Sans commentaire

VENISE, UN LIEU MA ANCHE UN VIAGGIO NELL'EUROPA CHE MI PIACE NOT THE ONE OF THE GLOBALIZATION, MAIS CELLE DES NATIONS, DES PEUPLES, DES CULTURES, PATRIA DELLA DEMOCRAZIA DELLA FILOSOFIA DELLA STORIA LA REINE DES VILLES AU SEIN DE L'EUROPE, REINE DU MONDE
Elève d'Huguette Dreyfus et de Kenneth Gilbert, aujourd'hui professeur au Conservatoire National de Paris, Olivier Baumont  est à quarante cinq ans, l'un des plus grands clavecinistes actuels.  Grand pédagogue - tous ceux qui sont passés par sa classe en témoignent,  souvent invité dans les meilleurs festivals un peu partout dans le  monde, il était l'hôte ce soir de cette jeune association. Un public  hélas clairsemé ( il y avait plusieurs concerts aujourd'hui à Bordeaux)  à l'occasion de sa venue au C.N.R. où il animera demain et samedi, une  Classe de Maître, autour d'un somptueux clavecin français, copie  flambant neuve d'un instrument anonyme de 1667 conservé à Boston et que vient de réaliser Guillaume Rebinguet-Sudre,  facteur de clavecin bordelais. Un programme de musique française des  XVIIe et XVIIIe siècle, en parfaite adéquation avec l'instrument, les  lieux et le goût du public qui s'était déplacé malgré la pluie.
Pour finir et parce que je cherche toujours le lien avec Venise, Olivier Baumont est l'auteur du très beau Vivaldi de la collection Gallimard Jeunesse, livre image avec CD !
 
 
 
Plus  de 400 ans après, elle suscite toujours un réel sentiment religieux  mais aussi une volonté d’appartenance chez les vénitiens de tout âge et  de tout milieu. Une vraie fête populaire très suivie. Cette festivité, comme celle du Redentore,  commémore la terrible épidémie de peste qui pendant entre 1630 et 1631  décima une grande partie de la population, laissant la République  anéantie. 
Les pèlerins se rendront à la basilique, à la suite du Patriarche de Venise, le Cardinal Angelo Scola et du sindaco Massimo Cacciari, avec  l’ensemble des corps constitués, les représentants du corps  diplomatique, les commandants des armées, en passant par le pont  flottant dressé sur des barges et qui traverse le grand canal. Ils vont  tous rendre hommage à la Madone et allumer un cierge pour qu’elle  protège leur santé et celle des leurs. Partout sur le chemin, des  marchands de bougies se mêlent aux vendeurs de bonbons, de beignets et  de marrons grillés. Pour la joie des enfants qui apprécient  particulièrement la fête de la Salute. 
 

 
"C'est  une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvu d'une  belle fortune doit avoir envie de se marier, et si peu que l’on sache de  son sentiment à cet égard, lorsqu’il arrive dans une nouvelle résidence  , cette idée est si bien fixée dans l’esprit de ses voisins qu’ils le  considèrent sur le champ comme la propriété légitime de l’une ou l’autre  de leurs filles." C'est ainsi que débute le roman de Jane Austen, "Orgueil et préjugés" qui a marqué mon adolescence. 
Quelques années plus tard, à Venise, j'ai rencontré un vieil anglais qui fut longtemps bibliothécaire au Royal College de Watford où j'ai trompé l'ennui de mes quatorze ans. Il descendait à la Calcina, sur les Zattere. Juste en face de la terrasse du Cucciolo où j'avais mes habitudes. Un jour que nous prenions notre macchiato quotidien,  je vis s'avancer cet homme que je reconnus aussitôt. Je me présentais.  Il ne se souvint pas de moi mais à l'énoncé des noms de mes camarades de  Cadogan House, il se rappela le petit français un peu gauche  qui avait rejoint l'école vers la mi-septembre et passait presque tous ses  après-midis dans la grande bibliothèque quand les garçons faisaient l'exercice en uniforme où se rendaient en cours de sciences. Il me fit adresser la revue du  collège. 
