01 janvier 2008

Love 2008, la grande idée de la municipalité pour fêter Venise, ville des amoureux...


Vous en penserez ce que vous voudrez. Ils étaient plus de 90.000 sur la piazza hier soir à minuit. Chaude ambiance en dépit du froid donc. Des milliers de couples se sont embrassés au son de bluettes italiennes dans une ambiance psychédéliques qui me fait penser à l'épouvantable et délirant "Casanova" de Fellini ou son (magnifique) "Satyricon"... Mais tout cela est tellement dans le délire de notre époque. Les amoureux (essentiellement vénitiens et italiens) ont certainement aimé. Les bisous gays étaient interdits et la police sur le qui-vive. Les petits cœurs roses sur le campanile faisaient pourtant très gay-pride... La manifestation a quand même coûté 300.000 euros.

Avec ou sans baisers, vous verrez que sur la piazza San Marco, le plus beau salon d'Europe, c'est pareil que partout ailleurs, cette sensation de débordement d'une joie artificielle, bruyante et vulgaire qui s'empare d'une foule électrisée à un moment précis et sur commande. Comme un délire obligé. Ne pas s'y joindre revient à être réactionnaire, asocial, bizarre et suspect... Pour ma part, être réactionnaire, asocial, bizarre et donc suspect, je préfère la piazza au petit matin, vide et silencieuse, la joie de croiser au printemps, des amoureux qui s'embrassent sur un pont ou sous un sottoportego retiré ou le bonheur de me promener en barque sur la lagune avec ma petite famille, sans vapeur d'alcool ni substances interdites. Mais j'avais dit que je ne ferai aucun commentaire. Bonne année à tous !


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9 commentaires:


François a dit…
BONNE ANNÉE 2008 à celui qui nous fait vivre le vrai VENISE au quotidien. Merci de nous enchanter tout 2008
Lorenzo a dit…
Et bien je vais m'y employer. merci de vos encouragements. Mais ceux qui font vivre la vraie Venise ce sont avant tout les vénitiens. Je ne suis qu'un intermédiaire qui essaie de ne pas laisser dire (ni dire lui-même) trop de bêtises... Longue vie à Venise et à son peuple !
Florence a dit…
Buon anno a tutti!!!!!!!! Que la Venise authentique que j'aime et que Tramezzini met à l'honneur soit préservée. Lorenzo, quels sont projets à l'Arsenal dont parle M. Cacciari?? Mon père y a été comptable. Buon compleanno à Margot. A presto. FLO
the o'connors a dit…
That is a Romanian brass group...Strange to have them invited for NYE celebration in...Venice. :-)
celeste a dit…
beau billet Lorenzo! en le lisant j'ai compris pourquoi le mien vous a plu, et j'en suis heureuse. merci pour le lien, le vôtre est désormais parmi ma sélection. bonne année à vous aussi, même si on en sait le côté artificiel, souhaiter du bonheur fait toujours plaisir
Christophe DOLEAC a dit…
Bonne Année à celui qui nous transporte quotidiennement sur les flots de la Sérénissime... Que 2008 le comble de bonheur et de chaleur ! Bien Cordialement, Christophe
venise86 a dit…
Sourire... c'est aussi cela..
douille a dit…
C'est vrai de vrai que les bisous gay étaient interdits???
J@M a dit…
... Comme je vous comprends,cher Lorenzo, moi qui ne suis ni "foule" ni beaucoup "bonne année". Merci de nous faire vivre la Venise que j'aime au quotidien et, malgré ce que je viens d'exprimer, très bonne année 2008 !

En attendant les images de 2008, celles de 2007...


Ces images du capodanno 2007 quand à san Marco les cloches se sont mises à sonner à toute volée et que le feu d'artifice a éclairé le ciel de la Sérénissime. 
Buon Anno a tutti. Tanti Auguri ragazzi !!!

