La nuit allait être belle et la lune brillait. Le soir tombait peu à peu recouvrant d’un voile rose les toits et les façades. Les colonnes de la Piazzetta se dressèrent devant lui quand sonnait le Gloria dans son casque. Il se rêva condottiere dans son retour triomphant d’Orient. Tour à tour prince d’Asie ou riche marchand, il avançait à travers les rues, hors du temps. Fasciné, il marcha plusieurs heures et ne revint dans sa chambre que fort tard dans la nuit. Il s’endormit, rompu, les yeux remplis de toute la beauté dont il s’était imprégné dans cette nuit magique.
Ce plaisir ne l’a jamais plus quitté. Il a grandi, Devenu homme, il a beaucoup voyagé. Nombreux de ses rêves d’enfants ont été trahis, perdus, abandonnés. La vie ne lui a pas toujours été facile, mais il n’a jamais cessé de revenir marcher dans la nuit, à Venise. Et toujours, depuis plus de trente ans, il écoute le Gloria et le Magnificat en errant sur les ponts, dans les rues et les campi de sa ville.
Parfois c'est la romance anonyme de Narciso Yepes ou la sonatine de la Cantate BWV 106 de Bach qui l'accompagnent, mais aucune musique n'accompagne et illustre mieux la longue histoire d'amour qui le lia définitivement ce soir à Venise...
2 commentaires:
- C'est en traversant mon premier pont et en rencontrant donc le premier canal, au bout d'une ruelle étroite et sombre, à la descente d'un vaporetto coté Castello, que je suis tombée irrémédiablement amoureuse de Venise...
- Découvrir vos mots , vos textes , le matin ...quel plaisir ! mais quel bonheur aussi de musarder ce soir , avant de me mettre au lit ... et rêver d'Elle ... anita
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