La jeune association des Musiciens du Chapeau Rouge que j'ai la joie de conseiller et que j'espère bien amener bientôt à Venise, née de la rencontre d'un jeune claveciniste élève du Conservatoire de Bordeaux et d'amateurs passionnés de musique baroque, recevait pour son deuxième concert, le claveciniste Olivier Baumont, dans le charmant (et un peu décati) foyer rouge du Grand Théatre. Un moment de paradis. un de ces moments rares où le public et l'artiste sont dans une fusion totale.En parfaite harmonie.
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Elève d'Huguette Dreyfus et de Kenneth Gilbert, aujourd'hui professeur au Conservatoire National de Paris, Olivier Baumont est à quarante cinq ans, l'un des plus grands clavecinistes actuels. Grand pédagogue - tous ceux qui sont passés par sa classe en témoignent, souvent invité dans les meilleurs festivals un peu partout dans le monde, il était l'hôte ce soir de cette jeune association. Un public hélas clairsemé ( il y avait plusieurs concerts aujourd'hui à Bordeaux) à l'occasion de sa venue au C.N.R. où il animera demain et samedi, une Classe de Maître, autour d'un somptueux clavecin français, copie flambant neuve d'un instrument anonyme de 1667 conservé à Boston et que vient de réaliser Guillaume Rebinguet-Sudre, facteur de clavecin bordelais. Un programme de musique française des XVIIe et XVIIIe siècle, en parfaite adéquation avec l'instrument, les lieux et le goût du public qui s'était déplacé malgré la pluie.
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Peu de monde certes mais des gens passionnés, attentifs. Atmosphère joyeuse loin de toute compassion, dans ce vaste hall de notre bel opéra. Le grand escalier, le salon de droite : le foyer rouge (ainsi dénommé car situé du côté du Cours du Chapeau Rouge, magnifique rue devenue depuis peu une sorte de mall tout à fait dans l'esprit des Intendants qui ont fait la magnificence de notre ville sous Louis XV et Louis XVI.
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Avec un peu de retard, l'artiste a fait son entrée. Il a salué, et très à l'aise, le sourire aux lèvres, nous a présenté son programme. Ses explications, simples, limpides mais profondes et très documentées permirent aux plus jeunes de rentrer très vite dans ces pièces parfois un peu inattendues : Chambonnières, grand mélodiste, raffiné et profond, peu joué et pratiquement pas enregistré, avec cette merveilleuse chaconne qui sera rejouée au deuxième rappel, Louis Couperin, le plus bref de cette dynastie de musiciens, mais l'un des plus inventifs. Après l'entracte, d'Anglebert avec notamment l'allemande et la courante du vieux Gautier, puis Rameau avec la suite en la mineur de 1706 avec cette Vénitienne qui donne envie de chanter et de danser !
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Programme très cohérent donc où le public s'est installé, recueilli et à l'aise. Etait-ce le lieu, le nombre de participants, mais il émanait de ce salon, pendant toute la durée du concert, et même à l'entracte, une atmosphère de connivence, de passion tranquille que le jeu d'Olivier Baumont a peu à peu transcendé, déclenchant après la dernière note du menuet de Rameau, une salve d'applaudissements. Cet enthousiasme ne se démentit pas après le bis, une pièce de Jacques Duphy, mort à Paris le lendemain de la prise de la Bastille.
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Dans un entretien, Olivier Baumont disait que pour qu'un concert soit réussi il fallait "la réunion de trois éléments : un répertoire, un interprète, le public. Il est réussi quand s’opère une vraie adéquation, quand l’interprète est parvenu à convaincre, à émouvoir le public par le répertoire. Je dirais qu’il faut que chacun, dans le binôme interprète/public, fasse un chemin au cours du concert : pour l’interprète, celui d’amener le public à une qualité d’émotion particulière ; pour le public celui d’une certaine concentration pour parvenir à cette émotion vécue comme un dialogue. Je trouve que le concert est plus une rencontre qu’une prestation soliste sur scène face aux gens. Penser cela m’ôte le trac ; J’aime aussi l’idée qu’un concert offre l’occasion d’inviter des amis et de se parler entre nous pendant une heure". C'est bien cela qu'il nous a été donné de vivre ce soir.
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Pour finir et parce que je cherche toujours le lien avec Venise, Olivier Baumont est l'auteur du très beau Vivaldi de la collection Gallimard Jeunesse, livre image avec CD !
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Comme Gustav Leonhardt qui dit qu’il existe deux belles façons de transmettre la musique : le concert et l’enseignement, notre illustre invité donnera samedi un master class et une conférence sur la musique française. Guillaume Rebinguet présentera quant à lui son clavecin. Conférences et master-class à l'Atelier du CNR. de 10 à 18 heures. Entrée Libre.