03 septembre 2009

Les vénitiens veulent vivre à Venise !

  C'est drôlement en train de bouger à Venise depuis quelques semaines. En dépit de la morosité savamment entretenue par Berlusconi et ses sbires, les vénitiens s'activent et cherchent tous les moyens possibles pour sauver la ville. Il ne s'agit pas tant d'une hypothétique montée prochaine des eaux, mais bien plus de la chute vertigineuse du nombre d'habitants et de tout ce qui est attaché à cet exode forcé. La difficulté à trouver un logement abordable et décent dans le centre historique, le départ de nombreuses entreprises dont l'objet commercial n'est pas lié au tourisme, la haute spéculation internationale (les russes, les chinois et les fortunes du golfe sont de plus nombreux à s'intéresser au potentiel immobilier de la Sérénissime), tout rend l'avenir assez sombre pour les vénitiens. La population devrait tomber en dessous du seuil des 60.000 habitants dans le centre historique. Du jamais vu. 50.000 habitants perdus en moins d'un siècle, autant que les victimes de la grande peste !

Nécessité faisant loi, les gens réfléchissent, se regroupent et de nombreuses propositions commencent à voir le jour. C'est à l'initiative des 40xVenezia que se prépare l'élaboration d'un vaste programme immobilier à vocation sociale dans le dernier ilôt constructible du centre historique laissé en friche par le départ d'Italgas, à Dorsoduro. Quant au groupe forgé autour de Venessia.com, on milite dans le même sens en préparant une vaste manifestation, "Les Funérailles de Venise". Membre des deux groupes, je ne manquerai pas de vous tenir informé en détail de ces opérations. Hélas, le vénitiens sont divisés. Il y a ceux qui ne possèdent rien et sont obligés de quitter les logements que souvent ils occupaient depuis de nombreuses années avec la libéralisation des loyers et surtout l'abrogation de la loi qui interdisait à un propriétaire de résilier un bail d'habitation pour transformer son bien en mine d'or, c'est à dire l'aménager à destination des touristes ou en faire des B&B plus ou moins clandestins. 
 
Ceux qui possèdent un bien immobilier ont vite compris le parti qu'ils avaient à prendre et nombre d'entre eux a préféré s'exiler sur la Terraferma pour vendre leur maison ou leur appartement. Le prix du mètre carré étant ce qu'il est, on voit beaucoup de vénitiens rouler dans des voitures somptueuses, acheter des bateaux qui ne dépareraient pas sur le port de Saint-Tropez et s'offrir des vacances aux Bermudes ou à Miami. Ceux-là se félicitent de la situation. Ils se sont enrichis sans effort. Les jeunes ménages ne pouvant s'offrir un appartement à plusieurs centaines de milliers d'euros, ni louer des 3 pièces exigus à 1500 euros par mois, émigrent du côté de Mestre, voire plus loin encore. Cela entraîne la fermeture des écoles, la disparition des commerces de proximité, etc, etc... Vous connaissez le mécanisme et Tramezzinimag en a souvent parlé.

Il est encore temps de renverser la vapeur. Il est encore possible, tout en développant les infrastructures destinées à accueillir des touristes de plus en plus nombreux, de maintenir les entreprises installées à Venise, d'en attirer de nouvelles, d'inventer de nouvelles solutions pour circonvenir cet exode massif. Le projet Santa Marta en est un, les initiatives de la municipalité à l'égard des entreprises du tertiaire en sont d'autres. Face à la spéculation sauvage, face à l'insatiable appétit des marchands de bien et des financiers internationaux qui depuis trop longtemps font trope de mal à la planète et à l'humanité, générant guerres et conflits en tout genre, le peuple vénitien commence de se réveiller. Les jeunes surtout sont très remontés et veulent vivre avec leur temps, de la même manière que tous les autres jeunes des centres urbains modernes tout en préservant la richesse d'un patrimoine et d'un cadre de vie unique au monde. Nous devons les soutenir. Venise n'est ni une auberge, ni un zoo, ni un musée.
 

