La fête de San Martino se célèbre dans toute l'Italie par des manifestations en tout genre à l'occasion de ce fameux été de la Saint Martin, "l'été indien" des anglo-saxons, que les capricieuses variations climatiques rendent de plus en plus aléatoire. Cette brève période de temps beau et chaud caractéristique des régions méditerranéennes en ces premiers jours de novembre. Cette embellie qui surgit au milieu des premiers frimas, au moment des premières gelées comme le mieux du mourant avant son agonie. Venise très à l'affût de ce qui peut lui permettre de renouer avec la singularité de son passé tout en renouvelant les plaisirs offerts aux touristes a redonné à cette fête le lustre d'il y a cinquante ans.
Ce
fameux été de la Saint Martin trouve son origine dans l' épisode le
plus célèbre de la vie du saint. Par un jour particulièrement froid
(c'était un 11 novembre), le jeune officier romain qui cheminait sur une
route enneigée, rencontra sur sa route un pauvre vieillard à qui il
donna la moitié de sa chlamyde, cette lourde cape militaire que
les soldats portaient pour se protéger du froid. Aussitôt, le ciel
s'éclaircit et un soleil intense fit fondre la glace et réchauffa la
terre. Les hagiographes racontent que cette nuit-là, Martin vit le Christ en rêve qui portait sur ses épaules la moitié de la Chlamyde, le remerciait pour son geste de compassion. Martin,
originaire de Panonie, était militaire contre son gré (son père était
officier et il intégra le corps de la Schola, la garde d'honneur à
cheval de l'Empereur), il devint évêque de Tours et fut l'un des
premiers saints non martyr. Il mourut très âgé en 397, déjà très
célèbre.
Partout en Italie, depuis les temps
les plus reculés (l'anecdote remonte au IVe siècle), pendant ces chaudes
journées du début novembre, on ouvre les bouteilles de vin nouveau et
on déguste des châtaignes grillées. Le poète Giosué Carducci
(premier italien prix Nobel de Littérature) a même célébré cette
tradition dans un poème connu par tous les italiens et justement
intitulé San Martino.
A Venise, on fête le
saint le 11 novembre. C'est une fête populaire qui avait peu à peu
disparu. Autrefois on mangeait des marrons grillés et le vin nouveau
coulait à flots. On chantait sous les fenêtres des gens en espérant
qu'ils lancent à leur tour des châtaignes ou des sucreries. On retrouve
depuis quelques années cette ambiance dans certains quartiers du centre
historique : il est resté l'habitude de faire du bruit - notamment avec
des couvercles et des casseroles - en demandant des bonbons ou autres
douceurs aux commerçants ou aux passants (avant tout aux vénitiens). On
chante pour l'occasion de vieilles comptines que les enfants apprennent
pour l'occasion, comme celle-ci :
S. Martin xe'ndà in sofita
a trovar ea nonna Rita
nona Rita no ghe gera
S.Martin col cùeo par tera
E col nostro sachetìn
cari signori xe S. Martin
a trovar ea nonna Rita
nona Rita no ghe gera
S.Martin col cùeo par tera
E col nostro sachetìn
cari signori xe S. Martin
Cela donne approximativement en français (La traduction est un art difficile) : "Saint
Martin est allé au grenier retrouver la nonne Rita mais la nonne Rita
n'y était pas alors Saint Martin s'est assis par terre. Avec notre petit
sac, Messieurs Dames, il y a Saint Martin".
Ce
ne sont plus que les jeunes, et notamment les enfants des écoles, qui
perpétuent cette bruyante tradition. Ils fabriquent casques, armures et
chevaux en carton, le tout complété d'une épée et bien sur d'une cape
rouge. Dans quelques écoles de la Terre Ferme, un homme déguisé en Saint
Martin monté sur un vrai cheval vient à la rencontre des enfants pour
leur distribuer des bonbons. Mas cela a lieu à peu près de la même manière partout ailleurs en Italie.
Ce qui caractérise vraiment la fête vénitienne, outre les comptines en dialecte, c'est le traditionnel dolce di San Martino : un gâteau de pâte sablée qui prend la forme du saint cavalier avec son épée et son manteau, garni d'un glaçage de sucre coloré, de pralines, de bonbons et de pastilles de chocolats. Il y a aussi une version toute nappée de chocolat. Chaque pâtissier a sa recette et les décorations varient d'un magasin à un autre.
Ce qui caractérise vraiment la fête vénitienne, outre les comptines en dialecte, c'est le traditionnel dolce di San Martino : un gâteau de pâte sablée qui prend la forme du saint cavalier avec son épée et son manteau, garni d'un glaçage de sucre coloré, de pralines, de bonbons et de pastilles de chocolats. Il y a aussi une version toute nappée de chocolat. Chaque pâtissier a sa recette et les décorations varient d'un magasin à un autre.
