Toutes
les saisons sont belles à Venise. Même les jours de grisaille, quand le
ciel est si bas qu'on le confond avec les eaux sombres de la lagune
endormie, il y a toujours l'éclat d'un reflet ; l'argent et l'or des
coupoles qui surgissent dans l'enchevêtrement des toitures de briques.
Mais c'est au début du printemps que la ville est un régal pour les
yeux. Peut-être parce qu'on avait oubli cette douceur qui se répand dans l'air et
transforme tout ce que nous voyons en bonheur. Il fait plus chaud que
d'habitude cette année et l'air s'est soudain rempli de senteurs
estivales. "Venise est un bonheur" ne cessent de scander les billets de ce blog. Rien d'exagéré dans ces propos, ceux qui aiment et connaissent Venise le savent bien.
Pour
les autres, ceux qui n'ont pas encore eu la chance de pénétrer ce
mystère, je vous invite à fermer les yeux et à écouter, là où vous êtes,
les bruits de la ville, le chant des oiseaux, le clapotis de l'eau... Au loin, une cloche, les
bruits d'un chantier, le choc des coups de marteau sur le métal, un
groupe d'enfants joyeux qui passe avec leur maître, des dames qui
bavardent en allant au marché, plus loin encore des pas sur les dalles, un chien qui
aboie...
Évacuez le bruit des automobiles et laissez votre esprit s'imprégner de tous ces
sons que transporte la lumière d'un matin de printemps, cette lumière diaphane qui se
répand partout comme une chanson joyeuse, enrobe les bourgeons dans les
arbres et les cheveux des filles d'un halo mordoré... Vous y êtes ? Hé
bien ce que vous ressentez en cet instant c'est ce qu'on ressent quand
par un jour de printemps comme celui-ci, on se promène dans les matins
de Venise.
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Photo © Enzo Pedrocco - Tous Droits Réservés.
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