
VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
04 mars 2025
Xe finio carnoval !

22 novembre 2024
Une fois encore, l'heureux temps de la Festa della Salute
Et puis il y a ce sentiment d'appartenance, cette fierté de mettre nos pas dans ceux qui nous ont précédés. Vénitien de sang, je ne suis pas né à Venise - peu s'en est fallu - et si les deux générations d'avant moi étaient davantage liées à Constantinople, Milan et Florence, cette fierté, ce sentiment d'être chez soi, al posto giusto, dans un moment tel que cette fête rituelle, je l'ai toujours ressenti avec force en moi.
Je me souviens de la toute première fois où, étudiant, je décidais de me joindre à la procession. Une grande émotion s'était soudain emparée de moi. Dans mon journal, j'ai retrouvé ces notes :
«J'ai senti vraiment comme une présence invisible. Joyeuse elle m'accompagnait... En fait, je sentais quil s'agissait de l'âme des miens, mes anges comme disait ma grand-mère, tous ceux qui vécurent ici avant moi et qui ont fait que je vive là à mon tour, mettant à mon tour mes pas dans les leurs...»
Ce jour-là, je vous assure que la sensation était très forte, presque palpable physiquement, comme un souffle, une présence...
«ils marchaient tous avec moi, le long de l'étroite calle del Traghetto où débouche le pont votif. Ils m'ont transmis leur foi et leur enthousiasme, tous ceux dont le sang coule dans mes veines, marchands, soldats, marins, médecins, celui qui fut drogman du sultan, l'aïeule qui refusa de quitter Venise quand l'attendait un mariage princier à Candie, [illisible],diplomates, interprètes, poètes, musiciens... D'eux aussi, cette passion pour tout ce qui touche à Venise. Et puis cette impression depuis mes premiers pas sur les "masegni" de la Sérénissime, celle d'être ici depuis toujours, de n'appartenir qu'à ces lieux, ces monuments, ces canaux, ces îles, cette lagune, ma patrie !»
Ces propos maladroits pleins d'emphase, je les ai écrit dans mon journal à dix-sept ans. Je ne m'exprimerai guère différemment aujourd'hui, les lecteurs de Tramezzinimag ne peuvent que le confirmer... Cette Solanità della Madonna della salute ravive à chaque fois ma passion, mon amour pour la cité des doges.
J'ai perdu hélas, une photo qui était rangée dans ce cahier retrouvé. c'est l'amie qui m'accompagnait ce jour-là qui l'avait prise. Elle donnait à voir une figure d'adolescent extatique, la tête un peu penchée comme j'apparais toujours sur les clichés de cette époque. Quand je savais l'objectif pointé sur moi, le regard que j'avais souvent joyeux, se faisait soudain taciturne. Timidité d'adolescent ou coquetterie de celui qui se sait séduisant ? On pouvait croire à mes sourcils froncés qu'être pris en photo me gênait. Il y avait des deux, je pense.
« Tu es encore absent ! » me disait-elle souvent, agacée mais bienveillante. Je devais la rassurer à chaque fois : « Non, non, je suis là avec toi, ce n'est rien. Je pensais». Absent, oui je l'étais, et je le suis resté, surtout au milieu du monde, au milieu des autres. Absorbé en réalité par mille pensées, j'avais du mal à être vraiment là où mon corps se trouvait, avec les gens qui m'entouraient.
Difficile à expliquer, je n'étais plus un jeune garçon que la vie et le monde effarouchaient et pourtant... La mèche en désordre sous le bonnet de laine, ce bonnet aux couleurs vives unies que nous portions tous, selon la mode d'alors, roulé sur le haut du crâne sur nos cheveux longs, imitant sans le savoir les garçons de Carpaccio (ignorions-nous vraiment cette ressemblance après tout ?), je m'étais accoudé à une barrière. L'évasion de mes sens et de mes pensées ne traduisaient ni l'ennui ni la tristesse. Juste la contemplation d'un ailleurs qui pourtant avait tout à voir avec l'endroit précis où nous trouvions.
- 1,5 kg de viande de mouton préparée,
- 1 beau chou de Milan frisé
- 1 céleri-branche,
- 250g de pommes de terre
- 2 carottes
- 3 beaux oignons,
- 1 gousse d'ail
- herbes & aromates : thym, laurier, romarin, baies de genièvre
- Huile d'olive,
- sel et poivre
- Bicarbonate de soude
Retirer la viande du feu et laisser refroidir dans un endroit frais.