 

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2 commentaires:

AG a dit…

Bonjour Lorenzo,
Que l'année 2008 soit belle et douce à vivre pour vous et ceux que vous aimez.
Agnès

Lorenzo a dit…

Merci Agnès,
Que l'année 2008 soit belle et douce à vivre pour vous et ceux que vous aimez.A presto

Bonne Année 2008 à tous les lecteurs de TraMezziniMag !

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8 commentaires:

the o'connors a dit…
Bonne Annee, Happy New Year Lorenzo! We have been planning a trip to Venezia for over one year and your blog has been of great help and inspiration. We will finally get to see Venezia (and surroundings) on the 5th of January (for two weeks) and I am sure that when we will come back will return to your blog with melancholy.
mhaleph a dit…
Bonne Année 2008, pour que ce blog sur Venise poursuive sa route et nous apporte à tous: intérêt à le feuilleter, beauté, dépaysement et autre regard sur cette ville...
Lorenzo a dit…
Have a good stay then ! The 5th of January is a special day for me : it is my elder daughter's birthday. Margot will be 20 on that day. Bon voyage à vous et thank you for your fidelity !
the o'connors a dit…
Alors bonne anniversaire!
venise86 a dit…
Bonne année 2008 Lorenzo, et merci, merci encore de nous inviter "in live" à Venise.. Elle n'est pas parfaite... et alors... nous savons la trouver, et tu sais la montrer dans son intimité... Que 2008 soit une année de joie et de sérénité pour toi, ta famille et ceux que tu aimes... Avec toute mon amitié...
Choubine a dit…
Bonne année, Lorenzo! Merci de nous faire partager le bonheur d'être à Venise.
Gérard a dit…
Longue vie à 2008 , et à ce blog étonnant et merveilleux .
Les cités antiques m'ont , comme on dit , donné et leur ciel , et leurs pierres , et leur lait .
Que puis-je demander de mieux ?
Rien , puisque qu'en ce lieu ,
Tout y est .
Marraine a dit…
Très belle nouvelle année à vous, Lorenzo! et continuez de nous donner des nouvelles de Venise, ça fait tellement plaisir... En attendant de pouvoir y aller bientôt.

L'année nouvelle comme un joyeux départ

Le quotidien est fait de petits riens qui, mis bout à bout, forment la lumière des jours. Cet indicible murmure de pas grand chose sans lequel la vie ne serait pas possible. Une musique inaudible pour les autres et qui pourtant nous casse parfois les oreilles, nous rappelant sans cesse qu'il faut vivre et avancer... L'année nouvelle prend son envol. Tout ce que nous avons vécu de joyeux ou de triste pendant ces derniers mois n'est plus que souvenir. Un passé envolé dont quelques bribes demeurent. Des notes dans un journal, une carte entre les pages d'un livre, une photo laissée sur une table. L'avenir semble à portée de nos vies. Tout est neuf à nouveau. La disponibilité d'une page blanche. Comment se remplira-t-elle au fil des jours ? Cortège turbulent de joies et de peines, de réussites et d'échecs, d'abandons et de conquêtes, on dira un jour de ce temps nouveau qu'il est passé. Et à son tour, il rejoindra dans l'oubli ces moments de la vie qu'on ne vit plus. Ainsi passent les choses. Ainsi naissent les jours.


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3 commentaires:

Anonyme a dit…
Je vous souhaite une année douce et délicieuse. Vos billets ne sont que bonheur ! M.17
Lorenzo a dit…
Mille bonnes choses à vous aussi et à tous mes lecteurs !
Anonyme a dit…
Je vous souhaite pleins de petits bonheurs pour 2008 et vous remercie de continuer votre merveilleux blog qui me donne envie de retourner encore et encore à Venise... Merci Marise