Vous voyez il n'y a pas que "Halloween",
cette tradition américaine que les publicitaires et les commerçants
s'acharnent à imposer dans le monde pour développer de nouveaux
prétextes à la consommation ! Car si la fête des citrouilles n'est pour
la plupart des enfants (et des parents) qu'un joyeux divertissement,
elle a à la base une origine mortifère où les esprits, le diable, les
morts et les monstres ont la part belle. La San Martino, c'est au
contraire la fête de la vie, de la lumière, de l'espérance qu'au plus
sombre de l'hiver tout bientôt pourra renaître. Pour ma part, aucune
hésitation. Je
choisis la fête de la vie et la philosophie dont elle émane à cette
culture de mort et de dépit qu'on cherche à nous imposer. La polychromie
plutôt que le noir !
Pour ceux qui connaissent mal ou pas du tout Venise, l'église San Martino est située dans le sestiere de Castello, à deux pas de l'Arsenal. Elle a été construite par Sansovino en 1540 (mais la façade de style toscan revue et restaurée date de 1897). A l'intérieur, la nef est couronnée par un extraordinaire plafond en trompe-l’œil de Domenico Bruni. Le presbytère est décoré de fresques de Fabio Canal.
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1 commentaire:
- C'est une belle fête...






J'aimais
aussi -lorsque j'allais seul vers la Sérénissime - m'attarder à la
terrasse du même établissement, regardant les voyageurs et cherchant à
deviner qui seraient mes compagnons de route. J'y ai croisé des
écrivains, des acteurs, des hommes politiques, des artistes de tous poils, tous plus ou moins célèbres. Tous aussi avec la même magie dans le regard...
Mais
passé ce triste moment, le départ fait tout oublier. Les stewards sont
affables et souriants. Si vous n'êtes pas trop chargés (je me demande
toujours comment on peut voyager chargé moi qui pourtant transporte
toujours disques et livres, des provisions de thé, ma vieille théière
anglaise en étain et mes indispensables biscuits - anglais
C'est
que j'aime acheter mon dentifrice et ma mousse à raser sur place, faire
nettoyer mon linge - ah le parfum qu'il a lorsqu'il revient de ma
petite teinturerie de
Mais
revenons à notre voyage. Les bagages installés dans le compartiment,
billets et passeports entre les mains de l'homme souriant en uniforme
qui va se charger de tout, nous voilà confortablement installés. Les
portes des compartiments tardent à se fermer. Tout le monde cherche plus
ou moins consciemment à s'approprier cet espace magique dans lequel
nous allons passer les douze
Très
vite l'effervescence se délite et tout redevient paisible. Les portes
se ferment. L'atmosphère se fait plus feutrée. Nous déballons livres et
revues. Pour ma part, surtout quand je suis tout seul, je branche mon
petit lecteur portable. Le programme est souvent le même : Gloria et Magnificat de
Puis
vient le temps d'aller dîner. Là c'est un plaisir qu'il faut savourer
car il se fait de plus en plus rare. On parle aussi de le supprimer. Pas
assez rentable je suppose ou trop raffiné pour notre monde de barbares.
Imaginez un peu : un véritable wagon-restaurant, moderne et fonctionnel
certes. Rien à voir avec les voitures du
On est loin de la carte proposée dans le moindre wagon-restaurant des lignes intérieures de ma jeunesse (j'aimais beaucoup la purée de pommes de terre du
Souvent des groupes restent longtemps après que le dernier repas eut
été servi. Les serveuses bavardent avec les convives, tout en préparant
les tables du petit-déjeuner. Les enfants sont partis se coucher et il
règne dans cette voiture une ambiance bon enfant. Comme une invitation à
la joie. Un petit moment de bonheur. Le repas achevé, quand les
passagers, la plupart du temps détendus et un peu bruyants, reviennent
vers leurs cabines, les lits sont faits. Les lumières tamisées.
Le balancement rythmé des voitures donne de douces idées aux jeunes couples tandis que les autres sont déjà bercés par le
Généralement
à l'entrée du pont de la Liberté, la locomotive siffle avec énergie.
Enfant, je croyais que c'était un salut, comme la corne de brume des
navires qui approchent d'un port. Tous les passagers sont à leur
fenêtre. La grande étendue d'eau tour à tour grise ou verte semble comme
un océan tranquille. A droite, les usines de
La
plupart, très excités par l'arrivée très proche, piétinent dans les
couloirs et se haussent sur la pointe des pieds pour mieux voir. Ce que
j'aime le plus alors, c'est - surtout à la bonne saison - ouvrir la
fenêtre de ma cabine en grand et tout en feuilletant un magazine et, en
sirotant ma tasse de thé brûlant, attendre que le train s'immobilise.
Tout le monde se précipite pour descendre. Le steward frappe à la porte,
nous rend billets et papiers en saluant. Nous attendrons que tout le
monde soit sorti et, tranquillement, très lentement, après avoir rangé
toutes nos affaires, nous sortirons. Le temps de s'habiller le coeur en
l'honneur du spectacle toujours renouvelé que la ville va nous offrir
quelques instants plus tard. C'est un des privilèges de ces trains de
nuit : on vous laissera achever votre collation ou votre toilette et il
est bien doux de rester encore un peu dans cette cabine, surtout quand
tout le monde est parti.