Retirer la graisse du bouillon quand elle se fige sur le dessus.
Quand le bouillon est prêt, rajouter la viande refroidie découpée en morceaux. Laisser cuire le tout à petit feu pendant cinq heures pour obtenir le ragoût.
Pendant ce temps, laver le chou, enlever les feuilles blanches et le couper en morceaux.
Faire revenir oignon et ail hachés dans une casserole. Quand l'oignon est fondu verser le chou. Laisser cuire environ six à sept minutes, assaisonner avec du sel et du poivre fraîchement moulu, en arrosant régulièrement le chou avec du bouillon de légumes si nécessaire.
Enfin, ajouter la viande au chou, laisser ce dernier finir de cuire.
Quand le chou est cuit, le mélange doit être moelleux.
21 juillet 2024
Redentore 2024 : un joyeux millésime
Pour Anne L. dont c'est le premier Redentore
Pour les médias internationaux et les touristes, la Fête du Redentore, c'est avant tout un gigantesque feu d'artifice. Quelques uns évoquent le pont votif qui enjambe traditionnellement le canal de la Giudecca. Mais rares sont les journalistes qui soulignent l'importance de cette fête pour les vénitiens.
D'autres pays aussi, ont leur tradition de feux d'artifice, d'illuminations et de parades nautiques. Je me souviens de la première fois qu'il m'a été donné d'assister à Oxford au May Day appelé aussi May Morning, quand juste avant l'aube le premier jour de mai, tout le monde se presse au pied du campanile de Magdalen College, pour écouter le chœur d'enfants du collège chanter en latin des madrigaux et recevoir la bénédiction solennelle. Même rituel depuis 1695... Étudiants, professeurs, visiteurs, familles, il y a foule sur le pont et sur les rives de la rivière Cherwell. Il y a plein de barques, remplies d'étudiants joyeux, et les abords du collége sont noirs de monde. Parfois certains plongent ensuite du pont, puis on assiste aux danses folkloriques avant d'aller boire et se restaurer. Les pubs et les cafés ouvrent très tôt ce jour-là. Certains existaient déjà du temps du roi Henri VIII ! Réminiscence de la Floralia, cette belle fête romaine pour célébrer le printemps revenu. Souvent à Oxford il pleut ce jour-là mais lorsque j'y assistais, le beau temps était de la partie !
A Venise, il y a lurette qu'on ne saute plus des ponts pour plonger dans les eaux de la Lagune. Quelques enfants, des adolescents provocateurs parfois, s'y baignent encore bien que cela soit interdit parce que dangereux à cause de toute la pollution invisible des eaux. Comme eux, je l'ai fait dans les années 80, depuis certains ponts de Cannaregio, du côté nord de la Giudecca, à Sacca Fisola aussi du temps où il y avait encore des semblants de plage.
Mais mon meilleur souvenir est du côté des Fondamente Nuove, au bout de la passerelle. Là on y allait la nuit, en barque le plus souvent et souvent une vedette de la police éclairait soudain nos ébats dans l'eau, nous nous faisions sermonner. C'était bon enfant, les policiers tous vénitiens, eux aussi avaient été jeunes...
Mais revenons à notre fête du Redentore. Tout commence par un pont, le pont votif,, une longue passerelle montée sur des barges, le chemin qu'emprunteront le jour J les pèlerins, avec en tête le patriarche et les autorités civiles et militaires bientôt suivis par la foule des vénitiens, tous redevenus très pieux pour ce jour-là. Les rives des deux côtés sont décorées de lampions.
Les bateaux aussi sont décorés, fleuris, aménagés. Il y en aura sur tout le bassin de San Marco et à l'entrée du canal de la Giudecca. Le soir de la fête, on y fait ripaille entre amis, en famille. L'ambiance est joyeuse en attendant le feu d'artifice, l'un des plus beaux d'Europe dit-on ici.
C'est vrai qu'il est toujours impressionnant, avec les mille reflets qui font pousser des cris d'admirations au public. Quand vient le bouquet final, tous les bateaux ou presque se précipitent vers le Lido où il est d'usage de se rendre pour continuer la fête sur les plages du Lido en attendant le lever du soleil.