31 décembre 2007

Les vœux du maire de Venise



Le sindaco di Venezia, Massimo Cacciari, a choisi cette année YouTube pour présenter à ses concitoyens les vœux de la Municipalité. Énonçant le bilan de l'année écoulée, le maire rappelle la complémentarité de Mestre et du Centre historique mais souligne la prépondérance de l'activité culturelle comme alternative à un tourisme idiot et polluant (20 millions de visiteurs par an). Venise est une ville unique tout le monde le sait et les conséquences de cette particularité sont la difficulté qu'il y a à agir tant dans le domaine de la restauration que de l'innovation, et le coût toujours croissant de tout ce qui est entrepris. Le maire a rappelé le problème du vieillissement de la population et la nécessité d'adapter les services publics à cette évolution comme à la diminution globale des résidents. Grande et prestigieuse cité, Cacciari annonce sa volonté avec l'aide de tous les vénitiens, d'aller encore plus loin et s'assumer dans l'avenir un rôle international au-delà de l'impact touristique mondial. Souhaitons avec le maire, que 2008 soit une bonne et une grande année pour Venise. Evviva Venezia !

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3 commentaires:

Venezia a dit…
Bonjour, c'est un vrai bonheur pour moi, que de finir l'année en découvrant un nouveau blog, qui traite d'une ville et d'un pays qui me fascine. A bientôt et merci pour la qualité de votre blog
Marie a dit…
Une petite grimace : http://www.europe1.fr/informations/ar ticles/779074/venise-un-baiser-geant-pour-le-nouvel-an.html Une belle année à venir pour vous et ceux que vous aimez Marie
Jaio a dit…
Juste une erreur de frappe pour dire Evviva au lieu de Evivva, et puis tout est beau et gentil comme toujours:-) Cordialement

30 décembre 2007

Quand reviendra la belle saison...

Le bonheur est un ange au visage grave*


"C'était un beau jeune homme à l'air serein, ni grand ni petit, mais très élancé, vêtu avec beaucoup d'élégance". 

C'est ainsi que le peintre Ardengo Soffici décrit le jeune homme de dix-neuf ans qu'il rencontra à Venise et qui devait devenir l'un des plus grands artistes de son temps : Amedeo Modigliani. La rencontre eut lieu en 1903. Le jeune Modigliani connaissait à merveille les ruelles de Venise et il entraîna son nouvel ami dans de longues promenades où il lui décrivait chaque monument, contant l'histoire de chaque bâtiment croisé sur le chemin. Passionné par la peinture de Carpaccio, Modigliani se consacra à l'étude de l'histoire de l'art italien. D'abord à Florence, puis à Rome et enfin à Venise où il s'installa avec son ami Oscar Ghiglia avec qui il partagea le même atelier. On est encore loin du Modi, archétype du bohémien de Paris qu'il deviendra quelques années plus tard. "Incroyablement passionné de Carpaccio qu'il semblait vénérer particulièrement", Modigliani va énormément travailler et apprendre lors de son séjour vénitien. 

Les cours de l'École libre du Nu de Venise, à l'Accademia, la découverte de "formes pleines de beauté et d'harmonie" comme il l'écrira plus tard, les maîtres coloristes vénitiens mais aussi les cafés où se réunissait alors le monde artistique et littéraire dans lequel il tentait de s'introduire, tout concourt à marquer le jeune artiste et on sait aujourd'hui que les deux années passées sur la lagune influencèrent énormément l'art et la pensée de Modigliani. Il parvint à exposer une toile à la Biennale de 1903 (Un portrait de dame) alors que l'impressionnisme français dominait les esprits. C'est cette année-là que Venise rendit un hommage à Auguste Rodin. C'est à Venise aussi que le jeune Dedo découvrit les plaisirs de la bohème, le sexe et les secrets de la vie nocturne. Il commença de mêler dans sa vie sentimentale grandes dames et filles des rues, maîtresses et amants, prostituées, modèles et compagnes de lit, tout ce qui fera plus tard la matière de son art. Il fréquente alors les lieux de débauche qui sont nombreux à l'époque dans la Sérénissime. De santé fragile, ce séjour vénitien, s'il remplit de joie et de connaissance l'âme de l'artiste, contribua apparemment à détruire sa santé. Il laissa quelques travaux aujourd'hui conservés dans des collections particulières vénitiennes. Quand on sait qu'il vendait ses portraits 18 ou 20 francs de l'époque, l'équivalent de 15 euros d'aujourd'hui... 


