
Un cri d’alarme encore une fois diront certains. Il restera certainement sans écho ou produira les sempiternelles déclarations d’intention. Constat dramatique et déprimant. Faisons mentir les prospectives et les statistiques. Révoltons nous contre un état de fait qui n’a rien d’irréductible. C’est en tout cas me semble-t-il ce que cherche à faire Massimo Cacciari.
Son commentaire de l’œuvre de Bettini dans une récente interview parue dans Libération (9/11/2006) montre combien il a assimilé les particularismes de la ville et l’urgence de solutions innovantes. Mais qui lui en donnera les moyens quand on s’aperçoit que l’administration Prodi agit peu ou prou comme Berlusconi avec le projet Mose… Voici une traduction de l’excellent texte de Bianchin que vous pouvez retrouver en intégralité et en italien sur le site d’Eddyburg :


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De plus, "i sfrattai", les personnes expulsées sont nombreuses et beaucoup de maisons deviennent des pensions ou des bed & breakfast. Selon l’Observatoire vénitien de l’habitat, il s’agit d’une véritable invasion : 706 appartements du centre historique ont été transformées en logements pour touristes. La Municipalité qui est propriétaire de 4.839 appartements, a reçu cette année 2.835 nouvelles demandes de relogement social.
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Pour accroître les difficultés de ceux qui sont déterminés à rester dans Venise, vient s’ajouter la rapide dégradation des bâtiments, le coût très élevé des travaux dans ces immeubles la plupart du temps très anciens, le plus souvent mal entretenus, rongés par l’humidité et les désagréments provoqués par les hordes de touristes : depuis la difficulté qu’il y a pour monter sur un vaporetto surchargé jusqu’à celle de trouver un restaurant "normal" pratiquant des prix normaux. Si l’exode a dépeuplé et vieilli la ville (un quart de la population a plus de 64 ans), l’excès de tourisme a transformé le quotidien.
Il suffit pour s’en persuader de voir le nombre de magasins qui ferment obérant la vie de tous les jours : boulangeries, boucheries, fruits et légumes, coiffeurs, drogueries, cordonniers, serruriers, menuisiers, tailleurs, merceries… Jusqu’aux bars-caves de quartier. A leur place s’ouvrent des enseignes internationales de prestige, des multinationales du fast-food, des boutiques de pacotilles, des stands de masques de Taïwan, de dentelles de Burano
fabriquées en Chine, de verres de Murano made in Roumanie. Et la ville, toujours plus encombrée et invivable, est maintenant dominée par le clan des "affitacamere" (loueurs de chambres) plus ou moins clandestins, des entremetteurs et des rabatteurs sans autorisation ni scrupules, du gang des taxis, des corporations de gondoliers avides et des marchands ambulants voleurs.


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Cris et Hurlements, protestations, plaintes, manifestations, rien n’y fait. Chaque soir il y a une lumière qui s’éteint et une fenêtre qui se ferme...