08 février 2024
Tramezzinimag remonte le temps avec Wayback Machine !
Comme je l'annonçais en fin d'année, Tramezzinimag, s'il n'a pas retrouvé le nombre de lecteurs quotidien et a perdu plus de 80% de ses abonnés depuis ce jour fatidique du 28 juillet 2016 où le site fut avalé par un robot gourmand avec la totalité des archives, notes, vidéos, sons, photos, ou par la volonté inique de certaines personnes que les billets dérangèrent, a résisté. Tramezzinimag II a pris la suite et vaillamment, avec une équipe réduite au minimum, nous avons reconstitué le blog.

En retrouver les pages perdues est donc depuis des mois notre mission. Bien des billets sont encore à repêcher sur la Toile (encore un terme qu'on n'emploie plus 19 ans après la naissance de Tramezzinimag...
Sa résurrection, avec le soutien de lecteurs fidèles, tous devenus de vrais amis, mais aussi grâce à un outil web dont nous ne vanterons jamais assez les mérites, l'extraordinaire Wayback Machine - littéralement « machine à revenir en arrière » -, inventé un organisme à but non lucratif, Internet Archive (**) qui permet d'accéder aux clichés instantanés de pages web qu'il stocke depuis sa création. Sans cette gigantesque bibliothèque numérique, les 2148 billets publiés entre le 7 mai 2005 et le 16 août 2016 auraient été irrémédiablement perdus.
Le temps passé à reconstituer les pages anciennes, repostées avec les dates d'origine (même année, même même jour, même heure) pour en faciliter la recherche par les lecteurs, se fait au détriment de la création de nouveaux billets.
Mais ce n'est que temporaire, nous avons tellement d'idées de sujets à évoquer pour nos lecteurs et la relecture des billets d'il y a huit, douze ou dix-huit ans nous permet de mesurer comment les choses ont évolué ou se sont dégradées pour Venise, les vénitiens et la lagune.



Notes :
02 janvier 2024
Les Voeux de Tramezzinimag à nos fidèles lecteurs
Bon Ano Novo !
Buon Anno a Tutti !
Happy New Year !
Bonne Année à tous !
Godt nytår
til alle !
Καλή χρονιά σε όλους !
¡ Feliz Año Nuevo a todos !
שנה טובה לכולם
Новым годом вас
всех!
新年明けましておめでとう!
Hyvää uutta vuotta teille kaikille!
سال خوبی داشته باشید
25 décembre 2023
avec Giorgione, Tramezzinimag vous souhaite un Joyeux Noël !
TraMeZziNiMag
est heureux de vous souhaiter
un
Très Joyeux Noël !
Bonnes Fêtes de Noël à nos fidèles lecteurs et amis, aux auteurs, photographes, illustrateurs, journalistes, tous les Fous de Venise du monde entier qui nous soutiennent depuis la création du blog, en 2005 !
23 décembre 2023
En dépit de tout, que la joie de Noël illumine nos jours !
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Brouillard à Venise. ©Alexandra E Rust. 2023. |
Depuis plusieurs années le marché de Noël concurrence ceux qu'on trouve depuis des lustres dans ces pays. La lumière se fait presque monochrome et il y a dans l'air quelque chose d'encore plus magique. Babbo Natale est en bon terme avec la Befana et Saint Nicolas est aussi dans les parages...
Je n'ai pas souvent fêté Noël à Venise - la Befana oui, de nombreuses fois - Mais la messe de minuit, les cadeaux sous le sapin, le lait et les biscuits sur la cheminée pour le Père Noël, grand amateur de Digestive Mc Vities.
Un raté dans mon existence. Le rêve ancien (il date de mon adolescence) de voir naître et grandir mes enfants à Venise ne s'est pas réalisé. Dans une autre vie peut-être, mais encore faut il croire que nous en avons plusieurs... Voir grandir ses enfants dans ce lieu unique, hors du monde et pourtant au centre de tout, et donc d'y vivre ce moment magique avec eux n'a encore jamais pu se réaliser. Les enfants grandissent et s'en vont, rien de plus naturel.