 
Il habita au confins de Dorsoduro, sur la Fondamenta San Sebastiano, juste avant la Fondamenta San Basilio. La plaque ci-dessus, rappelle son séjour dans la maison (photographie de Christine). Vlaminck disait de lui :  "Je l'ai vu ayant faim, je l'ai vu ivre, je l'ai vu riche de quelque argent, jamais je n'ai vu Modigliani manquer de grandeur et de générosité. Jamais je n'ai surpris chez lui le moindre sentiment bas. Je l'ai vu irascible, irrité d'être obligé de constater que la puissance de l'argent, qu'il méprisait tant, dominait parfois sa volonté et sa fierté. Je revois Modigliani assis à une table de café de la Rotonde. Je revois son pur profil de Romain, son regard autoritaire ; je revois aussi ses mains fines, des mains racées aux doigts nerveux, ces mains intelligentes, tracer d'un seul trait un dessin sans hésitation. "

Une exposition, sous la direction de Christian Parisot, président de l'Institut Modigliani, fut consacrée au centième anniversaire de son séjour vénitien, à la Bibliothèque Marciana en 2005. Un excellent catalogue a été édité pour l'occasion (Editions Carlo Delfino).

Si vous vous intéressez au personnage, je vous recommande un ouvrage très rude mais qui présente le peintre d'une manière assez originale, comme un Jim Morrison des années folles : "La Vie fantasmagoriquement brève et étrange d'Amadeo Modigliani" par Velibor Colic, traduit du serbo-croate par Mireille Robin (Éditions Le Serpent à plumes).
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(* : citation de Modigliani qu'il signa "le ressuscité" quelques semaines avant sa mort.)

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5 commentaires:

Anonyme a dit…
Cher Amédée !
M.17
françois a dit…
Qui peut me traduire la plaque apposée à la maison de Modigliani?
Lorenzo a dit…
Cela donne à peu près ceci : "J'ai reçu de Venise les enseignements les plus précieux de la vie. Grâce à Venise, ils m'ont pénétré comme l'expérience acquise après le labeur." (Modigliani)
Amedeo Modigliani a travaillé ici en 1905
Les Amis des Musées et des Monuments de Venise - 24/05/2002.
François a dit…
Merci
J'avais vu cette plaque en octobre. BONNE ANNÉE 2008
Gérard a dit…
C'est toujours une ville impitoyable !
Une ville très dure.
Une louve.
Elle ne lui laissa aucune chance.
Seuls, les provinciaux distants lui résistent, quand ils ne s'en gaussent pa .
Les vieilles canailles !
Insubmersibles, dans ce chaudron, dans cette barrique.
Ils en font leurs vendanges. Chez les non-ivrognes, on appelle ça le "vin d'Paris". Pour initiés.
La remarque de Vlaminck est très joli , classe ! Elle me fait penser à celle de George Sand à l'encontre d'Eugène Delacroix ou bien à celle de Charles de Gaulle envers Philippe de Hauteclocque entrant dans Panam .
Les Maîtres sont partout !
Pas besoin de les chercher bien loin ; ils sont là, arrivent.
Traversent la Sein, à pied.
Vlaminck, c'est très beau ; ses villages et chemins de Beauce, surtout après son orage, valent de l'or.
C'est notre or à nous !
On s'le garde.
Comme le sourire noir des filles à Van Dongen. Sourire très noir.
Derain aussi, et Matisse du Cateau.
Les heures chaudes de Montparnasse ne sont plus, aujourd'hui, qu'un profond silence.
Celui de la louve morte.

En fouillant dans mes tiroirs...

 Mon fils Jean, à l'époque où il daignait se laisser prendre en photo 
devant sa maison préférée. Le cliché date de 2005.
 
