Le nouveau City Note Book de Venise que la société Modo & Modo (aujourd'hui rachetée par le Groupe Société Générale), plus connue sous le nom de Moleskine est en vente depuis le 8 novembre dernier. Portant le désormais célèbre label Venezia, réalisé sous la direction artistique de Philippe Starck, c'est déjà un véritable objet-culte : le premier guide que vous écrivez vous-même. C'est une société italienne à capitaux français qui depuis 1986, sous l'impulsion de l'écrivain Bruce Chatwin, dépité de ne plus pouvoir se fournir en carnets de note fabriqués jusqu'alors par une petite société de Tours, qui a réalisé avec ce nouveau City Note Book (après Paris, Londres, San Francisco, Prague, etc...) un travail "Made in the World" en collaboration avec Venise, la ville italienne "universelle" par excellence.
Mariage inattendu entre deux univers différents. L'entreprise utilise, cas unique, le "bouche à oreille" comme mode publicitaire dans un monde où les messages commerciaux sont omniprésents et tellement agressifs qu'ils en sont devenus insupportables. Les city books fleurissent ainsi et c'est une véritable mode qui propulse depuis quelques années les fameux petits carnets noirs au sommet, se basant sur le nombre de grands artistes et écrivains qui les auraient utilisés. Le rapprochement avec Venise, peut-être la seule ville au monde qui n'a aucunement besoin de faire de publicité tellement son image est forte, est insolite. Ce sont deux styles, deux conceptions, deux modes de vie uniques qui se rencontrent aujourd'hui.
Mais cette rencontre n'a finalement rien de contre-nature (ce qui est déjà un phénomène à rebours des modes...) et elle se concrétise dans le soutien apporté par la société Moleskine à l'activité artistique de jeunes artistes choisis par la Fondazione Bevilacqua La Masa. Un moyen de confirmer la vitalité de Venise qui a toujours été un une référence importante dans tous les types d'expression artistique. Parcours de pierre et d'eau avec huit jeunes artistes du monde entier, le City Note Book de Venise est partout : On le trouve dans toutes les vitrines "culturelles" de la ville : à la librairie Mondadori, la librairie Toletta, la papeterie Testolini, dans les boutiques du Palazzo Ducale, du Musée Correr, de la Ca' Rezzonico, de la Ca'Pesaro et chez Feltrinelli à Mestre comme à la librairie française de San Zanipolo.
Moleskine est l'expression d'un bouillonnement à l'intérieur même de la vie culturelle dans le sens le plus ample du terme. Pour l'organisation Fondaco, les petits carnets noirs représentent l'aspect humain d'un monde en perpétuelle accélération. "Éditeurs de page blanches", c'est ainsi qu'aiment se définir les responsables de ce label "libre" parce que totalement dénué de toute connotation idéologique, un agglomérat d'individualités et de contenus variés. Cela pourrait être un contresens mais en réalité le monde des petits carnets noirs est un univers authentique, un outil d'aide à la réflexion, à l'introspection puisque ces pages blanches sont un appel à l'écriture ou au dessin. A une époque où tout est technologie, il est incroyable qu'un ensemble de feuillets blancs reliés et fermé par un simple élastique puisse représenter un instrument important de vie et un signe de reconnaissance d'une communauté universelle. Il suffit pour vérifier ces propos de visiter les sites qui fleurissent sur la toile et présentent le contenu de nombreux carnets.
Le City Note book di Venezia est tout cela, un outil qu'il appartiendra au touriste ou au vénitien de remplir de rendez-vous, de sensations, de réflexions, de dessins et de collages. Un ensemble de pages blanches qui va permettre à ceux qui les posséderont de pouvoir réaliser leur guide personnel et unique de Venise...
Une grande opportunité donc pour la Sérénissime. Le moyen de de se rapprocher encore un peu plus des grandes capitales culturelles du monde comme Londres, Paris, New York, Berlin, San Francisco, Prague, Barcelone, qui font déjà partie du network Moleskine.
L'enthousiasme des journalistes lors de la conférence de presse organisée par Fondaco, à l'origine du projet. Il faut dire que le carnet était offert à tous les journalistes présents pour qui les carnets noirs restent des objets fétiches (je sais de quoi je parle pour en consommer plus d'une quinzaine par an !) . "S'agissant d'un objet avant tout diffusé parmi les jeunes, Moleskine peut être utile pour rajeunir l'image de la cité des doges et stimuler à son égard une approche non conventionnelle" a dit le maire Massimo Cacciari.
Ces paroles confirment la philosophie de l'organisation Fondaco qui, depuis trois ans, s'emploie à développer des projets concrets pour positionner Venise dans le monde de demain tout en préservant son identité unique. On ne peut que remercier la société Moleskine d'avoir cru dès le début dans leur proposition en considérant Venise comme une vitrine internationale où il faut être présent, démontrant ainsi sa modernité en dépit des incertitudes qui pèsent sur son avenir et des lourdeurs qui la figent dans un rôle de musée de cire .
Ces paroles confirment la philosophie de l'organisation Fondaco qui, depuis trois ans, s'emploie à développer des projets concrets pour positionner Venise dans le monde de demain tout en préservant son identité unique. On ne peut que remercier la société Moleskine d'avoir cru dès le début dans leur proposition en considérant Venise comme une vitrine internationale où il faut être présent, démontrant ainsi sa modernité en dépit des incertitudes qui pèsent sur son avenir et des lourdeurs qui la figent dans un rôle de musée de cire .