8 commentaires:

bb84 a dit…

je reviens de Venise; je logeais dans Cannareggio, près des Fondamente Nove, et, là comme dans bien d'autres quartiers, j'ai été heureusement surprise du grand nombre d'enfants et de gens " normaux"; en revanche autour de San Marco, les panneaux "commerce à céder"fleurissent, et les commerçants sont de plus en plus...disons exotiques; nous avons dû, poussés par la nécessité et dans l'urgence, entrer dans un bar qui fournissait un accès wi-fi, et pour obtenir la connexion,il a fallu avaler, sous le nom abusif d'ombra, une infâme piquette dont je ne voudrais pas pour faire ma cuisine. La tenancière semblait ne même pas parler Italien!Sinon parfait comme d'habitude, plutôt moins de monde qu'en hiver et au printemps, un hôtel charmant, des repas exquis, et la biennale nous a permis d'entrer dans des lieux habituellement fermés au public.
Malgré son inconfort, je reste une adepte du train de nuit,et de l'arrivée en direct sur le Grand Canal...après, fuir le long du canal de Cannareggio, et on a Venise pour soi seul.

VenetiaMicio a dit…

Absolument d'accord sur la fin de votre message. Comment pouvons-nous soutenir et agir pour aider les Vénitiens. Lorenzo, tenez nous au courant.
Bonne soirée

Anonyme a dit…

Certains reviennent, j'ai la chance que ce soit mon tour de partir (pour 2 semaines)et pour ma part, je loge dans un petit appartement à San Giacomo dall' Orio, superbe et tranquille quartier campagnard. Oui, bien sûr, vive le train de nuit ! Malgré notre amour pour Venise, nous ne sommes que des touristes, alors oui, que peut-on faire pour aider quand même les "vrais" vénitiens ?
Bien fidèlement.
Gabriella

Lorenzo a dit…

par rapport au train de nuit, je vous invite à formuler votre gout pour ce voyage sur le forum du Routard où j'affronte souvent des voyageurs assez remontés contre Artesia et réfutent l'idée qu'il est bien agréable malgré tout ce train, avec le restaurant et le plaisir d'arriver pour le petit-déjeuner, etc...
Pour ce qui est de notre participation au combat des vénitiens, j'y reviendrai dans un prochain billet.

Michelaise a dit…

Bonne nouvelle en effet, et, comme toute action efficace cela demande la mise en place d'une organisation.
Pour le train de nuit, que oui, il est tellement agréable d'arriver le matin à l'heure de l'éveil de la ville

douille a dit…

Autant je trouve l'initiative des 40X intelligente... autant une fois de plus Venessia reste dans le "pipi-caca"...

Venise86 a dit…

Merci Lorenzo de mobiliser et de nous informer. Que serait Venise sans les vénitiens, on se demande... Partante pour l'action bien sur.
Rappel : pour le train de nuit, et pour l'appart à louer je cherche les infos pour préparer mon voyage de 2010. Jusqu'alors j'ai voyagé en avion, mais plus de low cost, alors je cherche d'autres moyens. Le site du routard ne m'a pas renseignée. Merci à tous

Florence a dit…

Moi aussi je suis partisane du train de nuit. Je le prends demain soir d'ailleurs. Malheureusement il n'est plus comme dans mon enfance. A peine montée on entendait déjà "zozoter" vénitien. Et puis le capuccino à la gare est mon rituel!! avec le croissant à l'abricot. A presto.
Fiorenza

1 commentaire:

  1. Amusant de relire les commentaires retrouvés grâce à la Wayback Machine. Douille qui soulignait le côté "pipi-caca" existe plus que jamais parce qu'émanation de l'esprit vénitien, non pas celui de ceux qui prétendent diriger la ville, la municipalité et la région. Les 40xVenezia ont disparu depuis longtemps. Ce fut pour certains - toujours les mêmes - une plateforme bénie pour accéder au pouvoir, les ambitieux et, restons justes,ceux qui pensent que pour agir en profondeur, il faut passer par la case élection, poste officiel, etc. Ceux de Vanessia.com parlent naturellement le dialecte et connaissent la ville depuis toujours et toujours depuis plusieurs générations. Ils dénoncent à tour de bras et organisent souvent des évènements peu conventionnels et qui choquent. Mais c'est le but : secouer le cocotier ! Tramezzinimag pour cela et pour leurs convictions et leurs idées continuera comme par le passé de les soutenir et de relayer leurs idées ! Eux sont dans le vrai,eux sont sincères, même (et surtout) avec l'accent du veneto !
    Lorenzo

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