En classant les nombreuses photos de mes enfants ce soir, je me rends compte que je n'ai aucune photographie récente d'eux, que ce soit à Venise ou ailleurs. Le temps a passé si vite en fait. Je me revois les faire poser quand ils avaient six ou sept ans. On les voit devant San Marco, avec les pigeons de la place, sur le vaporetto, à la terrasse du Cucciolo, chez Nico, au Florian, au Harry's Dolci, à Torcello ou à Burano...  

Peggy Lee chante "Waitin' for the train to come in" un standard de 1953. La journée touche à sa fin avec cet imperceptible malaise des dimanches soirs. Le chat dort sur mes genoux, Constance joue dans sa chambre, Jean déguste l'humour un épisode de "Friends". Les deux grandes sont déjà parties chez leur mère. Il fait nuit dehors. La pendule vient de sonner six heures. J'écoute la BBC sur internet, cette chère Radio 2 qui diffuse le dimanche des programmes de "light music" anglaise des années 30 à 50. Ce son si particulier, un brin nostalgique mais toujours heureux, qui me rappelle mon enfance et nos journées vénitiennes que cette musique rythme à chacun de nos séjours. Sympathique alternative à la musique baroque dont je suis fou... 

Dans quelques heures 2007 passera le relais à 2008. Une année nouvelle. Que nous réserve-t-elle ? Beaucoup de séjours à Venise j'espère. Des tas de rencontres et de découvertes. Plus que tout la santé et la joie pour tous ceux que nous aimons.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…
Imperceptible malaise du dimanche soir !!!!!
M.17
Marie a dit…
Je viens tous les jours et je ne dis rien... Comme une sorte de pudeur vis à vis de ces impressions de la vie qui court, bien au-delà de Venise.
Mais ce soir, avec ma soixantaine si vite approchante et tous mes souvenirs qui commencent curieusement, à s'agglutiner comme s'il était temps qu'ils se rappellent à moi, je voulais vous dire que j'aime infiniment votre délicatesse.

Venise a planté sa graine magique dans mon cœur et même si je n'y retournerai qu'au printemps pour une nouvelle découverte, je vous suivrai fidèlement tout au long de cet hiver....
Lorenzo a dit…
Merci, mille mercis mes chères lectrices et bonne fin d'année à vous !

28 décembre 2007

Ce quotidien comme un rite

Noël est passé. Trop vite terminé. Après la fièvre, la nostalgie... Les cadeaux déballés, les rubans dorés qui jonchent le sol et dans la cuisine les restes du repas familial. Même le chat semble repu. Les nuages restés gris plusieurs jours laissent pointer un joli ciel bleu. Le soleil brille. Il fait froid pourtant (5° au thermomètre de la fenêtre de la cuisine située au sud). Peu de monde dans les rues. Les hordes de touristes ont disparu ou elle se réchauffent dans les cafés aux vitre embuées. Comme bientôt en France, on ne fume plus dans les lieux publics en Italie et les vénitiens comme tout le monde dans la péninsule se sont pliés de bonne grâce à cette nouvelle contrainte. Personne ne semble s'en plaindre. 
La maison est tranquille. Chacun vaque à ses occupations. Il y en a qui bouquinent en sirotant une bonne tasse de thé, les petits jouent avec les jeux trouvés au pied du sapin. Le chat dort près du radiateur. Tom Waits chante "dead and lovely"... Quel bonheur que l'ADSL et Radioblog, la playlist préparée avant de partir nous permet d'illustrer chaque moment de notre douce vie vénitienne. Le temps passe vite aussi dans la plus belle ville du monde même quand on est fermement décidé à ne pas perdre une minute. Pourtant quelle joie de paresser le matin dans la cuisine en attendant que les muffins finissent de cuire. La gelée de coings (amenée de France) voisine sur la table avec le pot géant de Nutella acheté en arrivant chez Billa. Cappuccino et thé irlandais pour les plus grands, chocolat à l'ancienne pour Constance, la magie du petit déjeuner frappe à nouveau chaque matin.

