24 décembre 2025

Promenade à San Barnaba

24 décembre 2025
Nous y sommes, c'est aujourd'hui la veille de Noël. Comme le chante Andy William, «It's the most wonderful time  of the year» pour le monde. Hélas, le joli temps, froid mais ensoleillés des jours précédents, s'en est allé. La Bora souffle depuis avant l'aube, ciel gris et bas. Mais Noël est dans tous les esprits. Les gens se hâtent pour faire leurs derniers achats, les préparatifs de la fête vident les comptoirs de leurs gâteaux et autres gourmandises. Confortablement installé avec une bonne tasse de thé, seul dans la maison, j'observe les assauts du vent contre les arbres du jardin. des volets battent. Pas de sirène, la marée n'est pas très forte, il n'y aura peut-être pas d'Acqua Alta. Temps idéal pour la lecture.

En rangeant mes livres restés depuis des mois dans des cartons, j'ai retrouvé un très beau texte de François Lerbret paru chez Le temps qu'il fait.Retrouvé le même bonheur qu'à ma première lecture (voir le Coups de Cœur n°53). En revenant du café où j'aime prendre mon macchiato matutinal et lire le journal, passant comme chaque matin par le campo San Barnaba, j'ai eu envie d'inviter à nouveau les mots du livre. J'ose croire que ces quelques lignes de François Lerbret donneront à mes lecteurs l'envie de le découvrir (ou de le relire).

« Coincé entre un rio étroit, une église et les façades blanches et roses de ses maisons, le petit campo San Barnaba est un carré que les passants traversent sans paraître le remarquer, attirés sans doute par le campo Santa Margherita tout proche, vaste triangle semé d'arbres, de bancs et de terrasses qui fait office de piazza Navone du Dorsoduro. Aussi cette petite place aménagée au xvre siècle est-elle un endroit propice à l'observation, sorte d'intime avant-poste à l'animation de sa voisine, d'autant plus appréciable qu'il n'en possède pas la carrure mondaine. Le campo rayonne d'une aura populaire depuis que Katharine Hepburn y fut filmée par David Lean et qu'Indiana Jones, poursuivi par les sicaires d'une société secrète, y émerge d'un égout au milieu de dineurs effarouchés. La bouche d'égout n'existe plus- elle fut comblée après le tournage -, décor éphémère dans le grand théâtre immobile de Venise, réinventant la ville avant de lui laisser la plaisante cicatrice de l'imaginaire. J'aime par-dessus tout cette place si favorable - me semble-t-il - à l'arrêt du temps, coupée du reste de la ville comme le sont ici mille lieux, visage parmi d'autres d'un même cœur de labyrinthe toujours renouvelé et que l'on n'attend pas. »

Je ne résiste pas au plaisir de rediffuser cet extrait mythique du film de David Lean cité par François Lerbret. 
 
 
 
 
Un très Joyeux Noël 
à tous nos lecteurs !



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