Nous  nous sommes écrit quelques temps. Puis plus rien. Le brave homme est  certainement mort, le collège de garçons a fermé ses portes, faute de  subventions et d'élèves au plus noir des années Thatcher...  La revue a cessé de paraître et ce temps qui fut pourtant le seul véritable  enfer de mon adolescence, remplit mon cœur de nostalgie aujourd'hui. Simon Warr  s'est rendu célèbre récemment en jouant son propre rôle de professeur de lettres  dans une émission de télé-vérité diffusée au Royaume Uni (sur Channel 4 je crois),  où des jeunes gens sont enfermés dans un pensionnat des années 50 et  filmés 24 h sur 24 pour le plaisir des voyeurs que sont devenus les  téléspectateurs britanniques.
 Une superbe photo de Burano, paradis des coloristes, présentée il y a quelques jours sur le site Venice Daily Photo que je vous recommande ardemment. 
“Mi  mancherai se te ne vai” chante le ténor Josh Groban. C’est un peu ce  que je ressens en lisant cet article de Roberto Bianchin paru dans la  Repubblica en août dernier. S’il devait arriver le pire que certains  prédisent à la Venise que nous connaissons aujourd’hui, l’humanité  perdrait à tout jamais une des plus importantes parties d’elle-même. Son  âme. Ce qui fait que notre civilisation, en dépit des monstruosités que  l’homme moderne n’a pas su éviter, est restée jusqu’à aujourd’hui autre  chose qu’un simple agglomérat de besoins primaires et de satisfactions  matérielles immédiates. Nous sommes responsables de l’avenir de Venise ! 
Son commentaire de l’œuvre de Bettini dans une récente interview parue dans Libération (9/11/2006) montre  combien il a assimilé les particularismes de la ville et l’urgence de  solutions innovantes. Mais qui lui en donnera les moyens quand on  s’aperçoit que l’administration Prodi agit peu ou prou comme Berlusconi  avec le projet Mose… Voici une traduction de l’excellent texte de  Bianchin que vous pouvez retrouver en intégralité et en italien sur le  site d’Eddyburg :
Les soirs d’été, les vaporetti  qui ramènent les touristes vers la gare sont bondés. Ils glissent le  long du Grand Canal. Peu de façades sont éclairées et de plus en plus de  fenêtres demeurent fermées et les grands lustres éteints. Le compte à  rebours dans ce qui fut la cité des doges a malheureusement commencé et  on sait aujourd’hui qu’en 2030 en pénétrant dans la cité on pénétrera  dans une ville fantôme. En 24 ans, si l’exode qui n’a jamais pu être  freiné continue au même rythme que ces 40 dernières années, Venise  n’aura plus un seul habitant. Seulement des hordes touristes. Il en  vient déjà 18 millions par an, 50.000 en moyenne par jour.
Et  d’ici vingt ans, ce chiffre risque de doubler. Zéro résidents, cent  mille touristes. Et alors, la menace redoutée depuis toujours de devenir  le Disneyland d’Italie deviendra réalité. On ouvrira les  portes le matin et on les refermera le soir, et l’idée de faire payer  l’entrée ne sera plus un scandale, ce sera même normal. Mais la Venise  de l’année zéro, sans plus aucun des siens, la cantilène de son  dialecte, ne sera plus une ville. Seulement les vestiges d’un antique  théâtre de marbre et de dentelles abandonné sur l’eau pour servir de  passe-temps aux légions de touristes du monde entier.
Le  désastre annoncé et raconté par la voix glaciale des chiffres issus des  tableurs des services municipaux de l’anagraphe. Depuis 1966, année de a  terrible l’inondation dont on vient de fêter le quarantième  anniversaire, le centre historique de Venise a perdu la moitié de ses  habitants. Ils étaient 121.000 en 1966, ils sont 62.000 aujourd’hui et  parmi eux 3.000 étrangers. La tendance est constante depuis quarante  ans, comme est constante l’augmentation du niveau de la mer : 5  centimètres de plus depuis 5 ans et tout cela ne s’est jamais arrêté  depuis 1966 : 102.000 habitants en 76, 84.000 en 1986, 69.000 en 1996.  Mille habitants par an sont ainsi partis avec des pointes à 1.500. 
L'année dernière, 1.918 habitants ont quitté la cité lagunaire. Une nouvelle et inquiétante sonnette d’alarme. "Nous sommes au-delà du niveau admissible" dit l’assesseur à l’habitat, Mara Rumiz, "au-delà  de ces chiffres, Venise ne sera plus une cité normale mais se  transformera en une sorte de magma touristique qui perdra toute  attraction aux yeux des touristes eux-mêmes".