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2 commentaires:
- Ets-ce qu'on les trouve en France ? Et à quel prix ?
- OUI, oui au fur et à mesure de leur distribution, chez les libraires et les papetiers de qualité. Le prix est de 15,50€ mais je ne veux pas faire de publicité. Ce qui est génial c'est la manière dont ces carnets sont utilisés, détournés pour devenir souvent des livres-souvenirs, des journaux de voyages voire des œuvres d'art (le site Flickr contient plusieurs centaines de photos de crantes noirs peints qui sont de véritables œuvres d'art). L'association DÉTOUR de Moleskine a un site et expose dans le monde les carnets peints et décorés. Je trouve personnellement cela très beau très attirant.



Cela donne approximativement en français (La traduction est un art difficile) : "Saint
Martin est allé au grenier retrouver la nonne Rita mais la nonne Rita
n'y était pas alors Saint Martin s'est assis par terre. Avec notre petit
sac, Messieurs Dames, il y a Saint Martin".





J'aimais
aussi -lorsque j'allais seul vers la Sérénissime - m'attarder à la
terrasse du même établissement, regardant les voyageurs et cherchant à
deviner qui seraient mes compagnons de route. J'y ai croisé des
écrivains, des acteurs, des hommes politiques, des artistes de tous poils, tous plus ou moins célèbres. Tous aussi avec la même magie dans le regard...
Mais
passé ce triste moment, le départ fait tout oublier. Les stewards sont
affables et souriants. Si vous n'êtes pas trop chargés (je me demande
toujours comment on peut voyager chargé moi qui pourtant transporte
toujours disques et livres, des provisions de thé, ma vieille théière
anglaise en étain et mes indispensables biscuits - anglais
C'est
que j'aime acheter mon dentifrice et ma mousse à raser sur place, faire
nettoyer mon linge - ah le parfum qu'il a lorsqu'il revient de ma
petite teinturerie de
Mais
revenons à notre voyage. Les bagages installés dans le compartiment,
billets et passeports entre les mains de l'homme souriant en uniforme
qui va se charger de tout, nous voilà confortablement installés. Les
portes des compartiments tardent à se fermer. Tout le monde cherche plus
ou moins consciemment à s'approprier cet espace magique dans lequel
nous allons passer les douze
Très
vite l'effervescence se délite et tout redevient paisible. Les portes
se ferment. L'atmosphère se fait plus feutrée. Nous déballons livres et
revues. Pour ma part, surtout quand je suis tout seul, je branche mon
petit lecteur portable. Le programme est souvent le même : Gloria et Magnificat de
Puis
vient le temps d'aller dîner. Là c'est un plaisir qu'il faut savourer
car il se fait de plus en plus rare. On parle aussi de le supprimer. Pas
assez rentable je suppose ou trop raffiné pour notre monde de barbares.
Imaginez un peu : un véritable wagon-restaurant, moderne et fonctionnel
certes. Rien à voir avec les voitures du
On est loin de la carte proposée dans le moindre wagon-restaurant des lignes intérieures de ma jeunesse (j'aimais beaucoup la purée de pommes de terre du
Souvent des groupes restent longtemps après que le dernier repas eut
été servi. Les serveuses bavardent avec les convives, tout en préparant
les tables du petit-déjeuner. Les enfants sont partis se coucher et il
règne dans cette voiture une ambiance bon enfant. Comme une invitation à
la joie. Un petit moment de bonheur. Le repas achevé, quand les
passagers, la plupart du temps détendus et un peu bruyants, reviennent
vers leurs cabines, les lits sont faits. Les lumières tamisées.
Le balancement rythmé des voitures donne de douces idées aux jeunes couples tandis que les autres sont déjà bercés par le
Généralement
à l'entrée du pont de la Liberté, la locomotive siffle avec énergie.
Enfant, je croyais que c'était un salut, comme la corne de brume des
navires qui approchent d'un port. Tous les passagers sont à leur
fenêtre. La grande étendue d'eau tour à tour grise ou verte semble comme
un océan tranquille. A droite, les usines de
La
plupart, très excités par l'arrivée très proche, piétinent dans les
couloirs et se haussent sur la pointe des pieds pour mieux voir. Ce que
j'aime le plus alors, c'est - surtout à la bonne saison - ouvrir la
fenêtre de ma cabine en grand et tout en feuilletant un magazine et, en
sirotant ma tasse de thé brûlant, attendre que le train s'immobilise.
Tout le monde se précipite pour descendre. Le steward frappe à la porte,
nous rend billets et papiers en saluant. Nous attendrons que tout le
monde soit sorti et, tranquillement, très lentement, après avoir rangé
toutes nos affaires, nous sortirons. Le temps de s'habiller le coeur en
l'honneur du spectacle toujours renouvelé que la ville va nous offrir
quelques instants plus tard. C'est un des privilèges de ces trains de
nuit : on vous laissera achever votre collation ou votre toilette et il
est bien doux de rester encore un peu dans cette cabine, surtout quand
tout le monde est parti.