Organiser des retrouvailles pour fêter la naissance du Christ et la joie d'être ensemble, de former une famille, devient plus difficile avec les années. Il y a les conjoints et compagnons dont les familles souhaitent aussi la présence. La plupart du temps, un système d'alternance se met en place. Quand on a la chance de tous vivre non loin les uns des autres, on s'entend pour que la veille de Noël se déroule à tour de rôle chez les parents de l'un et le jour de Noël chez ceux de l'autre. Ou bien, ceux qui ne peuvent se déplacer, qui ne viennent pas, sont là pour la Saint-Sylvestre. Combien cela doit être compliqué pour les familles recomposées quand les enfants se marient, et qu'ils ont à leur tour des enfants... Nous sommes nombreux à connaître cela.
Il y aurait bien une autre solution puisque nous venons de traditions plurielles : Fêter ces moments uniques dans l'année à des dates différentes, celles les plus commodes pour chacun : pour la Saint-Nicolas, le 6 décembre, les 24 et 25 décembre comme nous le faisons depuis toujours, mais aussi le 5 janvier, pour la Befana, qui est aussi le jour des Rois...
Trois fêtes merveilleuses, trois dates cohérentes pour les enfants qui, vivant naturellement les moments joyeux en famille n'en perçoivent pas la rareté et l'impermanence. Joie de l'enfance innocente qui ne peut concevoir que rien jamais ne dure et que tout cesse un jour. Mais pour parvenir à se réunir ainsi, il faut une volonté active de la part de tous les concernés. Et ce n'est pas évident.
Les temps changent et nous changeons aussi, parce que nous vieillissons, parce nous y sommes contraints, que les mentalités évoluent face à un noyau familial qui est activement ou passivement remis en cause. On ne voit plus que ce qu'il peut produire de terrible et de négatif.
Mais peu importe ce que nous aimerions, il nous faut vivre sans nostalgie ni regret, dans l'espérance et la joie. Nous ne savons pas pour combien de temps nous sommes là, alors Carpe Diem, jouissons en simplicité de ce qui nous est offert. Le mieux étant l'ennemi du bien, réjouissons-nous devant les yeux émerveillés des enfants, devant leur plaisir, sous le regard bienveillant et ému de leurs parents, tout comme nous quand ces parents n'étaient encore que nos enfants.
Bonne Fête de Noël à tous nos lecteurs !
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Éclairage du sapin 2023 sur la Piazza par le maire Brugnaro |
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Le Campo San Luca et ses illuminations |
12 juillet 2023
Le plus important moment de l'été à Venise
La Festa del Redentore commémore, pour ceux qui ne le sauraient pas, la fin de l'épidémie de peste, dite Peste di San Carlo qui dévasta la ville entre 1575 et 1577 et entraîna la mort de plus d'un tiers de la population de Venise - véritable pandémie celle-là. Après des mois d'hécatombe (plus de 50.000 victimes, soit le tiers de la population de la ville), et le 4 septembre 1576, quelques jours après la mort du Titien qui affecta beaucoup le Sénat et le doge, il fut décidé que la Sérénissime érigerait une église au nom du Christ Rédempteur, voulant offrir au Christ un gigantesque ex-voto afin d'éloigner l'épidémie de la lagune. La première pierre fut posée le 3 mai 1577 et quelques mois plus tard, le 20 juillet exactement, un pont de bateaux fut érigé pour atteindre l'île de la Giudecca où commençait de s'élever la nouvelle basilique dessinée par Palladio, et les vénitiens vinrent en procession derrière le doge et le Sénat pour prier.
Depuis lors, chaque année, ce pont votif est reconstruit pour permettre à la population de se rendre dans l'église. Les méthodes de construction ont changé mais l'emplacement est resté le même. Comme lors de la première procession, la population entière se joint aux autorités politiques, militaires et religieuses. Il y avait autrefois le doge et tout le Sénat, le patriarche de Venise et le légat du pape qui ouvraient la marche. C'est aujourd'hui le maire et son conseil, le patriarche que suivent les fidèles.
Cette procession demeure encore aujourd'hui dans l'esprit de chacun, un élément fondamental de la fête. Le Redentore est l'une des fêtes populaires les plus chères et les plus attendues par les Vénitiens, où le religieux et le spectaculaire coexistent.