Les  experts en démographie prévoient que cet exode continuera et que les  chiffres vont augmenter : la dépopulation pourrait se stabiliser dans  les prochaines années sur un chiffre légèrement supérieur à aujourd’hui,  avec une perte moyenne de 2.000 à 2.500 habitants l’année. S’il en est  ainsi (et rien ne permet de penser qu’il en soit autrement car on n'entrevoit aucun signal précis d’une inversion de la tendance), 
le  dépeuplement sera complète en 2030, et Venise sera désertée. Mieux,  elle sera vide d’habitants mais plein de touristes. Les chiffres globaux  ne tempèrent aucunement ces résultats car la diminution de la  population est en augmentation sur tout le territoire : les îles de  l’estuaire se vident aussi (51.000 en 1966, 31.000 aujourd’hui),  pareil pour Mestre et la Terre Ferme passés de 193.000 à 176.000. En  quarante ans, l’entière Commune a perdu 100.000 habitants, passant de  365.000 à 269.000. "C’est peu de monde pour la métropole de la  Vénétie qui se veut une référence nationale et internationale pour la  qualité des services et l’offre culturelle" poursuit l’assesseur.
Cet exode massif est devenu le mal le plus grave de Venise, l’urgence la plus criante, bien avant l’invasion touristique, l’acqua alta  et le danger imminent de nouvelles inondations, et ce à cause du  problème de l’habitat. Non seulement parce que l’inondation de 66 a  rendu impraticable 16.000 logements situés en rez-de-chaussée qui ont  ainsi dû être abandonnés, mais parce que le prix des maisons est devenu  inabordable pour les résidents. Aujourd’hui, une maison à Venise, dans  un marché dominé par des étrangers aux moyens économiques élevés, se  vend entre 6.000 et 8.000 euros le m² et il faut compter pour un  appartement de 80 m² situé dans le centre historique, un loyer mensuel 
dépassant souvent les 2.000 euros.
Il  suffit pour s’en persuader de voir le nombre de magasins qui ferment  obérant la vie de tous les jours : boulangeries, boucheries, fruits et  légumes, coiffeurs, drogueries, cordonniers, serruriers, menuisiers,  tailleurs, merceries… Jusqu’aux bars-caves de quartier. A leur place  s’ouvrent des enseignes internationales de prestige, des multinationales  du fast-food, des boutiques de pacotilles, des stands de masques de  Taïwan, de dentelles de Burano 
fabriquées en Chine, de verres de Murano made in Roumanie. Et la ville, toujours plus encombrée et invivable, est maintenant dominée par le clan des "affitacamere" (loueurs de chambres)  plus ou moins clandestins, des entremetteurs et des rabatteurs sans  autorisation ni scrupules, du gang des taxis, des corporations de  gondoliers avides et des marchands ambulants voleurs. 
  
Vu le succès incroyable des mesures obligeant les touristes à s'installer ailleurs que sur la place pour casser la croûte (une  mesure anti-pique-niques sauvages avait été prise mais jamais respectée  en dépit des nombreuses interventions des forces de police et des élus  eux-mêmes), on vient de présenter l'équipe chargée d'accompagner et  de suivre les étrangers qui bivouaquent sur les marches des procuratie,  sur la piazzetta de Leoncini, au pied du campanile et près de la  Marciana. 
Il  y avait ce soir une réunion dans la très belle et majestueuse salle à  manger du Palais Rohan, siège de la mairie de Bordeaux. Les architectes  dévoilaient le projet d'aménagement d'un des bâtiments du Jardin Public,  ce bel espace vert créé au XVIIIe siècle par l'intendant Tourny. "...Une vie ressemble souvent à ces palais du grand canal commencés en bas par un appareil de pierres orgueilleusement taillées en pointes de diamant, leurs étages supérieurs hâtivement achevés en boue séchée..."
J'aimais  beaucoup lire Bernard Frank. Il est mort vendredi dernier. Ce qu'il  écrivait n'avait pas grand chose à voir avec ce qui nous occupe ici.  Simplement, la nature de ses écrits, le plaisir qu'ils m'ont donné quand  je lisais ses romans au soleil des Zattere ou dans le jardin de  Dorsoduro et l’extraordinaire personnalité de ce monsieur, m'entraînent à  lui rendre hommage sur TraMezZiniMag aujourd'hui.
