C'est aujourd'hui mon anniversaire. Rien que de très banal et qui revient chaque année. J'ai l'honneur et le privilège de partager cette date avec d'illustres personnages : Evariste Gallois, Georges Bizet, Johann Strauss, Pablo Picasso, Abel Gance, Geneviève de Gaulle-Anthonioz ou Annie Girardot. Klaus Barbie aussi est né le même jour... Sous le signe du scorpion...
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Le temps passe donc. Il file même. Et l'illusion de changer s'émoussant avec l'âge, je sais bien aujourd'hui qu'on reste ce que l'on est. Au détriment parfois d'un mieux-être qui se serait imposé si seulement nous avions pu changer (en mieux)...
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Bref, loin de ces considérations fumeuses et par trop égotistes, la Saint Crépin (ou Saint Enguerran), au-delà d'être le jour de ma naissance, est aussi le jour anniversaire de la triste bataille d'Azincourt qui vit mourir avec Jean Ier, duc d'Alençon, toute la fine fleur de l'aristocratie européenne, (c'est aussi en passant, celui de la signature de l'Axe Rome-Berlin qui divisa ma famille et qui entraînera tant de cauchemars).
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Mais, pour nous recentrer avant-tout et surtout, sur ce qui nous occupe à TraMeZziniMag, ce 25 octobre 2006 est l'occasion de mettre en avant l'un des derniers véritables artisans de Venise, Franco Tonolo, qui vient de fêter aussi ses 70 ans en même temps que sa pâtisserie dont l'enseigne célèbre aujourd’hui"hui son 43.800 ème jour d'existence.
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120 ans ! Voilà cent vingt ans que la Pasticerria Tonolo régale les petits et les grands avec sa fameuse focaccia qui fut déjà récompensée par les membres du jury de Paris en 1886, alimenta la table des souverains d'Italie, et dont la recette inchangée se perpétue depuis la création de l'entreprise. Dans une Venise qui bouge et qui change, à une époque où le bon goût se fait rare, les petits gâteaux de chez Tonolo sont des merveilles. Vestige d'une période où le bien-manger était le lot commun, les chefs-doeuvre de Franco Tonolo méritent le détour.
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Quand vous serez à Venise, passez-y, je vous certifie que vous ne serez pas déçus ! Très discrète, cette maison à sa place parmi les plus fameuses comme Rosa Salva ou Marchini ! On y prend de délicieux petis-déjeuners (avec leur fameuse brioche) et un Paris-Brest sublime. Très fréquenté par les étudiants de l'Université qui viennent en voisins. Dans ses romans, Dona Leon envoie Brunetti y prendre un café-croissant. Les enfants d'un de mes amis vénitiens jurent qu'on y trouve les meilleures fritelle de toute la ville. Je partage tout à fait leur avis !
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Un été, j'ai logé à l'angle de la rue et du rio, face au pont dei Preti. Un appartement prêté par des universitaires allemands. Mes fenêtres donnaient à la fois sur l'eau près du cortile de l'église. Le dimanche après-midi, le curé en soutane jouait au foot avec les enfants de chœur. De mes fenêtres ouvertes je les entendais. Souvent le parfum des gâteaux sortis du four venait jusqu'à moi ...
"Meringa tremano
le man nel catturara
la nuvola bianca che sembra dissolversi .
Trema la lingua rossa nel prima
contatto con la panna densa bianca.
Il matrimonio e' fatto bricole de nuvola
macche di panna sul pavimento
fissano il passato"
Bar-Pasticceria Tonolo
Calle Lunga San Pantalon
Dorsoduro 3764
juste derrière l'église