Ce pont votif n'est pas seulement une attraction de plus dans une Venise qui tend à se transformer - au corps défendant des vénitiens - en un vaste parc d'attraction (on y reviendra). Il une signification symbolique importante. Il représente le lien entre la ville et sa foi, la gratitude d'avoir été libérés de la peste et c'est un hommage au Christ Rédempteur.
Comme le souligne un article de veniceboat.com : « C'est un symbole d'unité et de solidarité que ce rassemblement de tous, jeunes et vieux, pauvres et riches, pour traverser ensemble le pont et participer à la procession religieuse en l'honneur du Rédempteur »
Un autre des moments importants de la fête, aura lieu le 15 juillet, à 23 h 30. C'est le très attendu spectacle pyrotechnique sur le Bacino di San Marco, à l'entrée de la Giudecca. Quarante minutes de pure émotion esthétique - et sonore ! Des milliers de lumière et de couleurs qui explosent sur la lagune. La plupart des vénitiens seront sur leurs bateaux, décorés et remplis de victuailles, dont les plats traditionnels qui sont chaque année de la fête : bigoi in salsa, sarde in saor, bovoleti, comme la Castradina l'est pour la Fête de la Salute
Trois jours de fête très prisés dans laquelle les touristes peu à peu se sont infiltrés mais qui restent avant tout des jours pour la population dont on garde toujours un souvenir ému, avec ce sentiment d'appartenance à une communauté pérenne, tellement important , à une histoire dans un monde dans un monde qui se transforme où tout est partout de plus en plus uniforme.
Mais les festivités débutent en réalité le 14 juillet avec, à 20 heures précises, la très attendue ouverture du pont votif. Dès l'inauguration, commencera la procession toujours très fréquentée, joyeuse et recueillie des vénitiens qui vont rendre visite au Saint Rédempteur. Beaucoup de curieux ensuite, souvent surpris et ravis, qui pourront aller et venir jusqu'à minuit dimanche soir. Jour et nuit, le pont reste ouvert, sauf au moment du feu d'artifice.
Dimanche, autre grand moment, lui aussi très attendu : les Regate del Redentore. Ce jour-là, la ville sera littéralement assiégée par les visiteurs, vénitiens des environs mais aussi dizaines de milliers de touristes qui tenteront d'assister aux courses sur le canal de la Giudecca, dès 16 heures :Ce sera d'abord la régate des giovanissimi (les plus jeunes) sur des pupparini à 2 rames, à 16 heures. Puis viendra le tour à 16h45, de leurs aînés toujours sur pupparini à deux, puis celle à 17h30, des gondoles à 2 rames avec les stars de la regata storica.
Il faut voir la bénédiction des bateaux et des rameurs par le patriarche, les courses elles-mêmes très soutenues par le public depuis les deux rives. Enfin, pour clôturer, ce sera la grande messe votive, solennité qui débutera à 19 heures, dans une église du Redentore pleine à craquer.
J'évoquais plus haut ce qu'on mange ce jour là. En général, sur les barques comme pour les tablées dressés le long du canal, chacun porte un plat, salé ou sucré et le vin coule à flots. Il y a encore une dizaine d'années, aucun vénitien n'aurait manqué la fête. Il n'était pas question de quitter la ville...
Aujourd'hui, nombreux sont les vénitiens qui restent chez eux ou s'en vont, tant il y a du monde. Et puis nous sommes nombreux à pouvoir voir le feu d'artifice depuis les fenêtres, les terrasses et les altane des maisons. Il manque certes le petit supplément que donne le spectacle depuis l'eau ou des quais, avec les reflets, les remous, l'écho aussi sur l'eau du pétaradant flux de lumières qui fascine.

Amusant - et émouvant - de se dire que depuis juillet 1578 les vénitiens d'année en année se sont retrouvés à festeggiare (festoyer) sur le bassin de San Marco et dans les eaux de la Giudecca. A ma connaissance, sans jamais une année d'interruption.
Les jeunes vénitiens qui pavanent sur leurs barques aux moteurs puissants avec des sonos de dingue qui agacent le bourgeois, ont dans les veines le même sang que leurs ancêtres qui savaient chanter à leurs belles des versets du Tasse, du Monteverdi ou le célèbre et émouvant « E mi ne ne so 'ndao»!