Avoir le temps. Prendre le temps. Puis, une fois la table nettoyée, les lits faits, tout le monde se retrouve emmitouflé, ganté, botté et prêt à sortir. Il y a longtemps que les promenades en famille se sont faites rares, sauf pour les sorties estivales en bateau. Chacun va maintenant à sa guise vers la Venise qu'il aime. On se retrouve ensuite, tous fourbus le plus souvent, dans un de nos lieux favoris : le Margaret Duchamps quand il fait beau, les Do Draghi, dans la salle du fond où il fait toujours chaud, (et où la musique est toujours bonne), mais aussi au Florian pour le chocolat à la crème et les pâtisseries aux amandes, le Rosa Salva aux pieds du Colleone, le bar près de l'Arsenal où les tramezzini sont les meilleurs, les plus gros et les moins chers... Tout dépend des balades et activités de chacun... La terrasse flottante de Nico ou le Harry's dolce font aussi nos délices. 

Des amis de passage (ils vont à Trieste pour le nouvel an) sont venus déjeuner dimanche. Ils ont laissé une bouteille de leur Sauternes et un disque de Nat King Cole. cette musique convient parfaitement à notre Venise d'hiver. Si seulement nous pouvions faire un feu de cheminée. Certains en font en dépit de l'interdiction séculaire. Chez Bobbo Ferruzzi par exemple. La grande salle de séjour de sa maison près des Zattere resplendit d'un magnifique feu dès qu'il commence de faire froid. L'odeur du bois, le spectacle des flammes dans l'âtre ajoutent à ce décor un je ne sais quoi d'intemporel. Il faut dire que Bobbo collectionne mille choses et sa passion pour les (belles) antiquités fait de sa maison un petit musée : vitraux du XVe, vierge polychrome du XIVe, tissus coptes, céramiques primitives, masques du XVIIe, argenterie et boites médiévales... Tout concourt à faire de chez lui une caverne d'Ali Baba. Sa peinture débordante de couleurs comme les tissus d'Hélène, sa ravissante femme et de Nora (sa fille), qui recouvrent fauteuils et canapés, ensoleillent la maison.
La nuit tombe vite en cette saison. Le froid aussi. Calle del XXII Marzo, la foule est là, compacte, comme sur les Mercerie et tout autour de San Marco. Les achats pour les Étrennes. La tradition ici veut qu'on offre souvent les cadeaux au nouvel an mais surtout à l'épiphanie avec les Rois Mages et la Befana, cette sorcière qui punit les enfants pas sages. En dépit du froid et de l'obscurité, les magasins sont pleins de monde. L'escalier roulant - le seul de Venise - des Grands Magasins Coin ressemble à ceux du métro aux heures de pointe... Quelques touristes emmitouflés mais surtout des vénitiens. Ils sont partout, reprenant comme en une reconquête, leur territoire trop souvent abandonné aux barbares. Le froid se fait plus vif. Il va geler cette nuit encore. En marchant dans les rues en direction de la Fenice où je vais rendre visite à mon ami Matteo Lo Greco qui a installé depuis quelques années son show-room à l'emplacement de la galerie de Giuliano Graziussi où je travaillais, je pense à la chanson de Lou Reed, toujours la même "Take a walk on the wild side"... 



Je vieillis. Me voilà ressassant les mêmes pensées. Ces souvenirs qui me reviennent des soirées d'avant, quand je travaillais sur ce merveilleux petit campo, face à la Fenice, regardant passer les lycéens qui venaient dans la salle de jeux voisine, juste en face de l'Antico Martini. Quand je baissais la grille le soir et que je retrouvais des amis sur les marches du théâtre pour un verre, avant de rentrer dans mon petit appartement de la Fondamenta Coletti où m'attendait Rosa, la mignonne petite chatte grise. Après avoir pris congé, je mettais mon casque sur les oreilles et je branchais mon baladeur... Les jeunes générations n'ont rien inventé. Pourtant ce walkman Sony, pointe de la high Tech des années 80 ressemble aujourd'hui à une machines à laver à côté des Ipod et autres lecteurs Mp3 ultra miniaturisés ! Mais je n'écoutais pas que Lou Reed. Il y avait Tom Waits, Billie Holiday, Bach et Vivaldi... Pourtant c'est cet air qui me revient à chaque fois quand je suis à cet endroit... C'est curieux combien certaines choses peuvent soudain nous transporter des lustres en arrière. Mais ne partons pas à la recherche du temps perdu !
Noël est passé. Les vacances continuent. Joie de ces journées tranquilles dans notre petite maison. Pas de programme précis, pas vraiment de journées organisées... "Hey, Ive got nothing to do today but smile" ("Hé, je n'ai rien d'autre à faire que sourire aujourd'hui") chantent Simon et Garfunkel dans une chanson célèbre. C'est un peu l'état d'esprit de notre petite bande en ce moment. Le risotto à la tomate et au jambon a été apprécié. Le cheesecake aussi. Il y a des fleurs sur la table du salon. La maison est rangée. Les fenêtres bien fermées pour éviter que le froid ne rentre. Allons nous promener maintenant...

