa'!"
Traduction (approximative) : "Mais vous n'avez pas de maison, bon sang... Bonne mère, donnez moi 100 lires que j'aille en Amérique... Ma sœur, tu veux une belle plante ? Regarde, par l'amour de ma femme... regarde quel cadeau que tu te fais, regarde,mais regarde... Regarde comme elle est belle, regarde... garantie trois ans, tu sais !... regarde celle-ci, regarde... Mais vous autres vous n'avez donc pas de maison à vous ? Regarde, garantie trois ans, regarde comme elle est belle, elle durera trois ans... C'est pas comme Prodi celle-là, tu sais !"
Le brouillard intense qui couvrait la lagune ces derniers jours et ce froid mordant qui s'est répandu plus vite qu'une rumeur, la campagne toute blanche au petit matin, ce sont les signes de l'hiver. Dans un peu plus d'une semaine ce sera Noël. Venise va s'enfoncer dans un demi-sommeil qui plaît beaucoup aux poètes. Mais la froidure de nos jours n'a rien à voir avec ce que connurent nos ancêtres. Ma grand-mère me parlait des parties de patin à glace sur la lagune gelée et on voit sur certains tableaux du XVIIIe siècle, des vénitiens aller jusqu'à Murano en traîneau ou à pied. J'ai retrouvé ce petit reportage qui date de 1929. Il y avait encore des felze sur les gondoles et on se chauffait au feu de bois dans les maisons. On n'avait pas vu un tel spectacle depuis plus de cent ans...
La manière dont les parruchieri
italiens coiffaient ses cheveux ne lui plaisait vraiment pas. Il faut
dire qu'avec ses cheveux, cette crinière très drue et crépue propre aux
femmes africaines, il semblait difficile de faire tenir une mise en
plis. Elle était certaine de pouvoir un jour faire mieux et c'est ainsi
qu'elle s'est lancée. Pour Ijeoma Samson-Onuoha, ouvrir son propre salon de coiffure était un rêve apparemment irréalisable que le projet Micro Crédit Social de la Fondazione di Venezia, prolongement historique de la Cassa di Risparmio di Venezia, a rendu possible.
Les bas-reliefs exécutés pour le ghetto de Venise, le Mémorial juif du Marais à Paris et le siège de l’ONU à New York (et chez lui en Lithuanie), sont aussi criants d’authenticité. La douleur et l’espoir transpirent de ces plaques de bronze qui ne laissent personne indifférent. Les croquis préparatoires de ce beau travail sur l’Holocauste ont servi d’illustration au générique d’une série télévisée consacrée à la déportation des juifs par les nazis. Illustrateur, Blatas l’a été aussi quand il réalisait pour les plus grands opéras du monde des décors et des costumes somptueux. On se souvient de son formidable travail pour l’Elektra de Strauss magistralement interprétée par Regina Resnik, sa femme qui en fera un jour la mise en scène à Chicago, comme le Falstaff de Verdi. Mais le travail scénique du maestro que j’ai toujours préféré, ce sont les planches de l’Opéra de Quatre sous de Kurt Weill que j’ai eu la chance de voir naître sous mes yeux.
Venise étaient colorés à la main par Blatas que j’assistais. J’étais ensuite chargé de numéroter les feuillets que vendait ensuite la galerie Graziussi dans des portfolios magnifiques au tirage extrêmement limité. Arbit laissa aussi des portraits touchants d’humanité et de profondeur : Regina dans son costume d’Elektra, le Mime Marceau en Bip aérien, Sir Geraint Evans dans Falstaff… Et puis il y avait les vues de Venise : le jardin de la Locanda Montin, le bassin de Saint Marc au couchant, le campo Santo Stefano. Il existe un très beau tableau de Venise qui s’inscrit pour moi dans la lignée des plus grandes vues réalisées au fil des siècles par les plus grands artistes, de Canaletto à Monet.
La liste est longue des peintres qui ont su traduire à un moment donné la fantastique vision qui s’offrait à leur regard. Cela n’arrive guère qu’une fois ou deux à un artiste : ce qu’il a devant lui est tellement parfait, les couleurs, les lignes, les volumes, ses états d’âme complètement impliqués, insérés dans ce paysage que l’œuvre qui va prendre forme est à la fois la vision personnelle de l’artiste mais aussi la traduction absolue dans son langage de la réalité qui s’offre à ses yeux. Ce tableau, qui représente des remorqueurs sur le bassin de San Marco dans le brouillard, a été peint à quatre mains si j’ose dire. En effet, Albert Marquet qui était vers la fin de sa vie en visite chez Blatas au moment où celui-ci travaillait à la toile ajouta ça et là sa vision, son regard et on décèle les touches particulières qui émanent de cette fusion. Mais cela aurait pu ne rien donner qu’un exercice de style, un "private joke" entre artistes. L’amour sincère, profondément ancré dans leur cœur, que les deux hommes portaient à Venise a permis que cela fonctionne.
J’écris ces lignes vénitiennes à la lumière de ma lampe Fortuny. assis à mon bureau, à Bordeaux. Quel joli raccourci qui me fait sourire. Le chat à côté me regarde étonné. il ne peut pas comprendre ce qui m'amuse ainsi : penser à Blatas, disparu en 1999, juif lituanien de New York, parisien de cœur qui vivait à Venise, penser à Marquet, peintre bordelais considéré comme un des plus grands de son époque et moi, tout petit écrivaillon, penché sous la lampe, connaissant si peu de choses finalement, mais apprenant chaque jour et qui cherche à transmettre, souvent avec maladresse, sa passion (son obsession ?) Le chat s'est rendormi, vautré sur mes feuillets. La pluie très dense dehors a changé ce début d’après-midi en nuit sombre. Mais la vraie lumière qui éclaire mon bureau, c’est bien cette toile dont la reproduction trône devant moi.
L'automne à Venise, c'est beaucoup de douceur, un air encore chaud qui parfois se laisse surprendre par le vent des montagnes qui apporte soudain cette fraîcheur particulière et si pure qu'on ressent sur les sommets enneigés. Puis le soleil revient et la foule envahit les terrasses comme en été. Des nuages gris, puis violets ou noirs. La pluie, dense et violente. Le silence ensuite. De nouveau la douceur un peu moins longtemps et un matin, c'est le brouillard qui envahit la lagune et refroidit les âmes. Tout apparaît différemment. Mystérieux et envoûtant. C'est l'approche de l'hiver. Dans quelques mois, la neige recouvrira la ville assoupie, lions ailés et gondoles, palais roses et pierres blanches, tout sera recouvert d'une couche uniforme. Le ciel se fera d'un bleu très dense et le blanc de la neige comme un manteau immaculé effacera les laideurs et les ruines, la misère de certains quartiers abandonnés.