Quarante
 ans après la terrible catastrophe qui fit prendre conscience au monde 
de la nécessité de se battre pour sauver Venise, combien il reste à 
faire. Combien de ruines s'élèvent là où le touriste ne voit que du 
pittoresque. Combien de vénitiens sont ils partis encore ce mois-ci, 
remplacés peu à peu par les touristes et les non-résidents qui peuvent 
se permettre d'entretenir une maison et n'y venir que deux ou trois fois
 l'an quand des centaines d'immeubles sont insalubres et forcent les 
vénitiens de souche à émigrer vers la terre ferme et de plus en plus 
loin ? Y songeons nous lorsque nous demandons toujours plus de Bed & Breakfast,
 toujours plus d'appartements à louer, de restaurants et de boutiques de
 masques... 
Avec  l'invasion des armées de Napoléon et le pillage systématique à peine  camouflé par des velléités d'organisation et de classement rationnel au  bénéfice de l'humanité (surtout l'humanité proche, famille et amis du  corse), l'appropriation de ces beaux objets nés du savoir-faire des  artisans vénitiens s'accéléra. C'est ainsi qu'on retrouve régulièrement  chez les antiquaires, sous le marteau des commissaires-priseurs et dans  les successions, dations et donations de la vieille Europe comme aux  Amériques de très beaux objets qui au fil des temps deviennent de plus  en plus côtés parce que de plus en plus rares.
Autrefois orgueil et fleuron de la Royale, navire amiral de l'Escadre de Méditerranée, admiré par le monde entier, ce navire transporta en 1967 le Général et Madame de Gaulle  au Canada. C'est à son bord qu'il prépara son fameux discours. Aménagé  pour permettre au couple présidentiel de vivre le mieux possible pendant  la traversée (les hublots du carré de l'Amiral où logeait le chef  de l’État furent transformés en fenêtres et une véritable cheminée fut  installée), un lit spécial fut réalisé (la grande taille du Général),  il a rendu longtemps de fiers services à la Flotte et termina sa  carrière militaire en participant à la Guerre du Golfe. C'est aussi à  bord du Colbert que la dépouille du Maréchal Liautey fut rapatriée en France. 
Une association d'excités bordelais "coulez le Colbert"  attendent son départ pour faire la fête. Les imbéciles. Ils ne  comprennent pas grand chose. Certes aujourd'hui le bateau est en très  mauvais état. Il est moins visité du coup. Et il gêne la vue  des riverains qui oublient qu'autrefois tous se plaignaient de la  présence des cargos et des grues qui faisaient beaucoup de bruit. J'ai  même entendu dire qu'il cachait la vue... Pour ceux qui ne connaissent  pas Bordeaux, en face ce n'est pas la Giudecca ni San Giorgio, c'est une  friche industrielle d'une laideur absolue avec quelques usines encore  en activité. Avoir ce bateau sous ses fenêtres moi cela ne me  dérangerait pas; c'est comme si le vent du large venait souffler  derrière les vitres. J'espère qu'il sera simplement déplacé et confié à  une organisation capable de l'entretenir et de l'animer... Je fais  partie de ceux qui le regretteraient à cause du "Vive le Québec Libre" hurlé par le général à la tribune, 
et  parce que loin de n'être qu'un symbole guerrier, il est la marque d'une  époque où la présence française était toujours ressentie comme  rassurante, forte et apaisante.
J'ai  raconté en son temps dans je ne sais plus quel périodique cette soirée.  Il mouillait au large à l'époque. Sa beauté était saisissante ;  rutilant, abordant le grand pavois avec San Giorgio auréolé d'un superbe coucher de soleil à sa droite et le Lido dont les réverbères allumés donnaient une image irréelle de scène de théâtre...
La musique, le décor (il  y avait ce soir là je l'ai dit, un coucher de soleil des plus  majestueux et le spectacle des vedettes amenant les invités, les  sifflets incessants pour les accueillir, les marins en grande tenue et  dans un garde à vous impeccable, les jeunes filles ravissantes dans  leurs robes fleuries). 