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4 commentaires:

antoine14 a dit…
Agréable description de Venise en hiver. Vous me faites patienter chaque jour : je ne retourne à Venise qu'en mai prochain avec ma meilleure amie. En attendant vous lire nous ravit !
françois a dit…
Grace à vous on se sent chaque jour au profond de venise...où je rêverai d'y vivre...j'attends avec impatience mon 7° voyage dans cette pure merveille... Merci à vous !!!surtout continuez!!!
Florence a dit…
Buona passegiata veneziana!!!
Anonyme a dit…
Cela doit être bien joli Venise en hiver !

27 décembre 2007

Venise, la nuit, la lagune, le brouillard

Toutes les saisons ont leur charme. Le temps de Noël à Venise comme ailleurs est un moment magique. L'hiver se fait rude, le ciel est bas, la brume se répand souvent sur la lagune et les paysages prennent un aspect parfois effrayant. A la tombée de la nuit surtout. Il m'est arrivé de voguer du côté de San'Erasmo par un soir de décembre il y a bien longtemps. Nous étions cinq amis, partis sur deux barques rejoindre un groupe installé pour le weekend dans une de ces vieilles bicoques de bois construites autour d'une cheminée comme des yourtes. L'odeur de la lagune ne ressemblait à rien de ce que nous connaissions. Des blocs de brume ça et là donnaient au paysage un aspect lunaire. La lumière qui diminuait se faisait métallique. Il n'y a avait pas un bruit, pas un seul cri d'oiseau. Rien que le glissement de nos rames dans l'eau. 

Peu à peu l'angoisse montait. Personne ne disait rien. Nous savions bien sûr qu'il n'y avait aucun danger mais cette brume, ce silence, la nuit qui venait... Tout contribuait à faire palpiter nos cœurs. La lampe torche éclairait le chenal devant nous. Un corbeau qui serait passé trop près de nous, nous aurait fait hurler de terreur... Quand nous avons franchi les derniers palli et que les masses sombres des palais décatis de la Misericordia prirent forme, nous nous sommes sentis soulagés : La ville était toujours là, silencieuse, mais présente, palpitante. Nous allions enfin retrouver nos repères. 

Jamais le retour d'une promenade en barque à travers la lagune ne fut aussi précipité. Le temps de sortir de l'eau les deux barques, de ranger les avirons et de fermer le hangar, nous étions déjà bien au chaud dans la cuisine de la calle Navarro, assis devant une grande tasse de thé fumé. Dehors, le brouillard s'était répandu, dense et froid. Le chat ronronnait près de la cuisinière. Par la fenêtre, on ne voyait ça et là que des points lumineux que nous savions être les réverbères. Il n'y avait pas un bruit. Une fois encore Venise semblait flotter hors du temps et hors du monde...

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1 commentaire:

Anonyme a dit…
Doux billet dans la brume, le silence... hors du temps...
M.17

25 décembre 2007

Rien n'est simple à Venise... Même pour le Père Noël !


Photographies inédites de Christine. © Décembre 2007.
Tous droits réservés.

1 commentaire:

Anna N. a dit…
rigolo !